Sergio Marchionne, l'italo-canadien qui a pris le pari de sauver Chrysler, vient d'acheter un condo en banlieue de Detroit, rapporte le quotidien Detroit News.

Qu'il le veuille ou non, le grand patron de Fiat et de sa nouvelle filiale Chrysler devient un notable en vue à Detroit. C'est très bien comme ça, et même indispensable, dit-on là-bas.

M. Marchionne garde sa maison près de Turin, où il continue de diriger aussi le constructeur italien Fiat.

Fiat a acquis en juin dernier le contrôle de Chrysler, alors que cette dernière était sous la protection de la Loi sur les faillites. M. Marchionne fera la navette entre Detroit et Turin. Mais durant les prochains mois, il devrait passer beaucoup de temps de ce côté-ci de l'Atlantique, où les problèmes de Chrysler et son intégration à Fiat requièrent beaucoup d'attention.

La transaction immobilière on ne peut plus banale de M. Marchionne, revêt à Detroit une importance particulière, compte tenu des attitudes du Midwest. Et surtout, compte tenu des habitudes de vie du précédent président de Chrysler, Bob Nardelli.



L'ancien patron, lui, n'a jamais pris racine


Les gens du Midwest ont des sensibilités communautaires très poussées. Ils en ont toujours voulu à M. Nardelli de ne s'être jamais installé à Detroit, après avoir été nommé président de Chrysler par le fond privé Cerberus Capital Management en 2007.

«Nardelli descendait à l'hôtel Townsend durant la semaine de travail - sur le bras de Chrysler - et avait un accès illimité au jet d'affaires de la compagnie pour retourner chez lui à Atlanta durant les week-ends, ou pour aller visiter son fils à Los Angeles», persifle le Detroit News. «Malgré ses promesses répétées d'acheter une maison ici, il n'est jamais devenu propriétaire d'une résidence à Detroit», ajoute le journal.

M. Nardelli a démissionné de Chrysler après la déclaration d'insolvabilité et la restructuration de Chrysler, puis l'alliance avec Fiat le 10 juin.

David Cole, professeur de gestion et président du Center for Automotive Research de l'Université de Ann Arbour, affirme que M. Marchionne fait bien de s'installer à Detroit. Pour faire ce qu'il a à faire avec Chrysler, «il doit être visible», affirme M. Cole, qui a lui-même des racines profondes dans la région et l'industrie: son père, Ed Cole, a été président de GM.



Un notable et (presque) un gars de la place


Qu'il le veuille ou non, M. Marchionne vient de devenir un notable à Detroit. «S'il veut être le PDG de la compagnie, il doit être en ville», dit M. Cole, qui écorche un peu le prédécesseur de M. Marchionne.

Selon M. Cole, Nardelli était là en passant, avec un mandat très limité de ses patrons chez Cerberus, une firme qui n'investit pas à long terme: «Il était juste là pour surveiller l'argent de Cerberus. Marchionne est là pour diriger la compagnie», affirme-t-il.

La famille du nouveau patron restera en Italie, mais M. Marchionne n'est pas le genre de type qui travaille dans une ville du lundi au vendredi et qui se pousse chez lui à tous les week-ends, affirme le porte-parole de Fiat Gualberto Ranieri (qui a aussi acheté une maison dans la région, note avec approbation le quotidien de Detroit).

«Il a grandi dans cette partie du monde», note Ranieri, faisant allusion au fait que M. Marchionne a émigré avec ses parents de l'Italie à Toronto quand il était enfant. Il continue de visiter sa mère, qui vit toujours à Toronto, à cinq heures de route de Detroit.

Le Detroit News rappelle que le nouveau patron de Chrysler a presque des racines locales, puisqu'il a vécu juste de l'autre côté de la rivière Sainte-Claire et de la frontière canadienne, à Windsor. M. Marchionne a étudié à l'Université de Windsor, quand il était jeune homme.

Cependant, M. Marchionne est décrit comme un «travailcoolique» et personne ne s'attend à le voir s'impliquer beaucoup dans la vie mondaine de Detroit. Une des raisons pourquoi il ne se pousse pas à la maison en fin de semaine est qu'il travaille aussi la fin de semaine.

Mais le Detroit News note que M. Marchionne est un mélomane passionné et émet l'hypothèse qu'il sera parfois vu à l'orchestre symphonique et à l'opéra.

> Pour lire l'article du Detroit News, cliquez ici.