Le constructeur automobile américain GM, fort d'un processus éclair de faillite qui lui a permis d'assainir ses finances, semble suffisamment confiant dans son renouveau pour vouloir conserver sa filiale allemande Opel et maintenir sa présence sur le marché européen.

L'information du Wall Street Journal, lundi soir, n'a pas été confirmée par l'intéressé mais elle s'est répandue comme une traînée de poudre: General Motors cherche à rassembler les financements nécessaires, quelque 4,3 milliards de dollars, pour conserver sa filiale en difficulté. Le projet représente une volte-face totale alors que GM souhaitait depuis des mois se défaire d'Opel, qui a encore perdu 2 milliards d'euros au premier trimestre de 2009.

 

«Personne n'aurait pu imaginer que la direction de GM prenne autant confiance du jour au lendemain, au point de prendre une décision capable de mettre une distance entre les gouvernements américain et allemand», s'étonne Douglas McIntyre, analyste du site 247WallStreet.

 

Ces dernières semaines, GM était en contact rapproché avec Berlin pour trouver un consensus sur l'un des deux repreneurs possibles: l'équipementier automobile canadien Magna ou le fonds belge RHJ. Mais GM, dont la sortie de faillite en juillet a été perçue par plusieurs observateurs comme sa dernière chance de rester un acteur majeur dans cette industrie, a refusé de trancher.

 

L'importance du marché européen

 

Face à ce blocage, une réunion au sommet s'est tenue mardi à Berlin entre responsables gouvernementaux et de GM. Une source proche de Berlin, ouvertement favorable à un rachat d'Opel par Magna, a affirmé à l'AFP que GM «cherchait toujours un investisseur» en vue d'une reprise du constructeur allemand. Prenant néanmoins le scénario d'un Opel aux mains de GM très au sérieux, Diane Swonk, analyste automobile chez Mesirow Financial, souligne que «c'est un changement d'orientation fondamental: GM a envie de rester un acteur au niveau mondial. Et il a besoin du marché européen».

 

Au premier semestre, l'international a représenté 72% des 1,94 million de véhicules vendus par GM. L'Europe, avec 472 000 unités vendues, est le deuxième marché étranger, derrière l'Asie (534 000). 

«Depuis sa sortie de faillite, GM n'est plus le groupe au bord du démantèlement que l'on connaissait», poursuit Mme Swonk. L'ancien leader mondial de l'automobile a vu ses capacités réduites d'un tiers environ, a été débarrassé de l'essentiel de sa dette, et a reçu de nouveaux financements publics. S'ajoute le succès de l'incitation du gouvernement américain à l'achat de nouveaux véhicules lancée en juillet, qui a conduit GM à relever ses objectifs de production pour le reste de l'année.

 

«Il n'aura pas fallu longtemps (à la direction) pour comprendre qu'une amélioration du marché automobile aux États-Unis, ajouté à la force de GM en Chine et en Amérique latine, donnent au groupe les moyens de conserver ses importantes activités en Europe et d'en tirer un retour sur investissement substantiel lorsque ce marché reprendra», commente Douglas McIntyre.

 

Cela ne résout pas pour autant la question des financements nécessaires à GM, la piste d'une nouvelle aide fédérale semblant peu probable. Certains observateurs sont toutefois confiants dans la capacité de GM de rassembler ces 4,3 milliards de dollars sur les marchés du crédit.

 

Cependant Grégory Volochine, analyste des marchés financiers chez Meeschaert New York, reste réservé, car, souligne-t-il, le crédit «se limite aux entreprises qui affichent un profil solide», or GM a cumulé 90 milliards de pertes nette depuis 2005.

Photo AFP

Une voiture Opel est passé devant des journalistes qui attendaient la conclusion de la rencontre entre des responsables du gouvernement allemand et des négociateurs de GM.