Ce n'est un secret pour personne: les ventes de voitures neuves au Canada ont grandement souffert des problèmes économiques de nos voisins du Sud. Stephen Beatty, gestionnaire principal de Toyota Canada, ne l'a pas nié lors d'une rencontre informelle de la presse spécialisée et des membres de l'équipe du constructeur à Montréal, la semaine dernière.

Même s'il a reconnu que Toyota Canada avait fait mieux que ses concurrents américains, toutes proportions gardées, M. Beatty ne croit pas que l'industrie automobile soit au bout de ses peines. Selon lui, ce sont surtout les exigences énergétiques et environnementales de 2016 du président Barack Obama qui inquiètent les constructeurs, surtout qu'elles ne semblent pas encore complètement définies. Pire encore, les détails en ce qui a trait au Canada ne sont pas encore connus.

 

Toyota semble avoir une longueur d'avance sur le reste de l'industrie grâce à ses travaux sur la configuration hybride électrique, dont la Prius est la figure de proue. Pourtant, selon M. Beatty, la Prius n'est plus la voiture hybride de Toyota qui se vend le plus au Canada; c'est plutôt la Camry Hybrid. Il attribue cela au fait que la Camry Hybrid propose beaucoup d'espace et plusieurs accessoires de luxe, tout en offrant une consommation plus que raisonnable. Et c'est sans compter la réputation de fiabilité de la Camry.

 

Des multisegments

 

Interrogé sur ce qu'il voyait dans sa boule de cristal, M. Beatty a expliqué qu'au Canada, c'est le marché de la sous-compacte qui a le plus souffert de la situation économique actuelle; Toyota construit sa Yaris au Japon et la hausse du yen en a fait grimper le prix plus que prévu. De plus, les ventes de sous-compactes ont fléchi, car les consommateurs considèrent ces autos comme un achat secondaire, une deuxième voiture, donc une dépense supplémentaire évitable.

 

D'autre part, Toyota Canada a constaté un retour des camionnettes et des VUS, tout simplement parce qu'ils représentent une bonne affaire aux yeux des consommateurs avec la baisse des prix et de l'essence.

 

M. Beatty croit que ce sont les véhicules multisegments qui prendront la plus grande part du marché.

 

Allier technologie et émotions

 

Constatant que la Prius attire beaucoup l'attention, il reste, selon le directeur de Toyota, à intéresser les mordus de mécanique à ce type d'auto. "Le plus difficile, a-t-il dit, c'est d'allier la passion des mordus de la mécanique à celle des mordus de la technologie qui sont plus intéressés par les caractéristiques électroniques de l'auto. Comment satisfaire l'un et l'autre dans une salle d'exposition? Heureusement, les nouveaux produits excitent encore beaucoup de consommateurs."

 

Bye-bye diesel?

 

Le dirigeant canadien de Toyota ne voit pas d'avenir au moteur diesel en Amérique, et ce n'est pas nécessairement parce que Toyota se dirige vers la technologie hybride. "Ce sont surtout les nouvelles réglementations en matière de consommation et de pollution qui rendront le diesel difficile à considérer. Je pense entre autres à l'urée qu'il faudra ajouter régulièrement. Je crois plutôt que le diesel demeurera l'apanage des véhicules commerciaux."

 

L'avenir

 

L'avenir justement se conjuguera avec l'arrivée de la voiture sport que Toyota prépare avec Subaru, et surtout avec l'arrivée de la gamme Scion au Canada, peut-être au début de l'an prochain.

 

Selon M. Beatty, il ne faut pas capitaliser sur les actuelles restructurations de l'industrie. Il faut plutôt travailler en vue des exigences de 2016. Pour le moment, il faut vendre des véhicules pratiques. Par conséquent, il faut s'attendre à voir apparaître de nouvelles technologies de compensation, comme le calage variable des soupapes, la désactivation des cylindres, l'injection directe et ainsi de suite. "Dans le passé, on croyait que rapetisser les voitures allait économiser le carburant. Mais ce ne fut pas la solution. Maintenant, il faut tout repenser, il faut tout améliorer", a-t-il conclu.