La vente d'Opel par GM semble plus que jamais se diriger vers un bras de fer entre la firme de Detroit, d'une part, et les gouvernements et syndicats allemands.

L'offre faite par le manufacturier canadien Magna International pour la filiale allemande de GM, Opel, comporte des obstacles importants, affirme General Motors. Et GM ajoute qu'il lui serait plus facile de céder le contrôle d'Opel au fonds d'investissement privé belge RHJ.

 

C'est ce que rapportent divers médias européens et américains.

 

Magna et RHJ ont déposé des offres concurrentes en vue d'acquérir jusqu'à 65% des actions d'Opel, une filiale déficitaire que GM est forcée de vendre. Les négociations sont très avancées et ont atteint une phase critique.

 

Cette critique très directe de l'offre de Magna a été faite sur le site internet de GM Europe par John Smith, le négociateur principal de GM dans ce dossier complexe et très politisé. L'offre de Magna «comporte des éléments concernant la propriété intellectuelle (le droit d'utiliser la technologie d'Opel) et nos opérations en Russie qu'il serait tout simplement impossible à mettre en application», écrit-il, une allusion au fait que le partenaire financier de Magna, la banque russe Sberbank céderait rapidement sa part à un constructeur automobile russe.

 

En outre, «GM a des partenaires d'autres parties du monde qui sont co-propriétaires de ces actifs... nous ne pourrions tout simplement pas réaliser cette transaction telle que présentée» par Magna, ajoute M. Smith.

 

Par contraste, il décrit l'offre concurrente de RHJ comme «une structure bien plus simple, plus facile à réaliser».

L'offre de RHJ requiert moins d'aide financière gouvernementale et laisserait intacts les alliances de GM partout au monde. «C'est une option viable et raisonnable, qui mérite considération tandis que nous continuons à négocier les enjeux difficiles de la proposition de Magna», écrit le négociateur de GM.

 

GM ne concède aucune préférence à RJH et continue de négocier aussi avec Magna pour formuler une offre viable, «le plus tôt possible».

 

Le plan de Magna est de développer agressivement la marque Opel en Russie, où Magna a une alliance industrielle avec GAZ, le 2e constructeur automobile russe. Sberbank est aussi le banquier de GAZ.

 

Cela pose un problème à GM, car sa filiale Chevrolet est la marque étrangère la plus populaire en Russie. GM n'a pas intérêt à voir les technologies qu'elle a développées dans Opel renforcer un concurrent.

 

GM, qui vient de se restructurer devant un tribunal de faillite aux États-Unis, doit vendre le contrôle Opel (et sa jumelle anglaise Vauxhall) parce qu'elles sont déficitaires. GM veut garder 35 % d'Opel.

 

Les gouvernements fédéral et provinciaux allemands, comme les les syndicats allemands, ont déjà clairement exprimé leur préférence pour Magna. Le gouvernement fédéral, à qui les deux soumissionnaires demandent des aides financières, est un partenaire incontournable dans la négociation. Les gouvernements allemdands ont dans sa manche un financement d'urgence de 1,5 milliard d'euros (2,3 milliards de dollars CAN), déjà engagé pour soutenir Opel en attendant la vente, puis des garanties de prêts pour l'acheteur.

 

Et certains politiciens allemands ont déclaré publiquement que l'Allemagne a de facto un droit de véto sur la transaction. Un des premiers ministres provinciaux impliqués a carrément affirmé que si le holding belge RHJ l'emportait, il devrait se passer de toute garantie de prêt.

 

Le critère principal des syndicats est un acheteur qui coupe le moins possible de postes, ce qui semble favoriser Magna. Et des élections soient prévues pour l'automne confèrent aux syndicats une influence encore plus importante sur le gouvernement.

 

Si GM et le gouvernement allemand étaient incapables de s'entendre, le rôle d'«arbitre» incomberait naturellement à la Fiducie Opel, une coquille juridique créée à la hâte au printemps par l'État allemand, afin de protéger les actifs d'Opel de la faillite américaine de GM. En échange des 1,5 million d'euros fournis par le gouvernement allemand pour mettre Opel sur le respirateur artificiel, GM a versé 65% des actions d'Opel dans cette fiducie.

 

Ce simple réceptacle temporaire d'actions n'a jamais été conçu pour arbitrer un bras de fer entre GM, le gouvernement allemand et les syndicats les plus puissants au monde, mais il se peut très bien que l'impasse se dénoue là quand même.

 

- Sources: Reuters, Bloomberg, Automotive News Europe

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