Quand une crise majeure vient secouer un système, les pièces non brisées ne retombent pas toujours à l'endroit où elles se trouvaient avant.

C'est ce qu'il faut garder en tête en observant comment Toyota et Volkswagen vont se retrouver après la crise qui vient de mettre un terme au règne de General Motors au sommet de l'industrie automobile mondiale.

 

En 2008, le groupe Volkswagen, numéro trois mondial, s'est rapproché du nouveau champion mondial, Toyota; Volks a augmenté ses ventes et sa production. À la fin de 2009, Volks, premier constructeur d'Europe, aura presque certainement dépassé General Motors au 2e rang mondial. Il devrait aussi réduire l'écart qui le sépare de Toyota et du premier rang.

C'est la prédiction faite récemment par le magazine Automotive News Europe.

L'objectif de Volks n'est pas un secret. Le grand patron Martin Winterkorn, a déjà affiché son ambition de voir le géant allemand au sommet mondial des unités vendues dès 2018. Il pourra se consacrer à cette tâche à temps complet, maintenant qu'il peut cesser de penser à Porsche (Volks vient d'avaler le petit fabricant de voitures-sport, mais la bouchée était dure à mastiquer, il a fallu quatre ans).

En 2008, Volks a fait des progrès et grugé une partie de l'avance de Toyota, augmentant ses ventes mondiales de 1,3 % (à 6 271 724 véhicules) et sa production totale de 2,1 % (à 6 346 515 unités). Toyota, par contraste, a subi une baisse de 4,2 % de ses ventes (à 8 972 000 unités) et de 2,9 % de sa production (à 9 225 000 unités).

Les analystes d'Automotive News notent la même tendance depuis cinq ans: depuis 2004, les ventes de Volks ont grimpé de 23,5% (1,19 million d'unités de plus). Toyota aussi a progressé, mais de 19,5% (1,25 millions d'unités de plus). La production de Volks est en hausse de 24,6 % sur la même période, tandis que celle de Toyota est en hausse de 22,2%.

Renault grimpe, GM et Chrysler glissent

Chrysler, No. 9 en 2007, a été relégué au 13e rang en 2008. Ses ventes ont chuté de 24,9 % (à 2 010 800 unités). Cela a permis à Renault de se hisser dans le top-10 mondial, au 10e rang, même si ses ventes ont baissé de «seulement» 4,1 % (à 2 382 230 unités).

L'année 2009 aussi sera une année-charnière, mais pour General Motors: à la fin de l'année, elle aura perdu les ventes de Saturn, Hummer, Pontiac et Saab. Ces trois marques ont vendu 720 550 véhicules en 2008. Certains clients de Pontiac et Saturn pourraient rester fidèles à GM, mais combien?

Plus important encore, les statistiques de GM devraient être amputées des ventes d'Opel (et de sa division anglaise Vauxhall), qui sont comptabilisées dans les ventes mondiales de GM tant que ces deux marques européennes sont ses filiales. Mais dès que GM se sera délestée d'Opel (une transaction semble imminente), cela cessera d'être le cas.

En effet, GM veut ne conserver que 35% ou 40% des actions d'Opel SA, ce qui ferait fondre les statistiques de GM de 1,5 millions de véhicules. Avec la disparition des ventes d'Opel, Vauxhall, Saturn, Hummer, Pontiac et Saab, GM se retrouvera au 4e rang, derrière Volkswagen et même Ford, prédit Automotive News Europe.

Fiat-Chrysler et Renault-Nissan

Tout ce brassage pourrait avoir un impact sur l'Italien Fiat, qui a apparemment échoué dans sa tentative d'acheter Opel, mais qui a réussi à prendre le contrôle de Chrysler, avec 20% de actions du n°3 américain.

Tant que la participation de Fiat demeure minoritaire, les ventes des deux firmes continuent d'être comptabilisées séparément, tout comme le sont celles de Renault et de son allié japonais Nissan. Mais cela pourrait changer, car il n'est pas exclu que Fiat acquière plus de 50% de Chrysler un jour.

Ce n'est pas pour demain, mais si les ventes mondiales de Fiat et de Chrysler avaient été celles d'une seule firme, elles l'auraient mise au 5e rang en revenus. (Renault et Nissan seraient au 4e rang s'ils étaient fusionnés au lieu d'être de simples partenaires).

Gardez un oeil sur Hyundai

Mais dans ce jeu de cartes, il y a une carte frimée: Hyundai.

Car même en tenant de toutes les amputations et fusions passées ou possibles, c'est le consommateur qui décide du classement mondial. Et tandis que les ventes baissaient chez six constructeurs du top-10 en 2008, elles ont grimpé de 5% (une progression astronomique) chez le sud-coréen Hyundai (à 4 157 904 unités).

Ce gain, combiné avec la glissade de 10,8% de Ford en 2008 (à 5,3 millions d'unités), fait que Hyundai a réduit l'écart qui sépare les deux constructeurs, (il était de 2 millions de véhicules, il fondu à 1,2 million d'unités).

Ford semble avoir inversé la tendance baissière depuis peu, en 2009, probablement aux dépens de GM et de Chrysler.

La hausse de 5 % de Hyundai en 2008 est la plus forte du top-10. La hausse de 1,3 % de Volkswagen est la deuxième.

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