Le constructeur automobile suédois Saab doit quitter avant octobre le giron du géant américain General Motors pour celui de son élitiste concurrent national Koenigsegg, une vente annoncée mardi comme une bouée de sauvetage pour le fabricant noyé dans les difficultés financières.

GM, qui détenait totalement Saab Automobile depuis 2000, a officialisé par communiqué un accord préliminaire par lequel il vend sa marque haut de gamme au fabricant suédois d'automobiles sportives de luxe Koenigsegg. Le montant et les modalités de la transaction, qui doit se concrétiser «à la fin du troisième trimestre», ne sont pas précisés.

L'accord «assure l'avenir de Saab», affirme néanmoins le communiqué, d'autant qu'il inclut un prêt de 600 millions de dollars de la Banque européenne d'investissement (BEI) garanti par le gouvernement suédois.

«L'annonce de ce jour (mardi) est une grande nouvelle pour les clients, les revendeurs, les sous-traitants et les employés, actuels et à venir (de Saab) de par le monde», s'est félicité le directeur général de Saab Automobile AB, Jan Aake Jonsson.

Aux termes de l'accord signé, «une aide supplémentaire sera apportée par GM et Koenigsegg Groupe AB pour financer les opérations de Saab ainsi que ses programmes d'investissement» pour de nouveaux modèles qui sont actuellement dans la dernière phase de développement.

GM a ainsi précisé que «Saab compte produire la nouvelle génération de sa 9-5 dans ses usines de Trollhättan», fief historique de la marque dans le sud-ouest de la Suède.

Le constructeur, qui emploie 3400 personnes à Trollhättan, a subi une perte nette de 3 milliards de couronnes (270 millions d'euros) en 2008. Il a représenté seulement 1,1% des ventes mondiales de GM l'an passé en échouant sous la barre des 100 000 véhicules vendus, soit son niveau de production de 1990.

L'accord annoncé doit permettre d'«optimiser le potentiel de la marque» tout en lui conservant un «caractère suédois bien affirmé».

Des doutes

La ministre suédoise de l'Entreprise, Maud Olofsson, a salué une annonce «que les employés de la société, la ville de Trollhättan, la région de Västra Götaland et le gouvernement attendaient tous depuis longtemps». Pourtant, des commentateurs ont mis en doute la capacité du petit Koenigsegg à porter sur ses épaules d'un point de vue financier, industriel et technologique, un constructeur comme Saab.

Fondé en 1994, Koenigsegg n'a sorti qu'une vingtaine de véhicules en 2008, à plus d'un million d'euros chacun. Basé dans le sud de la Suède, ce petit constructeur emploie seulement 45 personnes et est détenu à 49% par la société d'un magnat norvégien de la finance, Baard Eker.

Avant l'annonce de la transaction, M. Eker a assuré que «plusieurs investisseurs», qu'il a refusé de nommer, le soutenaient dans sa tentative de rachat de Saab.

Reste que chez les syndicats, on veut faire preuve d'optimisme sans parvenir à cacher une certaine angoisse. Ce changement de propriétaire, «peut-être que c'est ce dont on avait besoin pour exploiter les ressources cachées de Saab», estime le chef du syndicat IF Metall, Stefan Löfvén.

«Nous avons toujours dit que nous voulions un repreneur qui voulait et qui pouvait développer Saab en Suède, tant pour la recherche et le développement que pour la production» des véhicules, a-t-il ajouté.