Il y a 10 ans, qui aurait parié que près de 2 millions de Prius sillonneraient les routes de la planète en 2009? C'est pourtant la gageure remportée par Toyota avec la technologie hybride (mi-essence, mi-électricité), un filon qu'il entend exploiter comme en fait foi l'avènement d'une autre Prius, la troisième du nom.

On ne trouve pas la Prius que dans les parcs de voitures gouvernementales ou d'entreprises qui cherchent à afficher leur souci de l'environnement, mais aussi dans les stationnements résidentiels. En tout, quelque 14 000 Prius circulent au Canada depuis sa mise en vente en 2000. Ce petit nombre est sans doute dû à son prix. Certes, la Prius est écologiquement correcte. Mais à près de 30 000$, aussi bien équipée soit-elle, la première génération de ce véhicule coûtait plusieurs milliers de dollars de plus qu'une compacte.

 

Il reste qu'évoquer la «voiture propre de demain», c'est un peu comme parler d'une alimentation saine: tout le monde admet qu'elle est nécessaire à notre bien-être, mais c'est la raison qui parle ainsi. Le coeur, lui, réagit à d'autres sollicitations: Aston-Martin, Ferrari, foie gras, sauce béarnaise, il y a des mots qui rallument instantanément les prunelles ou activent les glandes salivaires.

C'est pourquoi la direction Toyota passe en vitesse supérieure et tente de rendre l'offre plus attrayante encore. Le constructeur japonais soutient que sa plus récente réalisation comporte suffisamment d'innovations liées à des systèmes essentiels de performance et de sécurité, aussi bien qu'à des équipements de confort et de commodité pour ajouter 1000 brevets à sa fiche que l'on devine déjà bien remplie.

 

Photo Éric LeFrançois, Collaboration Spéciale

Panneaux solaires intégrés

Parmi ces innovations, mentionnons notamment la première application, moyennant supplément, d'un toit transparent avec panneaux solaires intégrés pour seconder le système de climatisation entièrement électrique, d'un dispositif permettant au véhicule de se garer sans assistance (ou presque). Ou encore l'utilisation massive de plastiques carboneutre (mousse des sièges, garnitures, etc.), qui émettent moins de CO2 pendant leur cycle de vie (de la production à la mise au rebut) que les plastiques à base de pétrole. Bref, la Prius fait le plein de nouvelles technologies, mais celles-ci s'annoncent hélas coûteuses et certaines même carrément inutiles pour les consommateurs d'ici. Par chance, vous avez le loisir de choisir. En effet, le catalogue de la Prius comporte quatre groupes optionnels pour enrichir ou non son contenu technologique. Notre suggestion: tenez-vous-en à l'essentiel.Plus longue (15 mm) et plus large (20 mm), cette nouvelle Prius conserve néanmoins le style triangulaire et les cinq portes de la génération précédente, ce qui lui donne nécessairement un air de déjà-vu.

 

À bord, on apprécie l'habitabilité, la clarté, le silence, le confort général et sa plus grande polyvalence. Dans ce domaine, la Prius a fait un prodigieux bond en avant, surtout pour les occupants des places arrière, qui peuvent dorénavant compter sur une meilleure garde au toit. Le hayon s'ouvre sur une surface de chargement toujours aussi facile d'accès et modulable que par le passé, mais plus vaste cependant.

L'écran tactile posé au centre du tableau de bord demeure fidèle au poste et permet non seulement de surveiller le sens de circulation des énergies, mais aussi, entre autres choses, de syntoniser une nouvelle chaîne radio, de régler la soufflerie du ventilateur ou de lire les informations dans la langue de son choix. C'est moderne, d'accord, mais pas plus ergonomique qu'il faut, dans la mesure où l'écran à cristaux liquides est parfois difficile à consulter quand Galarneau brille de tous ses feux. En revanche, on apprécie la présence d'un levier de vitesse classique monté sur une console, même si cet aménagement a sans doute privé son concepteur de dessiner un plus grand nombre de rangements.

Gain de puissance et consommation moindre

Innovante à plus d'un titre, cette nouvelle Prius s'annonce également plus performante que la précédente. Plus économique à la pompe aussi puisque, selon les premières estimations de ses concepteurs, elle ne consommera en moyenne que 3,8 L/100 km, ce qui correspond à une réduction de 7%. Un gain modeste comparativement à l'augmentation ("22%) de puissance de son moteur à essence, dont la cylindrée passe de 1,5 à 1,8 litre. «Un choix dicté là aussi par l'économie, précise Jean-Paul Farag, consultant Technologie et groupe propulseur de pointe à Toyota Canada, puisque cette mécanique tourne, même à l'effort, à des régimes de rotation moins élevés.»

Parmi les multiples solutions novatrices avancées par cette Prius, mentionnons que son moteur thermique ne comporte plus aucune courroie maintenant que la pompe à eau fonctionne entièrement à l'électricité.

Contre toute attente, cette Prius ne sera pas du type plug-in (littéralement: que l'on branche sur le secteur). Cette technologie sera, dans un premier temps, appliquée à quelque 500 Prius destinés à une clientèle triée sur le volet d'ici l'automne, avant d'être offerte au grand public. Dans la foulée, peut-être assisterons-nous à la mise en service de batteries lithium-ion à la fois plus performantes et plus légères. Pour l'heure, cette Prius de troisième génération adopte la même batterie que la précédente, qui «nous procure entière satisfaction en matière de performances et de fiabilité», conclut le spécialiste de Toyota. Et de prix aussi, puisque son coût de remplacement a fondu de près de 60% au cours des trois dernières années.



Photo Éric LeFrançois, Collaboration Spéciale

�tonnement au départ

Bien que la procédure de départ ait été revue, le démarrage du véhicule provoque toujours le même étonnement chez les passagers d'un jour. On appuie sur le frein et on pousse un bouton. L'écran de bord s'allume. Pas un bruit, pas une vibration. Le pied sur le frein toujours, on manipule l'élégante petite manette bleue pour sélectionner le rapport désiré. Grâce à son moteur électrique, la Prius démarre en silence, en douceur et sans pollution. Quelques dizaines de mètres plus loin, autour de 40 km/h (25 mph), le moteur thermique de 1,8 litre prend le relais et la Prius s'apparente alors davantage à une automobile traditionnelle. L'effet de surprise joue toujours. Et on ne se lasse pas.

Dans sa nouvelle forme, la Prius reprend la même architecture que la Scion Xb (née Yaris) à laquelle est intégrée de série le dispositif de stabilité électronique, baptisé VSC. De série, la plus verte des Toyota chausse des pneus de 15 pouces, mais des 17 pouces sont également offerts sur les livrées les plus cossues.

La souplesse de la suspension rend la Prius confortable et son châssis se révèle plus stable que l'ancien. La prise de roulis demeure toujours relativement importante. La direction est assez précise - un peu lourde cependant avec les pneus de 17 pouces - et son court rayon de braquage permet de garer la Prius facilement. La tenue de cap est moins aléatoire et les corrections du volant beaucoup moins fréquentes que par le passé. On note par ailleurs une meilleure motricité, mais celle-ci est sans doute due en partie à la monte pneumatique plus performante que chaussait notre véhicule d'essai.

La Prius accepte un rythme relativement soutenu avant de glisser du nez ou de balancer un peu trop les fesses. Mais le VSC veille au grain et corrige la situation en un rien de temps. Ça rassure. Mais l'élément le plus amélioré est sans contredit le freinage, beaucoup plus facile à moduler.

Sans être époustouflants, les moteurs, dont l'intervention respective demeure perceptible, permettent de bonnes performances et sont appuyés par une boîte à variation continue (CVT) qui facilite les reprises. Le couple accru du moteur électrique apporte aussi une sensation de poussée franche qui, sur une chaussée dont le coefficient d'adhérence est faible, peut surprendre.

Avec cette troisième génération, Toyota illustre de manière encore plus convaincante l'avance prise sur ses concurrents. Reste à voir si le prix demandé suscitera l'intérêt d'une clientèle qui considère qu'elle peut très bien faire sa part pour l'environnement sans vidée son portefeuille.

Les frais de transport et d'hébergement pour ce reportage ont été payés par Toyota Canada.

Photo Éric LeFrançois, Collaboration Spéciale

Toyota Prius