«...Par ailleurs, fort du succès qu'elle rencontre en Europe, Fiat poursuit ses négociations pour produire et commercialiser la 500 en Amérique du Nord. Si l'on prête foi à la rumeur, le constructeur italien serait en pourparlers avec Chrysler qui ne détesterait pas intégrer la craquante italienne à son portefeuille de modèles.»

Cet extrait d'une nouvelle publiée le 8 août dernier dans les actualités de notre site internet (www.monvolant.ca) prend aujourd'hui un caractère prémonitoire après l'annonce, par le géant italien, d'une prise de participation dans Chrysler.

 

L'intervention de Fiat ne pouvait survenir à meilleur moment. En effet, des trois constructeurs américains, Chrysler demeure, et de loin, le plus fragile et ce, malgré l'octroi par Washington d'un prêt de quatre milliards de dollars le mois dernier. Une somme tout juste suffisante pour mettre au point un modèle et son double. Mais ce sera grâce peut-être à l'assistance de Fiat et au partage de plates-formes et de moteurs que Chrysler pourra survivre.

La Cinquecento (500) pourrait très bien susciter autant sinon davantage d'engouement que la Smart ou la Mini en Amérique. Et que dire des Punto, Stilo et autres Panda, toutes de petites voitures capables d'assurer à Chrysler une présence dans des segments en demande et où il ne fait actuellement pas le poids.

Chrysler possède un réseau de distribution, des usines dans un marché qui, même en perte de vitesse, demeure tout de même l'un des plus importants du monde: les États-Unis. Et Fiat ne cache plus depuis quelques années déjà son envie d'y revenir, même si elle s'y est déjà cassé les dents.

Le «rêve américain» de Fiat permet à Chrysler, la Cendrillon des constructeurs américains, de ne pas voir ses carrosses se transformer en citrouille. Pour l'instant, car d'aucuns se questionnent: Fiat réussira-t-elle là où Daimler (Mercedes) a lamentablement échoué? Pourquoi pas?

Contrairement à Mercedes, Fiat a connu la misère. La grosse misère. Il y a quatre ans à peine, elle-même, se trouvait dans la même situation que «son» nouveau partenaire américain: au bord de la faillite. Elle s'est relevée. Avec l'aide ironiquement de la General Motors qui, à cette époque, avait conclu un accord prévoyant qu'elle devait prendre le contrôle de Fiat en 2005. Mais GM revient sur sa décision et pour se désengager de sa promesse verse à Fiat un dédommagement de plus de deux milliards. Ce pactole, si généreux soit-il, n'explique pas la renaissance du constructeur de Turin, loin de là.

Une (importante) part du crédit revient à son chef de direction, Sergio Marchionne, 56 ans, qui, étrangement, est aussi l'un des nôtres. En effet, à l'âge de 14 ans, le futur numéro 1 de Fiat se trouvait assis derrière le pupitre d'écoles et d'universités ontariennes avant de décrocher un emploi de vérificateur chez Deloitte&Touche... Son parcours professionnel l'amène ensuite vers Genève avant de rejoindre Fiat en 2004. Sous sa direction, le constructeur italien prend rapidement du mieux. Un an seulement après son entrée en fonction, la Fabbrica Italiana Automobili Torino (FIAT) renoue avec les bénéfices.

Contrairement à l'un des ses illustres compatriotes (Lee Iacocca), Sergio Marchionne n'ambitionne pas de sauver Chrysler à tout prix. Pour lui, il s'agit avant tout d'une occasion d'affaires, au même titre que celle qu'il tente, parallèlement, de conclure avec le groupe PSA (Peugeot Citroën). Même s'il est capable de se laisser tenter par une intuition, le patron de Fiat se fixe toujours des objectifs très précis. Et il a évoqué l'un d'eux le mois dernier dans le cadre d'une conférence: «Dans 10 ans, il n'y aura que cinq ou six constructeurs d'envergure mondiale, capables chacun de produire six millions d'autos par an. Fiat sera un de ceux-là». Avec ou sans Chrysler? Cela reste à voir.