Ne vous attendez pas ici à lire un banc d'essai régulier, encore moins raisonnable. Mais cela, vous vous en doutiez un peu, n'est-ce pas? Avec une consommation de plus de 15 litres aux 100 kilomètres et ce, avec un oeuf posée sous la pédale d'accélérateur, et des émissions polluantes équivalentes à près de 4 Prius, cette sportive britannique a de quoi faire tousser la planète. Il n'en est rien. Enfin presque. D'une part, l'usine chargée de la produire, en produit peu justement et d'autre part, ses utilisateurs ne roulent généralement que les week-ends et encore faut-il qu'ils soient ensoleillés.

Évacuons, si vous le voulez bien, l'autre aspect déraisonnable de ce banc d'essai: le prix. Ou du moins ce que vous croyez être son prix. Ce coupé s'annonce à quelque 140 000$. Ce n'est que le point de départ puisque Aston Martin laisse à sa clientèle le soin de personnaliser - à outrance - sa monture. Vous manquez d'inspiration? Ne vous en faites pas, la marque britannique en a pour deux comme en fait foi son catalogue qui rivalise en épaisseur avec le bottin téléphonique local. Tout y est y consigné, y compris des accessoires pourtant offerts de série sur bon nombre de véhicules moins élitistes comme le régulateur de vitesse ou les phares au Xénon.

 

Mais derrière l'agacement du premier contact, le charme indicible de cette V8 Vantage vous gagne insidieusement. Car s'il est une voiture qui vous change un homme - ou une femme - c'est bien cette Aston et vous le mesurez immanquablement dans le regard de ceux que vous croisez. Voir cette pièce d'orfèvrerie pointer dans les virages est un régal et ce, aussi bien pour les rétines que les oreilles. Alors, imaginez un peu le plaisir ressenti par celui - ou celle - qui la guide dans ces méandres.

Cette année, le moteur V8 de cette anglaise est plus nouveau encore que ne laisse deviner l'inscription 4,7 embossée sur la cime de ses culasses. Sa cylindrée a été accrue, mais les motoristes de la marque anglaise ne se sont heureusement pas arrêtés là pour permettre à cette mécanique de délivrer sans rechigner 430 chevaux, soit 50 de plus que sur le 4,3 litres qui se chargeait jusque là de l'animer. Outre l'alésage et la course, ce 4,7 litres bénéficie également d'un système de lubrification plus performant et de soupapes plus corpulentes. Le couple progresse également pour atteindre désormais 346 livres-pied ("15%) dont 77% sont disponibles dès 1500 tr/mn. Mais la botte secrète de ce propulseur, c'est la boîte robotisée qui l'accompagne. Offerte en option, cette transmission baptisée «Sportshift» permet non seulement d'améliorer les performances globales de l'engin (accélération, reprises et consommation), mais aussi d'adopter une conduite plus coulée en activant le mode «confort». Suffit maintenant de poser le pied sur la pédale de frein (le sélecteur de vitesses ne comporte pas de position stationnaire, en d'autres termes d'une position «Park»), de desserrer le frein d'urgence (ici à votre gauche) et d'enfoncer la clé, une sorte de gros domino en métal chromé et en verre, dans la partie supérieure du tableau de bord pour éveiller la mécanique. Une pichenette sur la pédale d'accélérateur et «Vrooaah». Quelle musique! Pas aussi ténébreuse que le V12, mais suffisamment assourdissante pour vous mettre les poils des avant-bras au garde-à-vous. On enclenche ensuite la première et c'est parti...

Contre toute attente, la V8 Vantage se laisse apprivoiser sans effort. Première impression, en mode «Sport» il ne faut pas se gêner pour faire grimper le moteur dans les tours, pour éviter les à-coups de la boîte à chaque changement de rapports. Certes, il y a le monde «Confort», mais celui-ci est paresseux et enclenche au plus vite les 4 premiers rapports pour ensuite lézarder sur les autres.

Au volant, la V8 Vantage inspire la sérénité et la décontraction ce qui, sur une GT, est le but à atteindre entre tous. Car la performance, nous n'en doutions pas, est bien au rendez-vous. Le 0 à 100 en 5,1 secondes (4,7 selon son constructeur) impose le respect, tout comme sa vitesse de pointe de l'ordre de 280 km/h. Ça pousse fort, mais par chance, le freinage est à la hauteur, sans être toutefois aussi percutant que nous le souhaitions.

Extrêmement dociles à bas régimes et très toniques passés 4000 tr/mn, les 430 chevaux ne demandent pas leur reste pour bondir tout droit dans la zone rouge du compte-tours. L'Aston déploie alors une maestria confondante. Dans ces conditions, la suspension à amortissement piloté extrêmement bien dosée et le système gérant à la fois l'anti-patinage et la stabilité, très intuitif sans être castrateur, nous a épaté. Rarement nous avons pu mener à pareille allure une voiture d'une telle puissance.

Sur un parcours sinueux, l'équilibre des masses, combiné à la précision et au judicieux temps de réponse de la direction ainsi qu'à la qualité des pneumatiques, détermine un comportement sinon agile, du moins complètement sain. Elle ne surprend jamais son conducteur, même s'il doit lever brusquement le pied en plein milieu d'un virage par exemple: la trajectoire est alors à peine modifiée. Évidemment, on ne retrouve pas l'attaque, la vélocité ni l'efficacité d'une sportive à moteur arrière menée à la cravache. En revanche, il n'est nul besoin d'être un expert de la conduite pour tirer un excellent parti de cette voiture.

Se glisser dans cette Aston, c'est pénétrer dans un palace somptueux, tapissé de matériaux aussi précieux que raffinés. La chaude sensation de volupté qui vous envahit quand vous vous installez à bord ne provient pas que de la splendeur des cuirs surpiquée, des moquettes haute laine, de l'élégance des pièces d'aluminium poli ou de la position de conduite naturelle. Comment ne pas tomber sous le charme devant cet habitacle que l'on dirait taillé sur mesure pour soi? D'accord, le tunnel de transmission est envahissant et les commandes ne sont pas toutes intuitives, mais ici le plaisir d'étudier le moindre détail est grand.

Comme sur une Porsche 911 ou encore une BMW de Série 6, les places arrière sont symboliques. Elles ne font que rassurer l'acheteur qui veut conserver la possibilité de places de dépannage. Leur mérite réside plutôt dans la possibilité de les rabattre pour augmenter le volume du coffre au demeurant fort acceptable pour une escapade à deux pour un week-end.

On aime

L'exclusivité de la marque

L'équilibre du châssis

L'aspect très valorisant de la présentation intérieure

On aime moins

La liste interminable d'options

La sécheresse de la boîte séquentielle

Les fautes d'ergonomie

Ce qu'il faut retenir

Prix : 139 535 $

Frais de transport : variables

Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 15,9 L/100 km

Concurrentes : Audi R8, Chevrolet Corvette, Porsche 911

Pour en savoir plus : www.astonmartin.com

Moteur : V8 DACT 4,7 litres

Puissance : 420 ch entre 7000 tr/mn

Couple : 346 lb-pi entre 5750 tr/mn

Poids : 1630 kg

Rapport poids/puissance : 3,88 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 5,01 secondes

Mode : propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série : manuelle six rapports

Transmission optionnelle : séquentielle six rapports

Direction/diamètre de braquage : crémaillère/11.1 mètres

Freins avant/arrière : disque/disque

Pneus : 215/45VR18

Capacité du réservoir de carburant / carburant recommandé : 80 litres/super