Ne boudons pas notre plaisir et encore moins cette «nouvelle» voiture qui assure la pérennité de Saturn dans le segment très compétitif des compactes. Après tout, nouvelle ou pas, les gènes de cette automobile sont de loin supérieurs à la Ion, modèle qui l'a précédée.

En Europe, l'Astra défend les couleurs d'Opel, filiale allemande de General Motors où, dans sa forme actuelle, elle livre une chaude lutte contre la Volkswagen Golf pour le titre de «meilleur vendeur» de la catégorie.

L'Astra existe depuis le printemps 2004, c'est-à-dire bientôt quatre ans. Une éternité si l'on considère le cycle de remplacement de l'industrie.

D'ailleurs, le remplacement de ce modèle est déjà programmé et selon les échos de la presse européenne, la prochaine génération effectuera ses premiers tours de roue d'ici deux ou trois ans tout au plus. C'est donc dire que la présente génération est appelée à connaître une carrière plutôt brève dans sa forme actuelle. Chose certaine, la direction américaine est partante, dit-on, à nous l'offrir et même à la produire sur notre continent.

Pour l'heure, l'Astra qui nous est proposée est assemblée en Europe et, considérant la force de l'euro, on s'étonne de la voir offerte à si bon prix pour une voiture européenne.

Au pays, Saturn habille l'Astra d'une carrosserie à trois ou cinq portes. L'Astra se décline en deux livrées (XE et XR) alors que la Saturn, plus sportive, n'en a qu'une seule (XR). L'équipement est complet, mais le groupement de certaines options fait sans doute la joie du constructeur (coordination de la production) et de ses concessionnaires (inventaire et facilité des commandes), pas celle des consommateurs qui doivent parfois débourser des sommes importantes pour bénéficier de petites douceurs (des baquets chauffants, par exemple).

Les lignes acérées de l'Astra enveloppent une plateforme qui fait sensiblement les mêmes dimensions que la Rabbit. Par rapport à cette dernière, elle est plus longue, mais aussi plus basse et plus étroite, ce qui explique en partie son volume intérieur moindre (57 litres). Et cela se ressent, surtout à l'arrière.

L'habitacle est moderne, bien présenté, mais une impression de confinement s'en dégage. Un peu triste aussi avec sa sellerie en tissu gris souris, malgré la présence d'une plaque vitrée qui coulisse sur pratiquement toute la longueur du toit. Quelques plastiques sentent le bas de gamme, mais dans l'ensemble, l'Astra fait sérieuse et robuste. La large console centrale avec ses appliques anodisées est assez moderne.

 

La position de conduite est facile à trouver, mais l'inclinaison du dossier demeure une opération pénible avec cette petite roulette qui vous glisse entre les doigts. Malgré des sièges peu rembourrés, l'Astra préserve un bon confort d'assise au fil des kilomètres.

Irritants

Plusieurs détails agacent, tels les bacs de portes petits et trop minces et les rangements immédiats quasi inexistants. Le coffre à gants est le seul vrai rangement à bord de l'Astra. Les commandes de climatisation sont placées trop bas (un embêtement avec la boîte manuelle) au pied de la console. Surtout que les fonctions sont mal identifiées. Nous ne sommes jamais trop certains en manipulant les mollettes si la température souhaitée jaillira des buses de ventilation.

Et puis, il y a ces satanées commandes d'essuie-glaces et de changement de direction à impulsion. Voilà un exemple de la fausse bonne idée.

Une autre critique? Pourquoi un seul porte-gobelets? Il y en a deux, c'est vrai, mais le second (dans le rabat du coffre à gants) ne compte pas. Côté coffre, le hayon se déverrouille sur une simple pression des doigts grâce à une commande électrique. Son ouverture est étroite et le seuil de chargement élevé. En revanche, les dossiers arrière se basculent pour augmenter le volume de charge.

Contrairement à la version européenne qui propose pas moins de neuf motorisations, l'Astra nord-américaine ne soulève son capot qu'à une seule mécanique: un quatre-cylindres 1,8 litre à double arbre à cames en tête et calage variable des soupapes. Moderne, il va s'en dire, ce groupe propulseur met cependant la pédale douce côté puissance. Avec 138 chevaux et 125 livres-pied, ce 1,8 litre n'a visiblement pas le physique pour impressionner la concurrence qui, à cylindrée égale, délivre soit un meilleur rendement, soit traîne un poids inférieur.

Sans doute qu'avec la boîte manuelle (de série), il serait possible de tirer un meilleur parti de cette mécanique. À vérifier, puisque pour les fins de cet essai, nous disposions de la boîte automatique qui ne compte que quatre rapports alors que la concurrence, elle, en offre un de plus.

Sous-motorisée?

En certaines occasions, l'Astra paraît, avec sa boîte automatique, sous-motorisée. Les temps d'accélération et de reprises se trouvent sous la moyenne de la catégorie, mais la consommation de ce groupe propulseur se trouve en plein dans le mille. Pas mieux, mais pas pire non plus que ses rivales.

Son châssis parfaitement étudié lui permet de se jouer des virages avec belle assurance, mais sans doute que son équilibre aurait été encore meilleur si ses voies (à l'avant surtout) avaient été plus larges et sa monte pneumatique mieux adaptée aux conditions hivernales. Néanmoins, elle demeure agile, rigoureuse, bien amortie.

De plus, dotée d'une direction incisive, la Saturn taille ses trajectoires avec légèreté et précision, offrant un vrai plaisir de conduite. Toujours équilibrée et surveillée (en option) par un correcteur de stabilité électronique aussi discret qu'efficace dans ses interventions, elle est sécurisante.

Et confortable, avec ses suspensions ni trop souples, ni trop fermes, sauf sur les saignées transversales, où quelques percussions sont ressenties dans la direction. À vrai dire, le comportement de l'Astra s'apparente beaucoup à celui de la Golf (pardon, la Rabbit), sa cible avouée.

Malgré des lacunes en insonorisation, en ergonomie et un coffre aux dimensions un peu juste pour une famille, l'Astra fait une prestation globale convaincante. Un bon choix donc, surtout si elle est comparée à ses rivales, souvent plus chères, pas aussi équipées et moins agiles. Pas mal pour une voiture qui, à proprement dit, n'est pas une nouveauté.