La semaine prochaine:notre match du mois entre le Hummer H3, le Nissan Xterra et le Toyota FJ Cruiser.

À défaut d’avoir intégré un dispositif de désactivation des cylindres, les ingénieurs de Ford ont à tout le moins le mérite d’avoir grandement amélioré le comportement dynamique de ce camion. En effet, le Sport Trac se révèle nettement plus agréable à vivre au quotidien que son prédécesseur. Première bonne nouvelle, les mouvements de suspension sont désormais (mieux) contrôlés. Nul besoin de faire provision de Gravol pour entreprendre un voyage à son bord, Le confort de roulement a grandement progressé, mais ce Ford demeure un camion, un vrai. Il n’a pas le petit côté émasculé de certains de ses concurrents. Sachez aussi que le pignon ne se traîne plus les savates sur la crémaillère et permet désormais des changements de cap plus rapides. Aussi, le diamètre de braquage a été raccourci, ce qui lui permet de faire preuve d’agilité en milieu urbain. Attention cependant: les dimensions de ce véhicule demeurent toujours aussi encombrantes et rendent les incursions en ville parfois bien pénibles. Surtout qu’il n’y a aucun capteur de proximité pour nous aider. Pas même en option.

Quant au freinage, il est bien, sans plus, mĂŞme si les disques (aux quatre roues) sont plus grands.

Ce qu’il faut retenir de cette deuxième mouture du Sport Trac? Qu’il est de loin supérieur à l’original sur les plans du comportement routier et de la sécurité active et passive. Malheureusement, il n’est pas parvenu à pousser plus loin, en matière de polyvalence, un segment qu’il avait pourtant inventé.

Évidemment, le Sport Trac est plus rigide, mais aussi plus large (pour une plus grande stabilité) que le modèle qu’il remplace. Plus sûr aussi puisqu’il adopte une kyrielle de dispositifs de sécurité: coussins (et rideaux) gonflables latéraux, auxquels est jumelé un détecteur qui permettra de les gonfler instantanément si les capteurs enregistrent une inclinaison latérale si importante que le renversement est imminent. À cela s’ajoute un autre dispositif: Advance Trac. Ce dernier a pour mission de prévenir toute perte de maîtrise ou de motricité. Rassurant, considérant le centre de gravité plutôt élevé de ce type de véhicule.

On retrouve également des surprises sous le capot. À commencer par le bon vieux moteur V6 de 4,0 litres toujours au poste. Mais il est désormais possible de lui substituer un V8 de 4,6 litres auquel s’arrime, en exclusivité, une boîte automatique à six rapports. Cette dernière enfile les rapports sans secousse.

Costaud et réputé fiable, ce V8 capable de tracter de lourdes charges s’est toutefois avéré décevant à bas et à moyen régimes. En fait, ce n’est qu’à près de 4000 tr/m qu’il prend réellement son envol. Donc, pour signer de solides performances, il est impératif de lester sa chaussure droite de plomb. Par contre, attendez-vous à vivre une déception à la station-service: ce V8 vide son réservoir d’essence (85 litres) à la vitesse grand V. Avec le V6, vous pouvez espérer une consommation moindre (environ 1 litre de moins aux 100 km), de quoi vous consoler de son manque d’entrain à chaque sollicitation de l’accélérateur.

Tandis que votre chéquier est encore ouvert, aussi bien y aller d’un déboursé supplémentaire pour obtenir des marchepieds latéraux destinés à faciliter l’ascension des passagers à bord (surtout celle des tout-petits). D’ailleurs, au cours de votre escalade, vous remarquerez sans doute que le revêtement du plancher est en caoutchouc... Moins élégant qu’une moquette, j’en conviens, mais infiniment plus pratique, puisque ce revêtement est non seulement lavable (rassurez-vous, le tissu des sièges est imperméable), mais se révèle par ailleurs un isolant de première qualité contre les bruits de la route, ce qui rend l’habitacle du Sport Trac des plus silencieux. De plus, pour obtenir une impénétrable discrétion et un silence absolu, comme dirait Maupassant, les ingénieurs de Ford ont soigné l’acoustique en appliquant de l’isolant à plusieurs endroits dits stratégiques et en utilisant de l’acier feuilleté. Silencieuse, alors? Assurément, mais n’y avait-il pas d’autres solutions que de rogner sur la surface des rétroviseurs (étonnamment minuscules pour un véhicule de cette taille) pour ne pas embarrasser le passage du vent?

Les baquets avant, joliment dessinés (mais toujours dépourvus d’éléments chauffants sur les modèles d’entrée) rendent les longs périples agréables, mais sans plus. La banquette arrière n’est pas mal non plus (l’angle d’ouverture des portières facilite l’accès), et peut accueillir trois personnes sans trop de difficulté. Si la présentation intérieure ne manque pas d’allure, il y a tout lieu cependant de remettre en question l’ergonomie des commandes d’ouverture intérieures des portières, lesquelles sont nichées au sommet des accoudoirs de portes. Et c’est sous ces derniers que vous retrouverez imbriquées les poignées, guère plus accessibles. À revoir.

Plus sûr et plus rigide

L’Explorer Sport Trac repose sur la même architecture technique (modifiée, il va sans dire) que l’Explorer de dernière génération. Ce faisant, les ingénieurs du constructeur américain ont été en mesure de gommer plusieurs irritants du modèle antérieur. À commencer par une suspension arrière au comportement à ce point désordonné qu’elle donnait généralement aux personnes assises à l’arrière le mal des transports. Problème aujourd’hui résolu avec l’adoption d’une suspension arrière entièrement indépendante.

À ses débuts, il y a six ans, le Sport Trac nous était présenté comme le couteau suisse des utilitaires sport. Ou était-ce des camionnettes? Qu’importe. Le Sport Trac avait, nous semblait-il, réponse à tous nos problèmes de transport et donnait naissance à une génération de véhicules multifonctionnels. Aujourd’hui, le Sport Trac fait peau neuve. Que reste-t-il de son pouvoir d’attraction face à une concurrence qui montre de plus en plus les dents?

Au départ, la démarche des concepteurs de l’Explorer Sport Trac était on ne peut plus originale. En effet, contrairement aux Nissan Frontier Crew Cab, Dodge Dakota Quad Cab et autres camionnettes à quatre portières offertes à l’époque, le Sport Trac dérive de l’Explorer, véhicule utilitaire auquel on avait greffé une benne (communément appelée la boîte) pour ajouter, en principe, à sa polyvalence. Pourquoi, en principe? Pour profiter pleinement de ladite benne, il fallait impérativement faire un tour au rayon des accessoires et s’offrir, au coût de 230, une extension tubulaire (un demi-cercle métallique qui pivote sur 180 degrés) pour allonger, en toute sécurité, le plateau de chargement de quelque 150 cm afin d’y loger le traditionnel panneau de contreplaqué de 4x8. C’était vrai hier. Ça l’est encore aujourd’hui.

Même si les dimensions extérieures du Sport Trac ont été accrues, la benne fait toujours figure de boîte à lunch aux yeux des amateurs de camionnettes. En revanche, elle est plus fonctionnelle. Trois coffrets de rangement ont été intégrés dans le plancher, mais ils ne sont pas tous aisément accessibles. Deux d’entre eux l’auraient sans doute été davantage si le battant acceptait aussi de s’ouvrir à l’horizontale, comme c’est le cas du Honda Ridgeline par exemple. Puisque nous sommes toujours à regarder la benne, mentionnons que moyennant 895, il vous sera possible de la couvrir d’un élégant couvercle rigide de manière à soustraire vos effets personnels aux regards indiscrets. J’achète.