Diesel propre

Par ailleurs, tandis que plusieurs autres constructeurs tergiversent encore quant à leur volonté d’adopter le diesel pour leurs produits automobiles, Honda fait le grand saut. D’ici trois ans, le constructeur japonais promet, pour l’Amérique du Nord, un moteur diesel à quatre cylindres inspiré de la technologie diesel à injection directe que le constructeur utilise avec succès en Europe.

Aucune mention n’a toutefois été faite quant à l’éventualité de construire ce moteur diesel en Amérique du Nord.

Rappelons que grâce à une nouvelle réglementation qui devrait entrer en vigueur à l’automne, le diesel vendu à la pompe en Amérique du Nord sera beaucoup moins polluant qu’auparavant, notamment en raison de sa moins grande teneur en soufre.

«D’aucuns croient que le moteur CVCC a été la première véritable percée qui a forcé toute l’industrie à construire des moteurs ayant une meilleure efficacité énergétique», estime Dennis DesRosiers, analyste de l’industrie automobile canadienne. M. DesRosiers croit qu’aujourd’hui, 30 ans plus tard, le phénomène pourrait bien se reproduire.

C’est que le moteur à quatre cylindres que la nouvelle usine d’Alliston produira sera probablement très en avance sur les concurrents. Honda prévoit qu’en améliorant le système de calage électronique des soupapes de la cylindrée, entre autres, elle pourrait réaliser une économie de carburant de 13%, à puissance égale. Cette seule modification ferait passer la consommation de 6,3 L/100 km, en 2005, à 5,7 L/100 km, en 2010.

Honda est aussi devenu le premier constructeur automobile au monde à se fixer des objectifs publics de réduction des émissions de CO2. La cible: abaisser les émissions annuelles de 5% en 2010, par rapport à 2005.

Honda a lancé tout un défi à l’industrie automobile. Le constructeur japonais a annoncé il y a deux semaines la production d’une voiture hybride à propulsion qui remplacera la défunte Insight en 2008. Honda prévoit la même année mettre en marché un moteur diesel conforme aux nouvelles normes environnementales. Pour ce faire au chapitre de l’efficacité énergétique, Honda mise sur une stratégie qu’elle connaît bien.

C’est en fait la même ambition qui avait mené Soichiro Honda à lancer, en 1972, son fameux moteur CVCC (pour Compound Vortex Controlled Combustion). Ce moteur répondait à de nouvelles normes antipollution américaines, très sévères pour l’époque, réduisant de 90% à peu près toutes les formes d’émissions nocives que pouvaient produire les voitures dans les années 60. Des normes qu’à peu près tous les constructeurs jugeaient impossibles à atteindre, d’ailleurs.

Moins de carburant

Honda a également annoncé la construction d’une nouvelle usine à Alliston, en Ontario, qui aura la délicate tâche de construire annuellement 200 000 moteurs à quatre cylindres qui serviront à animer différents véhicules déjà assemblés au pays. Toutes ces nouvelles font partie d’un plan d’ensemble plus vaste, appelé «Vision 2010», avec lequel Honda se donne le mandat de réduire de 5% le niveau de consommation d’essence moyen de sa gamme de véhicules (ce que les Américains appellent le CAFE, ou Corporate Average Fuel Economy), par rapport aux chiffres de 2005. À noter qu’à 8,3 litres au 100 kilomètres en 2005, la consommation moyenne de la gamme Honda était la plus faible parmi tous les constructeurs présents en Amérique du Nord.