Depuis quelques mois, des miniscooters électriques ont fait leur apparition. Ces deux-roues pratiques pourraient avoir un bel avenir à Cuba.

Octavio, lui, fait le taxi pirate dans les rues de Cienfuegos avec une Lada beige vieille de 12 ans. Il ne manque pas de klaxonner les jeunes Cubaines à la moindre occasion, et explique que ses modèles préférés sont ceux que l’on trouve couramment dans l’île. Ce sont des Chevrolet, des Pontiac, des Buick et Cadillac des années 50. Les voitures étrangères neuves ne le font pas rêver. D’une part, Octavio ne sait pas trop à quoi elles peuvent bien ressembler et d’autre part, le quadragénaire estime qu’une automobile neuve importée «vaut au moins 100000» ce qui, avec ses 15 de salaire mensuel, représenterait 555 années de travail, à condition de ne faire aucune dépense! Octavio s’est contenté de rêver en décorant sa voiture avec une peluche de Titi accrochée au rétroviseur intérieur et des couvre-sièges en faux velours rouge.

Les automobilistes cubains sont unanimes: la Lada, avec une consommation de «seulement» 10 litres aux 100 km, est vraiment un modèle économique. À Cuba, la quasi-totalité des voitures date d’avant 1959, date de l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir. Les belles américaines sont toutes là. Elles ne sont plus de la première fraîcheur, mais elles sont encore en bon état pour leur âge, si l’on considère que ce ne sont pas des voitures de collectionneur mais des autos destinées à l’usage de tous les jours.

En matière d’automobile, le pays semble s’être arrêté au moment de la révolution. Cependant, l’embargo américain n’a pas empêché la constitution d’un parc automobile hétéroclite. Selon diverses sources, le nombres d’automobiles anciennes, qui constituent l’essentiel du parc de Cuba, serait de 160000 unités. La Chevrolet Bel Air est encore populaire. La police est équipée de 106 Peugeot ou de Lada. Quelques Citroën Xantia et ZX se faufilent au milieu de bicyclettes chinoises et de side-car soviétiques. Les véhicules sont est-allemands, soviétiques, parfois italiens.

Tout le monde a une voiture de rêve, et c’est presque toujours une auto de luxe. À Cuba, par contre, le rêve est simplement d’avoir une voiture et, lorsqu’on en possède une, de la faire durer le plus longtemps possible.

«Mes voitures préférées? Mais pourquoi cette question? Il n’est pas possible d’acheter autre chose que ce que vous pouvez voir. Vous savez, comme il n’y a pas beaucoup de voitures ici, je pourrais facilement revendre cette Lada qui vient d’avoir 30 ans 7000 ou 8000», déclare Fernando, franchement surpris qu’on lui demande quelles autos le font rêver.

Sa Lada est pourtant dans un état pitoyable. Le maquillage et les couches de peinture successives ne suffisent plus à cacher les ravages du temps.