Les dirigeants de BRP nous avaient bien avertis, hier, au début de cette journée d'essais réservée aux médias: le Spyder est un «roadster», un véhicule qui n'appartient à aucune catégorie existante. Vérifications faites, c'est effectivement le cas.

Les dirigeants de BRP nous avaient bien avertis, hier, au début de cette journée d'essais réservée aux médias: le Spyder est un «roadster», un véhicule qui n'appartient à aucune catégorie existante. Vérifications faites, c'est effectivement le cas.

L'affectation du patron avait de quoi faire des jaloux, j'avoue. Essai routier du Spyder entre Valcourt et Sanair, sur de bucoliques routes de campagne, puis essai en circuit fermé à Sanair, à 50 minutes de Valcourt. Accélération, vitesse et virages serrés, comme dans les jeux vidéo. Wow! Bien des collègues m'auraient remplacé sans broncher, mais comme nous ne sommes pas nombreux à détenir un permis de moto, je me suis sacrifié. Pas facile, la vie.

Ayant encore clairement en mémoire la sensation de conduite de ma Suzuki Katana, une sport touring offrant pratiquement les performances d'une moto sport, j'arrivais à Valcourt avec certaines appréhensions. Car le Spyder est loin d'être une moto. On le chevauche, il offre une accélération s'apparentant à celle des petites bombes sur deux roues (0 - 100 km/h en 4,5 sec.) et on change de vitesses de la même façon, certes. Mais là s'arrêtent les ressemblances.

Étonnante stabilité

Avec ses deux roues à l'avant et sa roue surdimensionnée à l'arrière, le Spyder élimine la crainte de bien des motocyclistes: celle d'échapper leur engin. Ce véhicule de 998 cc demeure à la verticale, peu importe les manoeuvres. Ainsi, plus besoin de mettre un pied à terre à l'arrêt.

Ces trois roues confèrent au Spyder une étonnante stabilité, tant dans les virages serrés que sur les routes dignes de Bagdad de notre cher Québec, très nombreuses entre Valcourt et Sanair.

Paradoxalement, c'est cette stabilité qui rebutera les adeptes de motos sport. Avis à ceux qui carburent aux genoux frôlant le sol dans les courbes prises à 160: vous serez déçus, puisque le Spyder, on le répète, demeure à la verticale. Impossible alors de braquer ou de contrebraquer, même dans les virages prononcés. Seules les roues avant tournent.

La conduite s'en trouve passablement modifiée. En fait, on a carrément l'impression de piloter un VTT, une motoneige ou une motomarine, tous des véhicules déjà construits par BRP. Pas de doute, il s'agit là aussi d'un véhicule BRP, compagnie fondée par Joseph-Armand Bombardier, digne mais lointain parent de ma fesse droite.

Parlant de fesses, celles du conducteur du Spyder demeurent bien collées au siège, même lorsqu'on franchit des dos d'âne à bonne vitesse. Adieu, incessant rodéo vécu par les motocyclistes québécois!

Quant à la direction du Spyder, elle est extrêmement nerveuse. Un tout petit mouvement du guidon et hop!, on se déporte d'un côté ou de l'autre de la route, comme en kart. Cette sensibilité du guidon agace durant les premiers kilomètres, mais on s'y habitue une fois le véhicule apprivoisé. Ce qui fut fait après avoir effectué quelques tours du circuit fermé de Sanair, puis emprunté quelques virages serrés à haute vitesse sur une piste alternative et sinueuse. C'est là que le fun a vraiment commencé.

Avec le Spyder, aucune crainte de se planter: un ordinateur veille au grain pour éviter le patinage à l'accélération, ainsi que pour maintenir le contrôle lors des manoeuvres d'évitement et de freinage. Au besoin, l'ordinateur ralentit la vitesse ou applique lui-même les freins sur l'une des roues. En sachant cela, on ne peut faire autrement que d'essayer de dépasser nos propres limites... en circuit fermé, bien sûr!

Autre différence majeure avec la moto: les freins du Spyder sont contrôlés simultanément par ordinateur aux trois roues, si bien que le véhicule n'est doté que d'un seul frein au pied. Fini, le dosage constant entre le frein du pneu avant (à la main droite et celui du pneu arrière (avec le pied droit). Contrairement à la moto, aucun risque de passer par-dessus le guidon. Ça s'arrête dans le temps de le dire. Aussi vite qu'a duré cet essai routier. C'est-à-dire trop vite.

Mon verdict: j'aime encore trop la sensation de conduire une moto pour vouloir m'acheter un Spyder. Mais le sacrifice en valait vraiment la chandelle! Merci, boss!