La hausse de tarifs cause une avalanche de plaintes, et le gouvernement menace d'annuler le contrat. Pour amadouer ses critiques, le gestionnaire introduit un programme de fidélité qui récompense les automobilistes qui utilisent beaucoup l'autoroute privée, notamment en leur donnant du kilométrage gratuit.

La hausse de tarifs cause une avalanche de plaintes, et le gouvernement menace d'annuler le contrat. Pour amadouer ses critiques, le gestionnaire introduit un programme de fidélité qui récompense les automobilistes qui utilisent beaucoup l'autoroute privée, notamment en leur donnant du kilométrage gratuit.

Cette histoire est celle de l'autoroute 407, à Toronto, la première autoroute privée au pays. Louée à long terme en 1999 par le gouvernement ontarien à un consortium privé dont fait partie SNC Lavalin, elle va d'est en ouest, traversant la banlieue et s'étendant sur 1088 kilomètres. Contrairement à Montréal, Toronto n'a pas d'autoroute qui passe au nord des quartiers centraux, comme la Métropolitaine. Il y a seulement l'autoroute Gardiner, qui borde le lac, et la 401, située juste un peu au sud de la 407.

«Pour quelqu'un qui habite Mississauga, la 407 est un très bon deal», explique Frédéric, un architecte montréalais qui travaille à Toronto depuis l'an dernier. «Il n'y a presque jamais de bouchons, contrairement à la 401 qui est congestionnée solide dès 16h.»

Les tarifs des usagers réguliers sont de 17,6 cents par kilomètre, plus la location d'un appareil de tarification automatique, un transpondeur, coûtant 20 $ par année. Les tarifs étaient de 10 cents par kilomètre à l'ouverture. «Nous avons dû les augmenter pour réduire la congestion», explique Dale Albers, le porte-parole de 407 International, qui gère l'autoroute. «Ça a marché, parce que la vitesse moyenne est toujours plus beaucoup plus élevée que la limite de 100km/h. Et malgré cela, le taux d'accidents est moitié mois élevé que sur des autoroutes comparables.»

Sans le transpondeur, il faut payer des frais additionnels de 3,55 $ à chaque fois. Près de 80 % des usagers de la 407 utilisent un transpondeur, et donc l'empruntent probablement plus de six fois par année.

Ces hausses de tarifs, joints à un service à la clientèle déficient et à des tactiques de recouvrements de dettes agressives, ont poussé le gouvernement ontarien à poursuivre la compagnie pour bris de contrat. Pour éviter d'aller en cour, 407 International a annoncé cette semaine un programme de fidélité qui remboursera 40 millions $ par année aux usagers fréquents.

Environ 100 000 usagers, soit près de 30 % du total, recevront des bons d'essence et du kilométrage gratuit utilisable seulement la fin de semaine. Les bons d'essence permettront d'épargner de deux à neuf cents le litre aux stations Petro-Canada, pour entre 120 et 150 litres par mois. Les cartes de kilométrage gratuit varieront de 40 à 140km par mois.

Comme il faudra faire au moins 400 kilomètres par mois pour bénéficier de ce programme, la proposition semble raisonnable. En effet, la 407 a une fréquentation moyenne de 340 000 voyages de 20 kilomètres par jour, entre le lundi et le vendredi. Cela fait environ 30 millions de kilomètres par mois durant la semaine de travail. Or, les 100 000 usagers qui font plus de 400 kilomètres totalisent au moins 40 millions de kilomètres par mois, et ils recevront entre 4 et 14 millions de kilomètres gratuits la fin de semaine. M. Albers a refusé de dire quelle est la fréquentation moyenne la fin de semaine, ce qui aurait permis de vérifier la générosité réelle du programme.

407 International a annoncé début février ses derniers résultats financiers, qui montrent un profit pour la première fois, 48 millions sur des revenus de 456 millions. Les dépenses de 407 International vont surtout au remboursement d'une dette de plusieurs milliards. La compagnie a versé 3,1 milliards au gouvernement ontarien pour gérer l'autoroute pendant 99 ans, et a déboursé un demi-milliard entre 1999 et 2001 pour ajouter 40 kilomètres d'autoroute. La construction se poursuit, avec des élargissements correspondant à 50 kilomètres de voies l'an dernier. 407 International doit aussi payer le gouvernement pour défrayer les patrouilles policières, mais ne peut décider des priorités des policiers.