Les Américains n'ont jamais été friands de ces moteurs qui toussotent, qui puent et qui ne démarrent pas l'hiver. S'il y a un cliché souvent répété, c'est bien celui-là. L'image risque cependant de passer dans l'ombre d'une nouvelle génération de voitures plus propres et plus performantes. Des voitures à moteur diesel.

Les Américains n'ont jamais été friands de ces moteurs qui toussotent, qui puent et qui ne démarrent pas l'hiver. S'il y a un cliché souvent répété, c'est bien celui-là. L'image risque cependant de passer dans l'ombre d'une nouvelle génération de voitures plus propres et plus performantes. Des voitures à moteur diesel.

Ce mois-ci, c'est Mercedes-Benz. L'an prochain, ce sera Jeep, et l'année suivante, Honda. Volkswagen et General Motors sont aussi du lot de constructeurs qui espèrent que ce nouvel intérêt envers le diesel sera à la hauteur des prévisions.

Selon la firme JD Power et Associés, le marché des véhicules à moteur diesel pourrait tripler en importance sur le continent, passant de 3 à 9 % du marché total des voitures neuves vendues annuellement. Par comparaison, les voitures à propulsion hybride, toujours selon JD Power, risquent de stagner à 5 % du marché.

En fait, tel que décrit par les constructeurs, le diesel est en quelque sorte une solution de rechange aux hybrides. Les chiffres qu'ils avancent le résument bien: économie de carburant accrue de 25 à 40%, du couple à revendre et un peu de turbocompression pour générer encore plus de puissance brute.

Et, naturellement, un prix de détail un peu moins élevé, à peu près à mi-chemin entre le prix d'une voiture à essence et d'une voiture, similaire, à propulsion hybride.

Des nouveautés en chantier

Mercedes-Benz lancera cet automne sa berline E320 Bluetec à moteur diesel, qui ne sera toutefois pas conforme aux normes antipollution de cinq États américains, dont la Californie et New York. La division haut de gamme de DaimlerChrysler a cependant annoncé qu'elle allait lancer sur la route, dès 2008, trois VUS à moteur diesel ultrapropre. Ceux-là respecteront les exigences plus élevées de ces États en matière d'émissions polluantes - elles seront d'ailleurs, dès 2009, les plus sévères au monde (tant pour le gazole que pour l'essence). Ce sont ces mêmes normes qu'on pourrait voir ici aussi, dès 2010.

Sur les talons de Mercedes, Honda mettra en marché ses propres modèles à moteur diesel. Les dirigeants de la société japonaise ont souvent laissé entendre, ces derniers mois, que si la technologie hybride convient bien aux petites voitures, le diesel, lui, est mieux adapté aux plus gros véhicules.

Honda a déjà trouvé une solution à l'énigme antipollution californienne, ce qui lui permet d'affirmer que les premiers modèles pourront circuler partout en Amérique du Nord dès 2009. En Europe, Honda utilise un moteur diesel, sous le capot de sa berline Accord, que plusieurs aimeraient voir passer l'Atlantique en version ultrapropre.

GM, de son côté, a dévoilé le mois dernier un imposant V8, ultrapropre, qui pourrait animer certaines camionnettes dès 2009 également. D'autres annonces ont aussi été faites par BMW, Nissan et Volkswagen, mais aucune date, ni aucun modèle, n'ont encore été officiellement confirmés.

Le moteur diesel, qui existe depuis plus de 100 ans, connaîtra-t-il enfin son heure de gloire en sol nord-américain?

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Diesel 101

Comme on peut le deviner, le pétrole, qui est un hydrocarbure, est constitué d'un mélange d'hydrogène et de carbone. Dans le pétrole brut, ces deux éléments se combinent dans des proportions qui varient, chaque atome de carbone pouvant se lier à un nombre différent d'atomes d'hydrogène.

Les molécules d'hydrocarbure ainsi formées créent différentes substances. La chaîne la plus légère est le méthane (CH4). Viennent ensuite l'éthane (C2H6), le propane (C3H8) et le butane (C4H10). Ces produits sont hautement volatils, leur degré d'évaporation se situant tous loin sous le point de congélation de l'eau, soit 0 degré Celsius.

C'est sur cette distinction que se basent les raffineries pour produire différents carburants. Le pétrole est chauffé et ses différents dérivés sont obtenus par distillation, à mesure qu'ils s'évaporent.

Plus lourdes, les chaînes d'hydrocarbures entre C7H16 et C11H24 sont séparées du reste et mélangées pour être utilisées comme essence pour le transport. Viennent ensuite le kérosène, le diesel et l'huile de chauffage. On trouve par la suite les lubrifiants, comme l'huile pour moteurs. Enfin, à l'autre bout du spectre, le pétrole prend la forme du goudron et du bitume d'asphalte.

Le moteur diesel

À la base, le moteur diesel se distingue du moteur à essence de quelques façons. Un mélange d'air et d'essence est comprimé dans un cylindre et allumé par une étincelle. Le moteur diesel, tel qu'inventé en 1892 par Rudolf Diesel, comprime de l'air dans lequel est ensuite envoyée une dose de gazole. La chaleur créée par l'air comprimé allume le mélange spontanément.

Cela donne un moteur qui possède un taux de compression - la force à laquelle est comprimé le mélange - plus élevé que celui d'un moteur à essence. Ce taux de compression plus élevé se traduit par une efficacité également plus élevée.

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Le soufre en moins ou presque

Le soufre n'est pas un lubrifiant, mais quand on l'élimine du gazole, on en réduit grandement le degré de lubrification. Autrement dit, on en réduit l'effet protecteur sur les composantes mobiles du moteur. Du même coup, cependant, on élimine une très grande portion - jusqu'à 95 % - des émissions d'oxydes de soufre mises en cause dans les pluies acides.

La réduction de ces émissions permet aussi d'utiliser de nouveaux filtres, autrement neutralisés par le soufre, qui réduiront à leur tour les autres types d'émissions polluantes causées par le gazole: les oxydes d'azote et les particules fines, deux résidus qui polluent gravement l'air et l'eau et qui peuvent causer des maladies respiratoires graves.

Selon Environnement Canada, ces réductions contribueront à une diminution de l'ozone troposphérique et des niveaux ambiants de composés toxiques. L'organisme fédéral estime que l'impact sur l'assainissement de l'air se multipliera au fil du temps. On en connaîtra tous les avantages autour de 2020, lorsqu'on aura remplacé la plupart des véhicules diesels actuels.