Avec Odile Mongeau, elle se prépare maintenant à partager sa passion à l’International Women & Motorcycling Conference, qui a lieu du 30 juin au 3 juillet à Athens, en Géorgie. Elle y présentera le guide. Mme Mongeau y parlera aussi de son incomparable expérience à deux roues. Imaginez: elle a découvert tous les recoins de l’Amérique du Nord au gré des 400 000 kilomètres franchis depuis 1995!

Nos deux ambassadrices – premières Canadiennes invitées à l’événement organisé par la Fédération internationale de la moto et l’Association américaine de la moto – vont évidemment en profiter pour franchir les Adirondacks en dévalant le fameux Blue Ridge Highway, une route que chaque motocycliste qui se respecte devrait emprunter au moins une fois dans sa vie.

Cela dit, le mot de la fin appartient à Mme Boyer: «Osez les filles, parce que c’est une passion indescriptible qui vous rassure sur l’univers et qui vous permet d’aller au bout de vous-mêmes.» Amen!

«Le plaisir de pouvoir rouler avec mon copain, les changements d’odeurs, la vision parfaite, les bibittes, tout en fait!» ajoute Nadine, qui doit donner naissance à un premier enfant à la fin juillet mais compte bien enfourcher de nouveau sa moto avant la fin de la saison.

«On parle souvent de cette fameuse sensation de liberté; je me suis dit que, moi aussi, j’aimerais goûter à ça, explique Annabelle Roy, 32 ans, qui suit actuellement sa formation. Mon objectif, c’est d’abord de suivre le cours pour ensuite avoir la possibilité de réaliser mon rêve avant l’âge de 40 ans. Mais, qui sait, peut-être que je vais me surprendre dès le printemps prochain!»

Hélène Boyer a aussi patienté avant d’acheter sa première moto. Mais depuis, elle roule à un rythme d’enfer. Près de 100 000 km en huit ans. La plupart des randonnées qu’elle a faites ont fait l’objet de chroniques dans le Journal de Montréal et sont publiées dans le guide Le Québec à moto.

Une affaire de couple

N’empêche que beaucoup d’entre elles sont venues à la moto en suivant les traces d’un conjoint ou d’un ami. «Je roulais avec mon copain en route vers Trois-Rivières quand je lui ai mentionné que ça serait bien que l’on puisse avoir chacun nos motos, raconte Nadine Richard, qui possède son permis de moto depuis deux ans. À partir de ce moment-là, mon petit ami ne m’a pas lâchée, insistant même pour payer mes cours de conduite. Quand j’ai pris la route, à ma dernière séance de cours, j’ai eu la piqûre!»

Même son de cloche chez Nathalie Corriveau, collègue de travail de Nadine. «Mon petit ami en faisait, on s’est dit qu’on voulait une famille de motards, alors j’ai suivi mon cours!» rigole celle qui a depuis fait siennes les routes de la Nouvelle-Écosse, de la Gaspésie, de la Côte-Nord et du Saguenay.

Pour l’aventure

Par contre, si hommes et femmes roulent différemment, les raisons qui les poussent à le faire sont les mêmes. «C’est pour l’évasion, l’aventure, pour voir différemment les endroits visités, soutient Nathalie. En plus, les gens sont plus sympathiques avec nous!»

Selon André Frenette, propriétaire de la plus grande école de conduite de moto dans la région de Montréal, le quart des apprentis motocyclistes qu’il a vus passer au cours des 10 dernières années sont des femmes. «On a même dû abaisser la selle de certaines de nos plus grosses motos, à la fois pour nos cours en circuit fermé et pour la location lors des examens à la SAAQ.»

Ce n’est donc plus un secret: on voit de plus en plus de filles glisser du siège de passagère à celui de conductrice. Par contre, ce n’est parce qu’elles sont maintenant au guidon qu’elles se comportent comme leurs congénères masculins. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles a été créée l’Association des femmes motocyclistes du Québec.

«Elles n’ont pas à montrer à leurs petits amis qu’elles peuvent rouler aussi vite qu’eux, explique Hélène Boyer, également coauteure, avec Odile Mongeau, du guide Le Québec à moto, paru ce printemps aux Éditions Ulysse. Il existe aussi une plus grande connivence entre femmes motocyclistes. On organise donc des randonnées et des fêtes réservées aux femmes motocyclistes.»

De tout temps, la moto a été considérée comme une activité à haute teneur en testostérone. Depuis quelques années, la recette est adoucie par un apport non négligeable d’œstrogène. Au Québec seulement, les femmes sont maintenant plusieurs milliers à enfourcher leur bécane pour avaler les kilomètres.

«Il y a clairement une augmentation du nombre de femmes qui font de la moto, affirme Hélène Boyer, présidente de l’Association des femmes motocyclistes du Québec. Elles représentent maintenant de 13 à 14% des 141 000 motocyclistes au Québec. Les constructeurs sont bien au fait de la situation, car ils rivalisent de solutions techniques pour mieux adapter leurs motos aux femmes, notamment à l’aide de selles ajustables en hauteur. Depuis 10 ans, on propose aussi des gammes de vêtements destinés aux femmes.»