La drogue a un effet de deux à trois fois plus grave que l'alcool sur le risque d'accident total des automobilistes, selon une étude torontoise. Les sanctions contre l'alcool au volant, et la quasi-absence de sanctions contre les drogues, expliquent ces différences.

«Nous voulions vérifier si les alcooliques et les drogués ont un risque plus élevé de causer un accident, ou s'ils sont simplement plus susceptibles d'être impliqués dans un accident, explique l'auteure principale de l'étude, l'épidémiologiste Mary Chipman de l'Université de Toronto, en entrevue téléphonique. Le risque d'avoir un accident dont ils sont responsables augmente beaucoup plus que le risque d'accident en général. Et l'augmentation est particulièrement notable dans le cas des drogues. C'est probablement parce que la détection et les sanctions contre la drogue au volant sont moins bien établies que pour l'alcool. Les alcooliques ont peut-être aussi un risque moins élevé parce que leur permis est souvent suspendu.»

L'étude, publiée en 2003 dans la revue Injury Prevention, n'a pas établi de différence statistiquement significative pour l'alcool dans le risque d'accident global chez les 411 cobayes, choisis parmi les patients du Centre pour les dépendances et la santé mentale de l'Université de Toronto. Mais le risque d'accident augmente de 80% chez les cocaïnomanes, et augmente de 50% chez les patients dépendants au cannabis; le risque d'accident causé par l'automobiliste est encore plus élevé : 98% pour la cocaïne et 68% pour le cannabis. L'augmentation du risque d'accident dont ils sont responsables, chez les alcooliques, est de 29%, et est presque statistiquement significative.

Fait important, le Dr Chipman ne mesurait pas seulement le risque lorsque l'automobiliste était intoxiqué, mais le risque total. Au Québec, la SAAQ a publié en 2004 une étude montrant que la présence de cannabis dans le sang augmentait de 1,6 fois le risque d'accident mortel, et la cocaïne de 4,5 fois, alors qu'une alcoolémie de 0,08 l'augmentait de 24 fois. Le cannabis mélangé à une alcoolémie de 0,08 augmentait le risque de 200 fois, et le cocktail cocaïne-alcoolémie illégale, de 500 fois.

La bonne nouvelle, selon le Dr Chipman, c'est que le traitement réduit le risque d'accident, que les patients en soient responsables ou non. Les cobayes ont été suivis pendant sept ans après leur traitement, ce qui indique que l'effet dure longtemps. «Une majorité d'automobilistes changent de comportement après un traitement, dit le Dr Chipman. Et comme nous avons choisi nos cobayes parmi les patients admis à la clinique en 1994, l'effet est probablement encore plus important aujourd'hui, car les sanctions sont plus sévères.»

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RISQUES ACCRUS

Alcool: 29%*
Cannabis: 68%*
Cocaïne: 98%*

* Augmentation du risque d'accident automobile dont ils sont responsables, chez les clients d'une clinique de traitement des dépendances à l'alcool et aux drogues, par rapport à un groupe contrôle. L'astérisque signifie que l'augmentation du risque n'est pas statistiquement significative.