Grand amateur de voitures de luxe, Evgueni Sanaïev, 28 ans, n'a d'yeux que pour le nouveau coupé Mercedes CL 500, clou du Mondial de l'automobile à Moscou.

Grand amateur de voitures de luxe, Evgueni Sanaïev, 28 ans, n'a d'yeux que pour le nouveau coupé Mercedes CL 500, clou du Mondial de l'automobile à Moscou.

«J'aime bien la Mercedes que j'ai», explique-t-il avant d'ajouter après une pause : «même si c'est seulement la classe S !», la ligne de berlines haut de gamme de Mercedes dont le prix peut atteindre de 80 000 à 200 000 euros.

Evgueni, manager dans un groupe occidental, est un représentant typique d'une nouvelle génération de férus de voitures de luxe en Russie, un marché très prometteur alimenté par les pétrodollars.

Au premier semestre 2006, les ventes de voitures étrangères ont augmenté de 60 % dans ce pays par rapport à la même période de 2005, avec 398 000 voitures vendues au total pour un montant de 9 milliards $.

Ce succès s'explique en premier lieu par la popularité croissante des voitures de milieu de gamme du coréen Hyundai, du japonais Toyota et de l'américain Ford qui évincent petit à petit des routes russes les peu élégantes Lada.

La tendance profite aussi aux voitures de luxe.

Toyota a vendu sur les sept premiers mois de l'année environ 5200 Lexus - autant que durant toute l'année 2005.

Le deuxième constructeur automobile japonais Nissan a choisi la Russie pour le début européen de sa marque de luxe Infiniti, présenté au Mondial de l'automobile à Moscou (du 30 août au 10 septembre).

Les ventes de l'allemand BMW ont augmenté de 46 % au premier semestre 2006 par rapport à la première moitié de l'année dernière.

Si Moscou est l'épicentre de cette dolce vita à la russe, les limousines avec chauffeur s'alignant chaque soir devant les restaurants à la mode de la capitale, la folie gagne aussi la province.

Les ventes de Mercedes à Novossibirsk (Sibérie occidentale, 3200 km à l'est de Moscou) ont grimpé de 67 % en 2005.

Jaguar

Il y a deux ans, Jaguar ne comptait que trois distributeurs en Russie, deux à Moscou et un à Saint-Pétersbourg. Aujourd'hui ils sont quatre fois plus nombreux, selon Vladislav Evteïev, représentant du célèbre constructeur britannique.

«Vous n'allez aujourd'hui impressionner personne avec une Mercedes, une Audi ou une BMW. Ces voitures sont en Russie depuis longtemps», explique sans sourciller M. Evteïev.

«Nos clients cherchent quelque chose de particulier. Jaguar devient une troisième ou une quatrième voiture dans leur collection. Ils vont travailler en Mercedes ou en BMW. Ils gardent la Jaguar pour les week-ends», raconte-t-il.

Les concessionnaires de Mercedes n'ont cependant pas à se plaindre.

«Vous savez de combien ont progressé nos ventes l'année dernière ? De 100 % !», se félicite Pavel Kraïouchkine, représentant du constructeur allemand au salon automobile de Moscou.

Mercedes a aussi choisi Moscou pour la première mondiale de son coupé CL 500, rêve du jeune manager russe.

Les acheteurs et les moeurs s'affinent, «les clients venant avec des valises pleines de dollars deviennent plus rares, mais ils existent toujours», raconte M. Kraïouchkine.

«Le marché augmente parce qu'il y a de plus en plus de gens qui achètent des voitures à crédit, mais c'est le cas des véhicules milieu de gamme», souligne pour sa part M. Evteïev.

Les gens qui achètent des Jaguar pour 200 000 $ «paient généralement comptant», ajoute-t-il.

Ferrari, Lamborghini et Rolls-Royce ont des salons de montre à Moscou depuis des années et leurs voitures font partie intégrante du paysage urbain comme à Londres et à New York.

Mais le boom automobile en Russie est encore à venir, prédisent les analystes. Le marché russe devrait doubler d'ici 2010 pour atteindre 30 milliards $, les constructeurs étrangers rivalisant pour arracher la plus grosse part du gâteau.

Et avec quelque 100 000 millionnaires en dollars en Russie aujourd'hui - moins de 10 ans après la crise financière de 1998 - les constructeurs de voitures de luxe ont des perspectives radieuses devant eux.