Après avoir tenté pendant des années d'attirer la clientèle avec des escomptes de plus en plus importantes, General Motors et Ford Motor Company ont décidé de mettre l'accent sur les garanties.

Après avoir tenté pendant des années d'attirer la clientèle avec des escomptes de plus en plus importantes, General Motors et Ford Motor Company ont décidé de mettre l'accent sur les garanties.

Les deux constructeurs espèrent ainsi persuader les acheteurs de Honda et de Toyota que les problèmes de qualité des voitures nord-américaines sont enfin réglés.

GM a annoncé au début de septembre qu'elle prolongeait à cinq ans ou 160 000 km les garanties sur le moteur et la transmission de ses véhicules. Auparavant les garanties applicables au groupe motopropulseur s'établissaient à trois ans ou 57 600 km. C'est la moyenne de l'industrie.

La décision de GM lui permet d'affirmer qu'elle offre «la meilleure couverture de tous les constructeurs de gamme complète». Il y a deux mois, Ford avait aussi prolongé ses garanties, devenant temporairement chef de file. En agissant ainsi, GM et Ford ont suivi l'exemple de Hyundai, dont les ventes ont quadruplé depuis l'introduction de sa garantie de 10 ans/100 000 milles en 1998. Auparavant, le constructeur sud-coréen avait presque été évincé du marché nord-américain à cause de perceptions de mauvaise qualité.

«Certaines personnes ne nous incluent pas dans leur liste de voitures à considérer à cause d'une perception de problèmes historiques», affirme Rick Wagoner, chef de la direction chez General Motors. Ce dernier ajoute que GM a considérablement réduit les sommes dépensées en réparations et décidé de prolonger ses garanties dans le cadre d'une stratégie visant à rehausser la valeur de ses véhicules.

Même si Ford et la division Chrysler de DaimlerChrysler ont indiqué qu'elles n'entendaient pas emboîter le pas à GM, les analystes estiment qu'à Detroit, les garanties semblent être devenues le plus récent moyen de se démarquer.

«Cela permet d'offrir au consommateur des avantages additionnels sans avoir à utiliser des incitatifs (monétaires)», commente Tom Libby, directeur principal de l'analyse de l'automobile à la société J.D. Power, auteure de sondages sur la qualité des véhicules.

Un «jeu dangereux»

La réaction des consommateurs à l'offre de garanties prolongées reste pour le moment incertaine. Selon les données de J.D. Power, les acheteurs de voitures n'accordent pas une grande importance aux garanties. Wall Street ne les apprécie pas non plus parce qu'elles exposent les constructeurs à des risques accrus.

«C'est un jeu dangereux» si les coûts de réparations n'ont pas vraiment été maîtrisés, déclare David E. Cole, président du Centre for Automotive Research à Ann Arbor (Michigan). «Voilà un domaine où il est possible de se mettre sérieusement dans le pétrin», poursuit-il.

Les concessionnaires aiment la nouvelle politique, déclare Ford dont les garanties couvrent le groupe motopropulseur jusqu'à cinq ans ou 60 000 milles pour la plupart des véhicules, et six ans ou 70 000 milles pour les modèles Lincoln. La protection, comme chez GM, peut être transférée à la vente de la voiture.

«C'est un excellent instrument de vente en salle de montre, précise un porte-parole de Ford, Jim Cain. Avec le temps, nous croyons que les garanties auront un impact très considérable sur la décision d'acheter.»

Elle pourrait cependant avoir un effet diamétralement opposé chez certains clients.

Certains constructeurs, et notamment ceux qui ont affiné leur réputation de qualité supérieure, voient dans les garanties prolongées «des signes de faiblesse», estime M. Libby. «Le consommateur commence à se demander : Y a-t-il une raison pour laquelle j'aurais besoin d'une telle garantie?»