Autant tableau roulant que brute de rue, la Ducati Diavel de nouvelle génération joue la carte de la fluidité. La marque italienne la qualifie de « cruiser musclée », un terme contradictoire qui n’aide en rien le motard moyen à cerner son rôle.

Résurgence d’une vieille tendance

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La Ducati Diavel V4 2023

Si les motos de classe custom – les Harley et leurs semblables – n’attirent qu’une clientèle restreinte ces jours-ci, elles jouissaient d’une popularité immense il y a une quinzaine d’années. Le phénomène poussa même les marques les plus incompatibles avec la catégorie à tenter le genre, exercice qui amena Ducati à pondre la Diavel originale en 2011. Ne ressemblant à rien d’autre, cette dernière combinait, plus ou moins habilement, un style inhabituel, une puissante mécanique, une ergonomie à saveur custom et un immense pneu arrière de 240 mm. La nouvelle génération du modèle reprend à peu près les mêmes ingrédients et la même approche, mais offre une exécution nettement plus raffinée.

Une identité floue, au début

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La Ducati Diavel V4 2023

Le chemin le plus direct pour saisir ce qu’est la Diavel V4 version 2023 contourne les termes de marketing de Ducati. Outre une selle raisonnablement basse et des repose-pieds quelques centimètres plus avancés que ceux d’une routière, la Diavel n’a rien à voir avec la classe custom. Le premier indice de ce qu’elle offre se veut plutôt son style magnifiquement « agressif ». Dessinée avec un goût que seuls les Italiens semblent posséder – elle a été votée « la plus belle moto » du dernier salon d’EICMA à la fin de 2022 –, la Diavel V4 est carrément une pièce d’art de laquelle émane un sentiment presque palpable de furie, de colère et de force.

Plus près, plus belle

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La Ducati Diavel V4 2023

De ses béantes entrées d’air avant jusqu’à sa selle fuyante, de son gigantesque V4 de 168 chevaux jusqu’à l’échappement aux embouts quadruples, et de son pneu arrière démesuré jusqu’à son bras oscillant caricaturalement massif, la Diavel V4 étreint ce rôle de sculpture et invite le regard vers mille et un détails sans jamais décevoir. Parce qu’elle reprend l’architecture des modèles sportifs du constructeur de Bologne, aucun cadre n’est visible, le moteur prenant plutôt la fonction de point d’attache central. Les pièces de carénage sont peu nombreuses et ne couvrent presque rien de la moto, mais contribuent beaucoup à la silhouette de brute trapue de la Diavel V4.

Agressive dehors, agressive dedans

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La Ducati Diavel V4 2023

Dès le démarrage, la nature de la Diavel V4 se précise. Certains ressentiront un soupçon de nostalgie en notant l’absence d’un traditionnel V2, mais même les plus irréductibles des puristes fondront en écoutant le quatre-cylindres en V emprunté aux machines les plus performantes de Ducati. Tellement bruyant qu’il semble illégal, il gronde et claque dès qu’il prend vie, tremble et râle lorsqu’on s’élance et rugit comme un fauve furieux en pleine accélération. Même les passages de vitesses deviennent un évènement grâce au système de changement de rapports assisté qui secoue la moto et pète chaque fois qu’on monte une vitesse. Il n’existe peut-être aucune mécanique de série plus caractérielle.

Des accélérations enivrantes

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La Ducati Diavel V4 2023

Capable de bien plus que gronder et trembler, le V4 offre aussi des accélérations phénoménales. Si ses quelque 170 chevaux sont inférieurs aux plus de 200 des motos les plus puissantes, ils restent amplement suffisants pour faire serrer les dents, même dans le cas d’un pilote très expérimenté. L’une des raisons derrière l’aspect grisant de l’expérience est la position de conduite assise et droite qui force le conducteur à s’accrocher avec ses mains et enfonce le bas de son dos dans la selle arrière à pleins gaz. À partir d’un arrêt, la roue avant quitte rapidement le sol de quelques centimètres, puis à nouveau lorsque la deuxième vitesse est passée. Hilarant.

Un comportement somme toute correct

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La Ducati Diavel V4 2023

Le point faible le plus flagrant de la nouvelle génération de la Diavel reste le même que dans le cas de la monture originale et se situe sur le plan de l’effet sur le comportement qu’amène le pneu arrière surdimensionné. Il est question d’une sorte de maladresse occasionnelle ou d’une résistance à l’inclinaison en début de courbe qu’on ne ressent pratiquement jamais sur une moto de série moderne. À la défense de Ducati et de sa Diavel, de grands efforts ont manifestement été déployés pour minimiser l’effet qui, somme toute, n’est pas trop dérangeant au quotidien, et ce, en partie parce qu’on s’y habitue assez facilement.

Conclusion

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La Ducati Diavel V4 2023

En pleine accélération, la Diavel V4 est une brute magnifiquement contrôlée par tous les systèmes d’assistance au pilotage inclus de série. En usage normal, l’italienne est un petit volcan de sensations auditives et tactiles absolument délicieuses, du moins pour les amateurs de mécaniques caractérielles. Et à l’arrêt, elle est dessinée de manière tellement artistique et détaillée qu’elle devient une pièce qu’on ne se lasse jamais d’examiner et qu’on redécouvre avec chaque nouvel angle observé. Ducati ne devrait plus la classifier comme une « custom musclée » et devrait aussi éliminer les derniers éléments qui la rattachent à la classe custom. Il s’agit d’une exaltante sculpture sur roues presque impossible à catégoriser.

Fiche technique

  • Marque : Ducati
  • Modèle : Diavel V4
  • Prix (P. D. S. F.) : 30 995 $
  • Garantie : 2 ans/kilométrage illimité
  • Moteur : 4 cylindres en V de 1158 cm⁠3, refroidi par liquide
  • Transmission : à 6 rapports, entraînement final par chaîne
  • Poids tous pleins faits : 236 kg
  • Frein avant : 2 disques avec étriers à 4 pistons et ABS
  • Frein arrière : 1 disque avec étrier à 2 pistons et ABS
  • Pneu avant : 120/70 ZR17
  • Pneu arrière : 240/45 ZR17