Moto - Suzuki GSX-8S 2023 Une simple, agréable et abordable nouveauté signée Suzuki

La riche expertise des grands constructeurs de motos peut tout autant servir à concevoir des bolides aux performances extraordinaires qu’à créer du simple et de l’amusant à bon compte. La seconde option résume exactement ce qu’offre Suzuki avec sa nouvelle GSX-8S.

Du spectaculaire… nulle part

Elle est l’une de ces motos qui n’offrent pas une seule donnée croquante. Assez légère sans être un poids plume, raisonnablement puissante — mais sans plus — avec ses quelque 80 ch, mue par l’un des moteurs de moto les plus communs qui soient — un bicylindre parallèle —, construite autour d’un châssis en acier relativement lourd, équipée d’aides électroniques au pilotage de base — contrôle de traction et ABS —, suspendue et freinée par des composants efficaces, mais décidément pas du dernier cri, et dessinée avec un coup de crayon moderne, mais qui ne fera frémir aucun designer italien, la nouvelle GSX-8S n’offre littéralement aucune possibilité de se vanter.

Et pourtant

Et pourtant, c’est du bonbon, cette 8S, du moins pour les motocyclistes recherchant avant tout une bonne moto à bon prix — les plus difficiles devront magasiner ailleurs et payer nettement plus que les 10 749 $ demandés par Suzuki. À sa clientèle cible, la GSX-8S offre un ensemble plein de belles qualités dont certaines plairont même aux motards expérimentés. Vu la timidité de la fiche technique, ce n’est toutefois qu’en prenant les commandes du modèle qu’on découvre ces caractéristiques, à commencer par le nouveau moteur. Malgré l’architecture simpliste décrite plus tôt, il s’agit d’un exemple du genre particulièrement réussi et dont le rendement s’avère étonnamment satisfaisant.

Un bicylindre parallèle raffiné

Cubant à 776 cc, le bicylindre de la GSX-8S se distingue par un très efficace système d’adoucissement des vibrations ainsi que par une livrée de couple immédiate. Le résultat est une mécanique bien plus agréable que ses relativement modestes 81 ch ne le suggèrent. Grâce au couple toujours disponible, les accélérations sont intéressantes dès les premiers tours et deviennent carrément amusantes à mi-régime. En selle, on apprécie franchement la poussée toujours accessible du moteur dont la transmission est équipée d’un système permettant de passer les rapports sans embrayage. L’expérience de conduite est agrémentée par un doux tremblement ainsi que par un grondement feutré rappelant celui d’un V-Twin.

Une sportivité bien présente

Une autre grande qualité de la GSX-8S, c’est son excellent comportement routier. Encore là, sans rien de spectaculaire en matière de technologie, Suzuki est parvenu à donner à sa nouveauté des caractéristiques impressionnantes. La direction n’est pas aussi rapide et incisive que celle d’un modèle conçu pour rouler en piste, mais le châssis renvoie quand même une sensation de solidité et de précision authentiquement sportives. Les suspensions étant habilement réglées entre sport et confort, on arrive, aux commandes de la 8S, à franchement s’amuser dans une enfilade de virages, tandis que la stabilité est telle que le modèle semble soudé à la route dans les longues courbes rapides.

Un confort correct

Comme toutes les motos de catégorie standard, la silhouette dénudée de la GSX-8S expose complètement le pilote au vent sur l’autoroute : plaisant par temps très chaud, moins par temps froid et fatigant sur un long trajet. L’ergonomie est excellente avec une position équilibrée laissant le dos droit, ne plaçant pas de poids sur les mains et ne pliant pas les jambes excessivement. On note une selle de hauteur raisonnable et dont le confort est généralement correct, mais qui n’est pas conçue pour les longues distances. Enfin, la capacité d’absorption des suspensions s’avère suffisante pour éviter que des coups atteignent le pilote et son passager, mais sans qu’on puisse parler de souplesse.

Le prix d’un bas prix

Pour arriver à une facture intéressante, un constructeur doit inévitablement faire preuve d’une certaine retenue. Dans ce cas, on la remarque par exemple sur le plan des freins qui s’acquittent très bien de leur tâche, mais qui n’offrent pas le mordant d’un modèle plus sportif. On note aussi une possibilité d’ajustement restreinte de la suspension arrière et aucune à l’avant. Les aides électroniques au pilotage sont limitées à des systèmes ABS et de contrôle de traction efficaces, mais pas de dernière génération. Finalement, même s’il s’agit d’un équipement relativement peu coûteux, un régulateur de vitesse est absent tandis qu’il n’existe aucune possibilité de connecter son téléphone à l’instrumentation de la moto.

Conclusion

Les constructeurs se font une guerre à l’équipement et aux fonctions qui a pour effet de gonfler les factures jusqu’à parfois les mettre hors de portée du portefeuille moyen. Avec la GSX-8S, Suzuki a plutôt choisi de s’en tenir à l’essentiel en matière de gadgets et de privilégier l’optimisation des gros morceaux comme le moteur et le châssis. Il en résulte une monture mince et simple à utiliser dont les caractéristiques s’avèrent attrayantes pour un éventail de motocyclistes étonnamment large, puisque les moins avancés trouveront la nouveauté amicale et intuitive alors que les connaisseurs apprécieront le charme de sa mécanique et la qualité de son comportement. Chacun sans se ruiner.