(Monterey, Californie) La passion reste le moteur de la Car Week, évènement automobile hors du commun sur le sol américain. Anciennes ou modernes, authentiques ou répliques, créations ou évocations, Formule 1, carrosseries spéciales, modèles uniques… il y en a pour tous les goûts.

Depuis 1950, Monterey et ses environs célèbrent l’automobile sous toutes ses formes. On y admire de belles carrosseries, on se laisse bercer par le chant des moteurs de compétition et on assiste au spectacle des ventes aux enchères qui battent régulièrement des records.

À Monterey, la semaine dernière, les passionnés d’automobiles anciennes ne savaient plus où donner de la tête.

La Car Week mettait cette année à l’honneur le centenaire des 24 heures du Mans tout en célébrant, avec faste, de grandes marques disparues (Duesenberg, Talbot-Lago et autres Hispano-Suiza). Hormis la pléiade de constructeurs, y compris les jeunes pousses, venus présenter leurs récentes créations (électriques pour la plupart), les modèles anciens ayant fonctionné aux énergies nouvelles se comptaient, eux, sur les doigts d’une main.

PHOTO ÉRIC LEFRANÇOIS, COLLABORATION SPÉCIALE

Pour accompagner les puristes dans leur transition vers le tout-électrique, Audi a réalisé une interprétation moderne de sa célèbre Ur-Quattro, la S1 e-tron quattro Hoonitron.

Tenus à l’écart de la manifestation, les visiteurs n’avaient pas tous envie de se diriger à l’extrémité du 18trou pour prendre conscience que les énergies de rechange ont plus d’un siècle d’existence. Outre la très expérimentale Chrysler Turbine (elle pouvait s’alimenter à l’huile végétale), on retrouvait la Columbia Mark XIX de 1907. Purement électrique, ce modèle produit par le consortium Columbia Park Surrey avait une « autonomie suffisante pour se rendre à l’opéra » et coûtait alors 1900 $.

Châssis de bois et couvre-chef de toile ou lourdes carlingues métallisées et luisantes. Sur les multiples sites d’exposition de la Car Week, plusieurs centaines d’automobiles se serrent les unes contre les autres. La benjamine doit friser la quarantaine, mais la motorisation qui anime la doyenne a plus de 100 ans déjà.

Cette manifestation n’est pas seulement un haut lieu pour passionnés, même s’il en coûte au bas mot 515 $ pour y prendre part. Cette année, quelque 85 000 visiteurs sont venus revivre les riches heures de l’automobile.

Plus imposantes, les autos de l’entre-deux-guerres exigent des travaux de restauration longs et complexes. Elles étaient une centaine réunies sur la pelouse du terrain de golf de Pebble Beach, dont une Duesenberg J Figoni Sports Torpedo de 1932. C’est elle qui a remporté les grands honneurs de cette manifestation. On la croirait flambant neuve : sa remise en forme a coûté plusieurs millions de dollars et nécessité des milliers d’heures de ponçage et de coups de marteau bien ajustés avant qu’elle retrouve toute sa splendeur. Tout aussi rutilantes, quelques Ferrari rouges attirent irrésistiblement l’œil, dont une 410 Sport vendue aux enchères pour 22 millions de dollars américains. Non loin de là, le propriétaire d’une Alfa Romeo TZ Zagato évalue la valeur de sa monture. « Quelque part entre 5 et 15 millions », dit-il.

PHOTO ÉRIC LEFRANÇOIS, COLLABORATION SPÉCIALE

Cent douze exemplaires de l’Alfa Romeo TZ ont été produits entre 1963 et 1967. Sa rareté explique sa valeur auprès des collectionneurs en quête d’exclusivité.

En piste

Le Car Week est loin d’être un évènement statique. Au contraire. Le circuit de Laguna Seca permet d’admirer en mouvement les légendes du sport motorisé. Cette année, un hall a été consacré à d’anciennes gloires des 24 heures du Mans. On y trouvait des modèles connus, comme la Porsche 917 et l’Audi R8 LMP1, mais aussi des raretés comme la Cadillac Serie 61 (dite « le Monstre ») ou encore l’Alpine A441C confiée à Marie-Claude Beaumont et Lella Lombardi en 1975.

Les passionnés de Formule 1 pouvaient pour leur part toucher et approcher à loisir les Tyrrell, Shadow, Brabham, Lotus et la très canadienne Wolf (WR5). Parmi les propriétaires de ces bolides, pas plus du tiers sont des pilotes. Mais tous se glissent sans se faire prier dans l’étroit cockpit de ces monoplaces qu’ils graissent et lustrent amoureusement.