« C’est tellement fou comme projet, tellement éclaté, qu’il fallait vraiment être crinqué pour plonger là-dedans ! »

C’est l’automne dernier que Pierre Michaud a eu l’idée de se lancer dans un projet d’émission web autour de la restauration d’une voiture d’époque. Au départ, il avait en tête de reconstruire une muscle car. Trop banal, lui ont dit ses partenaires d’aventure.

« Les gars de mon âge, on a l’obsession de remonter des muscle cars, c’est une maladie qui ne se soigne pas, soutient l’animateur de l’émission RPM, présentée les dimanches sur Noovo. Mon ami Christian Lajeunesse, qui travaille dans le milieu de la carrosserie depuis longtemps, m’a convaincu qu’il n’y avait pas grand-chose à raconter sur une muscle car, tout a été dit. On s’est donc mis à fouiller, et on est tombés sur des histoires de familiales lowrider qui font actuellement un tabac en Californie. Les gens remontent les voitures à neuf et y installent des supports sur le toit pour transporter des planches de surf ! »

Une Plaza à l’abandon

PHOTO FOURNIE PAR L’AGENCE FDM

L’épave de la Plymouth Plaza Suburban 1955

L’équipe s’est donc mise à la recherche d’une familiale des années 1950. On croyait bien trouver une Chevrolet, mais c’est une Plymouth Plaza Suburban 1955 qui s’est présentée… dans un état lamentable. « On a trouvé la fameuse épave dans un bois de Sainte-Anne-de-Beaupré, elle traînait là depuis plus de 30 ans, nous raconte M. Michaud. C’est Christian qui avait lancé un appel à tous dans son coin — il demeure à Saint-Ferréol-les-Neiges ; un chum l’a rappelé pour lui dire qu’il avait quelque chose pour lui.

« Mais la Plaza était tellement en mauvais état qu’il a fallu qu’on lui trouve une âme sœur sur laquelle on pourrait prendre des pièces, poursuit l’animateur. On a donc trouvé une autre voiture de la même année, une Plymouth Belvedere, celle-là en état de marche — elle avait simplement un peu de corrosion dans le plancher. »

Le projet est toutefois si complexe que Pierre Michaud croit qu’il va s’échelonner sur presque deux ans.

Il n’y a plus de pièces disponibles pour la Plaza et fusionner sa carrosserie avec celle de la Belvedere est très difficile.

Pierre Michaud

« C’est pour ça que j’estime que le travail de Christian est celui d’un artiste : il travaille le métal comme un ébéniste, le bois. »

Suite en chantier

PHOTO FOURNIE PAR L’AGENCE FDM

L’épave a été retrouvée dans cet état dans un bois de Sainte-Anne-de-Beaupré.

La genèse du projet est expliquée en détail dans les deux premiers épisodes de la série, qui sont offerts depuis dimanche sur le site rpmweb.ca. C’est dans les six autres, mis en ligne chaque semaine, que l’on pourra suivre les pérégrinations de Pierre Michaud et de ses acolytes.

« On y aborde le démantèlement de la Plaza, on montre comment on démonte et récupère les composantes mécaniques de la Belvedere, explique l’animateur, par ailleurs très heureux de mettre les mains dans le cambouis. Il fallait ensuite avoir une idée du chemin à prendre ; on a donc confié au designer automobile et carrossier Carl André Giroux de nous livrer deux plans pour démarrer la reconstruction de la Plaza. C’est ce qu’on découvre dans le huitième et dernier épisode, c’est le tremplin qui lance la deuxième saison. »

Parce qu’on travaille justement à boucler le financement de la deuxième saison, dont la moitié est déjà tournée. À la lumière de l’intérêt que la série soulève dans son entourage, Pierre Michaud est confiant pour la suite des choses. « Les gens m’en parlent, plus encore que RPM, soutient-il. D’après moi, on va ratisser très large, c’est pour un public de 7 à 107 ans, c’est vraiment drôle de voir ça ! Mon coiffeur d’une trentaine d’années ne m’a jamais parlé de RPM, mais il est super enthousiaste par rapport à Crinqué. Même chose pour mon fils et ses amis dans la jeune vingtaine. »

Le passionné d’automobile croit par ailleurs avoir fait le bon choix en destinant sa série à une diffusion web. « Il y a pas mal de jeunes qui trouvaient que je sous-estimais le potentiel du web, nous explique Pierre Michaud. Sincèrement, je ne regrette pas du tout d’avoir privilégié l’internet. En fait, il faut continuer d’innover, il faut s’éclater et arrêter d’attendre après tout le monde, les diffuseurs ont leurs propres priorités.

« Mais ce n’est pas parce qu’on va sur le web que l’on va sacrifier la qualité, assure-t-il en conclusion. Je veux quelque chose de sans reproches, et je crois qu’on y est arrivé parce que l’on n’a rien à envier à que ce qui se fait de mieux du côté américain. »