La plupart des propriétaires de motos bruyantes adorent le son de leurs engins. Mais presque tous les autres trouvent ça agressant et détestable.

En Angleterre, une nouvelle technologie de mesure sonore automatique fait l’objet d’un projet-pilote qui pourrait changer les choses : si l’étude est un succès, des caméras audio seront placées au bord des rues et des autoroutes, un peu partout. Micros et lentilles à l’affût, ces appareils automatiques identifieraient les motos (et autres véhicules) en infraction 24 heures sur 24 et 7 jours par semaine.

Comme les radars-photo

Il est envisagé, éventuellement, que les caméras audio émettent automatiquement des contraventions qui seraient envoyées par la poste aux propriétaires des véhicules non conformes aux normes de bruit, comme le font les radars photo pour les excès de vitesse. Les propriétaires pourraient aussi être convoqués à un centre technique pour qu'on mesure le bruit émis par leurs véhicules.

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Quand les motocyclistes circulent en groupe, le problème du bruit est accru.

Le ministre des Transports du Royaume-Uni propose ces caméras audio dans sa croisade contre le bruit excessif de certaines motos et autres véhicules : «La pollution sonore dans les villes et villages de Grande-Bretagne empoisonne la vie des citoyens et a des impacts sérieux sur la santé publique. Voilà pourquoi je suis déterminé à sévir contre les conducteurs fautifs», a dit le ministre Chris Grayling dans un communiqué.

Projet-pilote de 7 mois

Son ministère a commandé des prototypes, qui seront essayés en divers endroits du pays durant les prochains 7 mois. Les caméras audio comprennent de l’équipement d’enregistrement audio et vidéo et un logiciel permettant de lire les chiffres et lettres de la plaque d’immatriculation.

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Un hot rod sans pot d'échappement.

La mesure du bruit risque d’être la partie la plus difficile --et la plus susceptible d’être attaquée en cour-- puisque les normes sonores varient en fonction des types de véhicules et même par année-modèle. Par ailleurs, le bruit ambiant des routes achalandées et les conditions météo du moment sont des variables importantes pouvant mettre en doute l'exactitude des mesures et la validité des contraventions.

Cette approche automatisée contraste avec l’approche québécoise. Ici, la Sûreté du Québec vient de terminer un projet-pilote qui devrait mener à l'adoption d'un protocole individuel non automatisé pour mesurer la conformité aux normes de bruit. La procédure prend beaucoup de temps et d'espace, nécessite la participation de plusieurs policiers formés pour utiliser un sonomètre et exige des conditions matérielles et météorologiques très précises.

Cette prudence est peut-être justifiée par des expériences passées.

Des échecs au Canada

En 2012, la compagnie albertaine Street Noise Reduction Systems avait avait convaincu la Ville de Calgary d'essayer sa caméra audio automatisée, appelée Noise Snare. L'appareil avait les mêmes objectifs que le projet-pilote britannique. La ville l'a utilisé durant l'été 2012 en mode manuel, c'est-à-dire utilisé par des policiers sur place. L'appareil a fait des mesures sonores sur 23 193 véhicules et détecté seulement 15 infractions. Les policiers ont émis une contravention mais le tribunal a déclaré le contrevenant non coupable sur une question de procédure.

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La mesure du bruit risque d’être la partie la plus difficile et la plus susceptible d’être attaquée en cour.

La compagnie Street Noise Reduction Systems semble avoir cessé ses activités.

À Edmonton, également en Alberta, quatre sonomètres n’émettant pas de contravention ont été installés en 2018 à quatre intersections, pour sensibiliser les automobilistes et les motocyclistes au bruit émis par leurs véhicules. La norme a été fixée à 85 décibels et un panneau DEL indiquait aux conducteurs le nombre de décibels émis par leurs véhicules, quand ils étaient immobilisés à l’intersection. 

Mais l’expérience a été un échec parce que les conducteurs faisaient exprès de faire révolutionner leurs moteurs pour voir quel niveau de bruit ils pouvaient atteindre, au désespoir des habitants du quartier. Après des plaintes des résidents, les sonomètres ont été retirés.

Pour lire le communiqué du gouvernement britannique sur les caméras audio, cliquez ici.

Pour lire le rapport technique commandé pour le projet-pilote, cliquez ici.