(Le Castellet) Pour le constructeur français Renault, le Grand Prix de France de F1, dimanche au Castellet, est le rendez-vous de l’année qu’il ne faut pas rater, même si la saison se joue sur 21 courses.

« On est une marque française historique, cela fait plus de 100 ans que l’on fait du sport automobile, le Grand Prix de France pour une marque française c’est un moment incontournable dans la saison », souligne Louis Bordes, directeur de la communication pour Renault Sport Racing.

Cette année marquera également le 40e anniversaire de la 1re victoire de Renault en F1, au GP de France 1979.  

Cette épreuve a fait son retour au calendrier de la discipline reine du sport automobile l’an dernier après neuf ans d’absence.

Le constructeur français ne cache pas qu’il a joué un rôle dans le retour de la F1 en France. « On a été sollicités, on a participé, on a soutenu le projet, Renault a poussé pour le retour d’un Grand Prix national car cela reste stratégique », indique le responsable.

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L'Australien Daniel Ricciardo, durant les essais libres du 7 juin au circuit Gilles-Villeneuve.

La marque au losange connait toutefois un début difficile cette année et ne pointe qu’en 5e position du classement constructeurs, juste derrière McLaren que Renault motorise. Ce n’est qu’au dernier GP au Canada que les deux monoplaces sont entrées ensemble dans les points avec une 6e place pour Daniel Ricciardo, le meilleur résultat en  sept courses jusqu’ici disputées, et une 7e pour Nico Hülkenberg.

Le responsable de l’écurie de F1, Cyril Abiteboul, a sonné le branle-bas de combat à Monaco à la mi-mai, affirmant qu’il voulait voir ses voitures terminer désormais régulièrement au moins aux 7e et 8e places, derrière celles des trois écuries qui dominent actuellement le plateau (Mercedes, Ferrari et Red Bull). Le pari a été rempli au Canada mais devra l’être aussi dimanche.

Les organisateurs du Grand Prix comptent aussi sur Renault pour faire vibrer la fibre patriotique du public. Si les deux pilotes français actuellement en F1 courent pour Red Bull (Pierre Gasly) et Haas (Romain Grosjean), une écurie française capable de bien figurer est un bon argument pour vendre des billets.

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Le pilote français Romain Grosjean, de l'écurie américaine Haas, assis sur un coffre à outils entre les deux séances d'essais du GP du Canada le 7 juin.

La F1 plutôt que Le Mans

« C’est un acteur majeur », affirme Éric Boullier, ambassadeur du GP de France en évoquant la présence de Renault. « Avoir une écurie nationale a beaucoup d’avantages pour un promoteur de Grand Prix », souligne-t-il.

« Les promoteurs de la F1 veulent des épreuves qui fonctionnent, qui attirent plein de fans, qui deviennent des “ambassadeurs” de la F1. Le fait d’avoir des pilotes et un constructeur français en F1, cela joue en faveur d’une discussion positive » avec eux, ajoute-t-il, alors que Renault aura encore cette année sa propre tribune de 1000 places au Castellet.

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Le pilote allemand Nico Hulkenberg, durant les essais précédant le GP de Monaco le 25 mai dernier.

Entre les 24 Heures du Mans que vient de remporter Toyota, et la F1, Renault a choisi. Le coût net pour un constructeur pour s’aligner dans le championnat d’endurance WEC, dont Le Mans fait partie, et celui d’une écurie de F1 comme Renault « est en gros le même », souligne Louis Bordes « et cela pour quasiment une seule épreuve dans l’année ».

« Quand vous la gagnez, vous avez un retentissement qui va durer une semaine voire un mois », estime-t-il, « alors que la F1 c’est 21 épreuves dans l’année, sur quatre continents. Aujourd’hui, à part la Coupe du Monde de football et les Jeux olympiques vous n’avez pas de plate-forme sportive qui couvre autant de gens ».

Un œil sur la Chine

Mais pour une multinationale comme Renault, qui forme une alliance avec le Japonais Nissan, d’autres GP pendant la saison revêtent aussi une grande importance, comme celui de Chine.

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Un employé astique cette voiture Renault F1 présentée lors du Salon de l'auto de Shanghaï le 26 avril dernier, 12 jours après le GP de Chine. La F1 donne à Renault une grande visibilité en Chine.

« Pour un euro investi en communication, nous avons environ 30 euros de retour image » en Chine, affirme Louis Bordes. « C’est un ratio que vous n’avez pas en France car vous ne touchez pas la même population et que vous n’avez pas le même nombre de gens non plus ».

« La rentabilité est énorme en terme de notoriété et de capacité à pénétrer le marché » et, pour exister sur un marché aussi grand, « la F1 reste le fer de lance », indique-t-il, comme en témoigne la présence de deux Chinois dans son académie de jeunes pilotes.

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