Sophie Cadieux, Rébecca Déraspe et Alix Dufresne l’avouent d’emblée : elles ont toutes trois hésité (un peu !) avant de se lancer dans l’aventure de Féministe pour Homme, un monologue grinçant signé par la Française Noémie de Lattre et présenté à l’Usine C.

L’idée de monter une comédie axée sur le féminisme – un sujet qui leur tient à cœur – en compagnie de créatrices qu’elles apprécient est toutefois venue à bout de leurs réticences.

Pourquoi avoir hésité ? D’abord parce que ce texte, très franco-français dans sa langue et son propos, avait besoin d’un sérieux coup de barre pour coller à la réalité québécoise. En matière de féminisme, le Québec et la France ne sont pas à la même place, estime la metteuse en scène Alix Dufresne. « Les interactions dans la rue, la hiérarchisation des rapports, la charge mentale : toutes ces choses se vivent différemment en France, où le patriarcat est plus assumé. »

Puis, il y a ce titre, très provocateur, que l’équipe n’a pas pu changer pour des raisons de droits d’auteur. L’important est de s’attarder au sous-titre sur l’affiche, affirment de concert les trois femmes de théâtre. Voici donc le titre en entier : Féministe pour Homme, guide de survie pour tous(tes).

« Il faut le dire : ce monologue ne s’adresse pas qu’aux hommes », indique la dramaturge Rébecca Déraspe, qui a reçu la délicate mission d’apprêter ce texte à la sauce québécoise.

Les femmes vont se reconnaître dans ce spectacle qui prend le pari de nous enseigner quelque chose d’important, parfois de façon très concrète. Saviez-vous que le clitoris mesure environ 12 cm ? Moi pas ! J’ai appris ça à 38 ans !

Rébecca Déraspe, dramaturge

Car oui, les replis de l’anatomie féminine font partie des nombreux sujets abordés dans ce monologue humoristique parfois cru, souvent audacieux, mais toujours bienveillant. De fait, ce texte touffu tire dans tous les sens : menstruations, langue épicène, séduction, image corporelle, pression sociale. Tout y est. « C’est un pizzaghetti, une somme de petits détails et de faits rassemblés sur la condition féminine », lance la comédienne Sophie Cadieux, qui porte ce solo sur scène. « Un pizzaghetti avec un peu de Zumba comme accompagnement », ajoute Alix Dufresne en riant.

Autodérision et humilité

Sophie Cadieux poursuit : « C’est surtout un spectacle qui parle d’égalité et d’humanisme. Ce n’est pas une leçon faite aux hommes. C’est un texte décomplexé, qui, oui, est un peu pamphlétaire dans l’écriture, mais qui embrasse toutes les contradictions féminines. Et surtout, le spectacle n’a pas la prétention de régler quoi que ce soit. Ça se veut très inclusif. »

« Sophie, Rébecca et moi sommes toutes des féministes imparfaites, dit Alix Dufresne. On parle de nos propres expériences. On est dans l’autodérision, dans l’humilité aussi. C’est sans doute la meilleure façon de briser les barrières. »

Or, comment convaincre ceux qui craignent (à tort, insistent les créatrices) de se faire faire la morale d’assister à ce solo décapant ? « C’est un spectacle qui se déroule dans le plaisir », dit Alix Dufresne. « Et qui est foncièrement drôle », conclut Rébecca Déraspe.

Féministe pour Homme est présenté à l’Usine C, du 27 au 31 octobre.