«Vous êtes surveillés. Le gouvernement possède une machine qui vous épie à toute heure du jour. Je le sais parce que je l'ai construite.» La voix qui ouvre ainsi chaque épisode de Person of Interest est reconnaissable entre toutes pour qui a suivi Lost. C'est celle de Michael Emerson, glaçant Benjamin Linus dans la série de J.J. Abrams. Lequel, en collaboration avec Jonathan Nolan (les «Dark Knight», Memento), est à l'origine de cette nouvelle saga qui se déroule dans un futur très proche. Peut-être même aujourd'hui.

Cette première saison (23 épisodes, en anglais ou en français) nous met en présence d'Harold Finch (Emerson), qui a décidé d'utiliser la Machine à ses fins. Le gouvernement s'en sert pour traquer les terroristes potentiels avant qu'ils ne passent à l'acte, mais se fiche des crimes «ordinaires» qu'elle pointe aussi; Finch va se charger de ces cas-là, avec l'aide de John Reese (Jim Caviezel), un ancien de la CIA et des Forces armées. L'un derrière le clavier, l'autre sur le terrain, ils tentent d'empêcher vols, meurtres, enlèvements, etc. avant qu'ils ne se produisent - ignorant si la personne désignée par la Machine est future victime ou agresseur.

Le concept est fascinant. Les cas proposés, surprenants. Les épisodes sont très bien écrits et réalisés. Là où le bât blesse, c'est sur le plan de l'attachement émotif aux personnages: c'est un peu comme si les créateurs de la série nous tenaient à un bras de distance pendant les 10 premiers épisodes. Nous allons d'un cas à l'autre, chaque boucle est bouclée en 60 minutes. Rien de personnel. Ou presque.

Le fil dramatique que l'on devine à travers quelques retours en arrière - Reese et la femme qu'il a aimée, Finch qui claudique sérieusement dans le présent et pas du tout dans le passé - prend du temps à s'amalgamer aux épisodes. Mais lorsque cela se fait, c'est avec pertinence et intelligence que le mystère s'épaissit et que la tragédie de ces deux hommes nous interpelle. Un certain humour vient aussi teinter la relation des deux complices. La série s'envole alors et mène à un dénouement qui nous laisse sur notre faim - ce qui est très bon signe: l'appétit est là pour la suite des choses.

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PERSON OF INTEREST. CRÉÉE PAR JONATHAN NOLAN ET J.J. ABRAMS. AVEC JIM CAVIEZEL, MICHAEL EMERSON, TARAJI P. HENSON, KEVIN CHAPMAN.