Dans Haute démolition, Étienne Galloy incarne Raph Massi, jeune humoriste dont l’ascension et la chute seront aussi spectaculaires l’une que l’autre. Il y trouve aussi son premier premier rôle « adulte »… mais probablement pas son dernier.

On a vu beaucoup Étienne Galloy depuis janvier : dans la quatrième saison de Plan B aux côtés de Pier-Luc Funk, dans les suites des séries pour ados Les bracelets rouges et Lou et Sophie. Mais si on a l’impression que sa carrière vient d’exploser, le comédien de 23 ans a déjà 11 ans d’expérience et a joué tant dans le téléroman L’échappée que dans le film Kuessipan.

Un parcours déjà long qui a suivi une « belle pente montante », juge le jeune homme, charmant mélange d’assurance et de questionnements.

Enfant, Étienne Galloy, originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, rêvait de jouer dans Kaboum. À 12 ans, à peine deux mois après avoir convaincu sa mère de l’inscrire dans une agence de distribution artistique, il obtient son premier rôle dans la websérie Le chum de ma mère est un extraterrestre, écrite par Eric K. Boulianne. Une rencontre déterminante puisqu’il incarnera ensuite l’alter ego adolescent du scénariste de Viking dans plusieurs films, dont Prank !, qui ira jusqu’au Festival de Venise en 2016.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Dans Haute démolition, Étienne Galloy est heureux de pouvoir montrer une palette « plus mature » de son jeu.

« Sans Éric, je ne sais pas si j’aurais une carrière. J’ai un certain talent, mais des fois, c’est aussi un concours de circonstances. » Ils ne font plus de films ensemble, mais « Éric n’est jamais bien loin », raconte le jeune comédien. « C’est avec lui que j’ai écrit mes stand-up sur Haute démolition. »

Étienne Galloy n’avait pas auditionné pour le rôle de Raph – il visait plutôt celui de Thomas, son gérant, parce qu’il se voyait bien dans « sa bonhomie et son pathétisme ». Il n’a pas été pris, mais a été rappelé en audition pour le rôle principal… où il est allé à reculons.

J’avais lu le livre de Jean-Philippe Baril-Guérard, j’avais trippé, mais ne savais pas si je fittais avec le personnage.

Étienne Galloy

Les choses ont cliqué avec sa partenaire de jeu Léane Labrèche-Dor, et dès le lendemain, il obtenait le rôle. « Une excellente décision ! », lance-t-il. La chose mérite précision. « Je veux dire que je pense que j’ai fait une bonne job. Mais jamais je n’aurais cru que je pourrais le faire s’ils n’avaient pas essayé. »

Dans Haute démolition, Étienne Galloy est heureux de pouvoir montrer une palette « plus mature » de son jeu. Il s’éloigne aussi radicalement de ses personnages d’ados débonnaires, « émancipation » dont il est content.

« On dirait qu’il n’y a pas eu de transition. Je suis passé de jouer des gars puceaux à des gars qui ont plein de scènes de nudité ! »

Celui qui a vite compris que sa drôlerie naturelle passait bien à l’écran – « J’aime la comédie qui n’est pas jouée » – a fait le pari de la « nuance de ton ». C’est le genre de personnage qu’il cherche et qu’il trouve dans des productions comme Les bracelets rouges, Plan B, Lou et Sophie et Haute démolition, dont la qualité l’épate.

« J’espère que la série va être vue comme elle le mérite. Que ça va se vendre, se faire voir ailleurs. C’est bon, bien réalisé, bien monté. C’est du calibre de grandes plateformes. »

Chute

Jusqu’à maintenant, seulement deux des six épisodes de la série réalisée par Christian Laurence ont été diffusés par Série+. Sans rien divulgâcher, disons que les choses se mettront vite à mal aller pour Raph. Mais Étienne Galloy lui a insufflé assez d’humanité et de charisme pour qu’on l’aime, même s’il devient de plus en plus « problématique ».

« Tu te rends compte que toute sa motivation vient de l’intimidation qu’il a subie au secondaire. C’est un personnage qui pourrait être détesté rapidement, mais j’ai essayé de lui mettre une bonhomie, un naturel comique qui fasse que c’est un ti-gars, pas un adulte qui est conscient de tout ce qu’il fait. »

Tirée d’un roman de Jean-Philippe Baril-Guérard, Haute démolition est un portrait dur du milieu de l’humour et de sa toxicité. Étienne Galloy s’est rendu compte que les vedettes qui se sentent « intouchables et invincibles » ont parfois des comportements répréhensibles sans même s’en rendre compte.

Dans leur tête, ça ne se peut pas qu’ils aient fait quelque chose de wrong, parce que tout le monde les aime.

Étienne Galloy

Le comédien a aimé incarner ce personnage incapable de gérer ses émotions. Lui-même a connu de l’intimidation dans sa jeunesse… ce qui n’a pas fait de lui une personne désagréable pour autant. « Non, je pense que je suis ben smath ! » Cela lui a cependant laissé quelques sujets sensibles à travers la gorge.

« J’ai été intimidé sur mon poids et j’ai encore une angoisse par rapport à mon apparence. Les scènes de nudité sont un défi, mon p’tit gras abdominal me stresse quand je suis assis. Mais crime, je me dis que de me voir être bien à l’écran dans ce corps peut enlever de l’anxiété à certaines personnes. »

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Tirée d’un roman de Jean-Philippe Baril-Guérard, Haute démolition est un portrait dur du milieu de l’humour et de sa toxicité.

C’est un peu une mission pour le comédien, qui est aussi réalisateur à ses heures. « Je veux tout faire, toucher à tout. On ne vit rien qu’une fois, you know ostie ! » Il a fondé sa boîte de production et a quelques projets en développement, question de nourrir son côté entrepreneur et d’apprendre à faire des films autrement que par le jeu. Où se voit-il à 30 ans ?

Des fois, je me questionne. Je me demande si je suis assez bon. Je pense que oui, que j’ai ma place dans ce milieu. Mais comment ça se déterminera sur le long terme ? Je ne sais pas.

Étienne Galloy

Il réfléchit un peu. « J’aimerais me construire un petit empire. » On le regarde avec un air dubitatif.

« Oui, comme Louis Morissette, c’est une inspiration ! Le gars, il est humoriste, comédien, scénariste, producteur, il a ses bureaux… C’est ça, à 30 ans, j’aimerais avoir des bureaux ! Avoir une petite équipe, devenir un gentil empire, et quand je ne tourne pas, développer des séries, des films. Ouin, je pense que j’aimerais vraiment ça, avoir des bureaux. Comme ça je n’aurais plus besoin d’écrire sur mon divan. »