The First Lady, série présentée sur Crave, nous plonge dans la vie de trois premières dames américaines, Eleanor Roosevelt, Betty Ford et Michelle Obama. Trois époques différentes, trois femmes qui ont vécu à la Maison-Blanche et qui ont marqué l’histoire chacune à leur façon. The First Lady, c’est aussi le plaisir de retrouver trois comédiennes de grand talent, soit Gillian Anderson, Michelle Pfeiffer et Viola Davis.

La Maison-Blanche autrement

C’est la réalisatrice Susanne Bier (The Undoing, The Night Manager) qui signe les 10 épisodes de la série qui alterne entre des documents d’archives et des flash-backs où on retrouve ces femmes dans leur jeunesse et, finalement, dans leur vie de première dame. On découvre à quel point elles ont été influentes, féministes et progressistes. Dès le début de la série, on a le sentiment d’être un témoin privilégié de leur vie et c’est ce qui nous captive jusqu’à la fin.

« On entre dans la Maison-Blanche par une autre porte. C’est tout ce qui ne se voit pas et qui se trame derrière qui est mis en scène et c’est fascinant », estime Martine Delvaux, écrivaine et professeure au département d’études littéraires de l’UQAM. Elle souligne avoir appris beaucoup de choses en regardant la série.

L’influence des premières dames

PHOTO RAMONA ROSALES, FOURNIE PAR SHOWTIME

Gillian Anderson incarne Eleanor Roosevelt dans The First Lady.

On voit qu’Eleanor Roosevelt (Gillian Anderson) a été une grande pionnière, une militante qui va influencer son mari, Franklin Delano Roosevelt, sur le plan des droits de la personne ; elle a notamment joué un rôle clé dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle tient aussi des conférences de presse, écrit dans un journal et a une chronique à la radio. C’est elle qui, lors de l’attaque de Pearl Harbor en 1941, prendra la parole à la radio nationale pour parler aux Américains. Sur le plan plus intime, on rappelle aussi qu’Eleanor Roosevelt est tombée amoureuse de la journaliste Lorena Hickock avec qui elle a entretenu une liaison. « Elle mène cette double vie à la Maison-Blanche, ce qui est d’une incroyable modernité », note Martine Delvaux.

Selon Valérie Beaudoin, chercheuse associée à l’Observatoire sur les États-Unis à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, même si la série manque un peu de profondeur, le fond historique est important. La réalisatrice montre bien l’influence de ces trois premières dames sur la politique des présidents. « Ce sont trois femmes fortes qui n’écoutent pas les conseillers du président, car elles tiennent à faire avancer des causes importantes. Sans elles, la vie américaine aurait été différente et moins progressiste. Elles ont leur place dans l’histoire américaine, car elles ont été à l’avant-garde, et on a tendance à l’oublier », estime-t-elle.

C’est l’histoire de Betty Ford (Michelle Pfeiffer) qui l’a le plus fascinée. « Elle a beaucoup fait pour l’égalité et le droit des femmes dans une administration républicaine en 1975. Elle a parlé d’avortement, mais aussi de l’importance de la mammographie après avoir eu un cancer du sein, elle n’a rien caché de son état de santé. Elle a parlé ouvertement de ses problèmes de consommation d’alcool et de dépendance aux médicaments, car elle voulait une vraie transparence en cette époque post-Nixon », analyse Valérie Beaudoin.

Le passé, pour comprendre l’avenir

PHOTO JOEL C RYAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Viola Davis, Gillian Anderson et Michelle Pfeiffer à Londres lors du lancement de Paramount+, le 20 juin dernier

The First Lady évoque aussi le passé de ces trois femmes, ce qui nous permet de mieux comprendre leurs motivations. « On comprend pourquoi Michelle Obama s’est impliquée dans le domaine de la santé. Son père a été malade, n’avait pas de bonnes assurances et en a souffert. Elle a aussi été victime de racisme ordinaire toute sa vie, ce qui a forgé sa personnalité », indique Valérie Beaudoin.

« Pourquoi devient-on féministe ? Quel est le rôle du féminisme ? La réponse est là, à trois époques différentes, pour des raisons différentes, pour la paix dans le monde, le droit des femmes, l’aide aux réfugiés, pour la liberté sexuelle, peu importe, il y a toujours une importance à la lutte féministe et la série le montre bien. Elles ont toutes été à l’avant-garde et juste pour ça, cette série est inspirante », estime Martine Delvaux.

Des critiques, bonnes et mauvaises

PHOTO JACKSON LEE DAVIS, FOURNIE PAR SHOWTIME

Viola Davis incarne Michelle Obama dans la série The First Lady.

Les critiques ont été sévères envers le jeu de la comédienne Viola Davis, qui incarne Michelle Obama. « Ça dérange. Elle en a trop mis, elle n’était pas obligée d’en faire autant pour ressembler à Michelle Obama, c’est trop caricatural », souligne Valérie Beaudoin. The First Lady reste une série à voir, car elle a beaucoup de qualités.

« L’esthétisme de Susanne Bier, le soin des décors et, surtout, de voir que ces femmes dérangent par leur modernité. Il y a autour de ces trois premières dames une communauté, une entraide, c’est un modèle de solidarité entre femmes. Elles bousculent les conventions et réinventent le monde. »

The First Lady est diffusée sur Crave.