« Rien n’arrive pour rien et tout arrive à point. » C’est avec cette phrase que Virginie Ranger-Beauregard résume son parcours depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, en 2012. Dix ans plus tard, sa carrière connaît un boom sans précédent. Au cours des sept derniers mois, son nom a figuré au générique de trois séries : Un lien familial, Entre deux draps et District 31. Et cette semaine, une quatrième s’ajoutera au groupe : Manuel de la vie sauvage.

En entrevue, la comédienne concède qu’elle aurait bien aimé profiter d’un aussi bel élan en début de course, mais qu’importe, elle apprécie sa route. Et récemment, quand sa photo de finissante a ressurgi comme « souvenir » sur Facebook, elle peinait à croire qu’autant de temps s’était écoulé.

« Je n’ai pas explosé en sortant du Conservatoire, mais j’ai toujours eu quelque chose à faire, des rôles agréables à défendre… Je ne me suis pas ennuyée. Je n’ai pas traversé de longues périodes d’inquiétude par rapport au métier. Et mon agent me répète souvent : “Tu fais un marathon, pas un sprint.” »

Manuel de la vie sauvage n’est pas un projet parmi tant d’autres pour Virginie Ranger-Beauregard.

PHOTO DANNY TAILLON, FOURNIE PAR SÉRIES PLUS

Virginie Ranger-Beauregard sur le plateau de Manuel de la vie sauvage

« C’est mon premier “premier rôle”, se réjouit l’actrice de 33 ans. C’est la première fois que je fais autant partie du cœur principal d’une série. Je sentais que j’avais l’occasion de donner mon opinion, de parler des scènes, etc. J’étais impliquée. C’était l’fun. »

Dans cette captivante adaptation du populaire roman de Jean-Philippe Baril Guérard (Royal, Haute démolition) qui raconte l’histoire de Kevin (Antoine Pilon), un jeune homme ambitieux rêvant de réussir en affaires, Virginie Ranger-Beauregard incarne Ève, une première de classe qui possède intelligence et beauté et qui sait comment s’en servir pour atteindre ses objectifs. Ensemble, ils fonderont une jeune pousse avec l’aide de Laurent (Rodley Pitt), un génie de l’informatique.

« Je trouvais ça intéressant qu’on plonge dans quelque chose d’un peu différent, qu’on découvre un nouvel univers, qu’on sorte des situations du quotidien, déclare la comédienne. Le milieu de l’informatique, on pourrait penser que c’est stagnant, mais finalement, c’est assez mouvementé ! »

PHOTO DANNY TAILLON, FOURNIE PAR SÉRIES PLUS

Antoine Pilon, Virginie Ranger-Beauregard et Rodley Pitt dans Manuel de la vie sauvage

La comédienne décrit Ève comme une personne déterminée qui « obtient toujours ce qu’elle veut ».

C’est une femme qui évolue dans un milieu d’hommes. Elle sait qu’elle peut utiliser son charme pour parvenir à ses fins. Et c’est ce qu’elle fait. Elle n’hésite pas.

Virginie Ranger-Beauregard à propos de son personnage d’Ève

« Pour elle, ce n’est pas une forme de prostitution. Elle ne fait pas ça à contrecœur. Au contraire. Elle y prend plaisir. Ça ne l’embête pas de faire 23 sourires pour avoir ce qu’elle veut, parce qu’elle sait que ce n’est pas tout ce qu’elle a », indique la comédienne.

Une travaillante

Virginie Ranger-Beauregard a beaucoup aimé fouler le plateau de Manuel de la vie sauvage, non seulement parce qu’elle aimait le matériel, mais aussi parce qu’elle y côtoyait des amis, comme Jean-Philippe Baril Guérard, Gabriel Lemire (qui interprète un avocat aux principes moraux élastiques) et Christian Laurence, qui réalise la série en plus de l’avoir coécrite.

Ce dernier ne tarit pas d’éloges envers l’actrice, qu’il décrit comme une fille d’une grande beauté avec énormément de chien, une combinaison qu’on devait retrouver chez Ève. « La caméra adore Virginie. La lumière l’adore. Elle a une présence exceptionnelle, et son éthique de travail est irréprochable. Tout ça mis ensemble, c’est gagnant. Ça ne m’étonne pas qu’elle soit autant demandée aujourd’hui. Ce qui me surprend, c’est que ça ne soit pas arrivé plus tôt. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Laurence, réalisateur

Virginie Ranger-Beauregard reçoit également le sceau d’approbation de Sophie Lorain, sa partenaire de jeu dans Au secours de Béatrice qui l’a ensuite dirigée dans deux séries, Les invisibles et Un lien familial. Jointe au téléphone, l’actrice, réalisatrice et productrice salue sa polyvalence, sa répartie et, surtout, sa capacité à répondre aux attentes sous pression, une qualité essentielle pour pouvoir soutenir le rythme effréné des tournages au Québec.

« C’est une bûcheuse, déclare-t-elle. C’est une fille avec ses principes, ses valeurs. Elle est capable de répondre à qui de droit quand quelque chose ne fait pas son affaire. Je sais, je l’ai vue faire ! C’est aussi une actrice douée. Elle peut avoir beaucoup d’aplomb, tout en étant drôle et touchante. Ce sont des zones pas toujours évidentes à jouer. Ça demande beaucoup de dextérité sur le plan de l’interprétation. »

Une nouvelle facette

Virginie Ranger-Beauregard s’est toujours intéressée au métier d’actrice. Plus jeune, elle accompagnait son père marionnettiste à différentes émissions pour enfants, comme Pacha et les chats, La maison de Ouimzie et Bonjour, madame Croque Cerise. Comédienne, sa mère faisait également partie du milieu. Elle a toutefois dû quitter la profession en raison d’un handicap visuel.

Au secondaire, je faisais de l’art dramatique, mais c’est en faisant de l’impro que tout est devenu clair. Parce que tu peux tout faire en improvisation. Il n’y a pas de limites. Ça m’a permis de découvrir que j’aimais me transformer, essayer plein de choses et explorer toutes sortes d’univers.

Virginie Ranger-Beauregard

Cet amour de l’improvisation, Virginie Ranger-Beauregard le partage aujourd’hui avec Pier-Luc Funk, son copain. Ensemble, ils incarnent Lydia et Antoine, un des couples au cœur d’Entre deux draps, cette comédie à sketchs de Noovo créée par l’humoriste Matthieu Pepper. Hormis une scène dans Pour toujours, plus un jour, les deux amoureux n’avaient jamais travaillé ensemble. Leur chimie s’est transposée devant l’objectif, et l’expérience s’est avérée concluante.

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Pier-Luc Funk et Virginie Ranger-Beauregard dans Entre deux draps

« La comédie, c’est un style dans lequel les gens ne m’attendaient pas nécessairement. Et pourtant, je suis quelqu’un de drôle ! Du moins, c’est ce qu’on me dit. Mais les rôles que j’avais joués jusque-là étaient surtout dramatiques. Je suis contente d’avoir pu montrer cette facette de moi », déclare celle qu’on verra l’automne prochain dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, la première série télé de Xavier Dolan, attendue sur Club illico.

La fin de District 31

Dans quelques jours, Virginie Ranger-Beauregard terminera les tournages de District 31, qui tirera sa révérence en avril après six saisons. Depuis 2017, elle y campe Stéphanie Malo, le « petit rayon de soleil du poste », comme dirait Bruno Gagné. Bien qu’elle gravite autour du noyau central du populaire feuilleton de Luc Dionne, la comédienne s’en fait souvent parler. Elle perçoit cette reconnaissance du public comme le signe d’un travail réussi, puisqu’avec son rôle de technicienne au service de l’identité judiciaire, sa présence aurait facilement pu passer inaperçue.

« Je suis la personne qui vulgarise des explications qui, autrement, pourraient paraître exhaustives, résume-t-elle. Mon but, c’est de rendre ça accessible, compréhensible et pas trop lourd, même s’il s’agit habituellement de morts assez horribles. »

L’actrice a visiblement pris cette responsabilité au sérieux. Chaque fois qu’elle apprend ses répliques, elle s’assure de bien comprendre chacune des phrases qu’elle prononce, quitte à chercher la définition de certains termes sur l’internet. Voilà pourquoi elle peut aujourd’hui nous parler de « lividité cadavérique » (!) avec autant d’aisance.

« Comme je n’ai pas à tourner chaque jour, je peux prendre le temps d’aller sur Google pour maîtriser mon sujet ! », rigole-t-elle.

Bien qu’elle soit triste de voir la série quitter l’antenne, Virginie Ranger-Beauregard aime qu’elle plie bagage au sommet des cotes d’écoute. « C’est correct de s’arrêter alors que les gens sont encore accrochés. Luc Dionne n’a pas attendu de n’avoir plus rien à dire. Il n’aurait pas voulu décevoir le public. »

Séries Plus présente Manuel de la vie sauvage dès mercredi, 20 h ; District 31, du lundi au jeudi à 19 h sur ICI Télé ; Entre deux draps, les mercredis à 19 h 30 sur Noovo