La confusion règne, camarades téléphages. Et ça se comprend. Pourquoi, dans District 31, les policiers s’évitent comme s’ils sortaient du réacteur de Tchernobyl, alors que ça se bécote amoureusement dans 5e Rang (genre Réginald et Julie) et que ça s’étreint avec passion dans Une autre histoire ?

La réponse est simple : les épisodes de 5e Rang et Une autre histoire que Radio-Canada relaie présentement ont tous été tournés avant le confinement. La société d’État devrait insérer un panneau indicatif pour le signaler, ce qui éviterait une montagne de courriels de téléspectateurs qui ne comprennent pas pourquoi Valmont et Belleville n’ont pas basculé en zone orange, eux aussi.

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Marina Orsini (Anémone/Manon), Danielle Proulx (Lise Beauregard) et les autres acteurs d’Une autre histoire semblent ignorer les règles de distanciation. Voici pourquoi.

Pour l’instant, Radio-Canada ne voit pas la nécessité d’ajouter un message d’avertissement juste avant 5e Rang ou Une autre histoire afin de dissiper le brouillamini. Ce serait pourtant si simple à exécuter : « Cette émission a été enregistrée avant la pandémie, nous préférons vous en avertir. » Affaire classée.

Sachez qu’il reste encore quatre épisodes de 5e Rang et dix d’Une autre histoire où il n’y aura aucune distanciation physique. Ce problème ne se pose pas pour Toute la vie, dont les nouveaux chapitres ont été bouclés cet été en suivant les consignes sanitaires en vigueur. Et ça ne paraît pratiquement pas dans nos télés.

D’ailleurs, plus les semaines s’écoulent, plus les réalisateurs dénichent des astuces brillantes pour adoucir l’effet des mètres à conserver entre les acteurs. Dans District 31, c’est nettement plus subtil. Je vous l’avais dit. Il faut donner du temps aux équipes techniques pour apprivoiser cette situation jamais vue.

Ces téléromans dits classiques, qui s’échelonnent sur plusieurs saisons, vous ont manqué. Les cotes d’écoute de la rentrée automnale l’indiquent clairement. Encore cette semaine, Toute la vie (795 000), Une autre histoire (777 000), 5e Rang (869 000) et District 31 (plus de 1,6 million) ont surclassé des téléséries évènementielles telles Mon fils (709 000), Fragile (626 000) ou C’est comme ça que je t’aime (629 000).

Parenthèse, pour ceux qui ont posé la question : TVA a repoussé L’heure bleue d’une demi-saison, tandis que L’échappée rouvrira ses portes le lundi 26 octobre à 20 h.

À la fin d’avril, au pire du pire de la crise covidienne, ce plaisir quotidien des rendez-vous télévisuels fixes avait disparu.

Il y a une forme de réconfort à renouer, soir après soir, avec des personnages que nous suivons depuis tant d’années. C’est un point d’ancrage dans notre horaire de plus en plus atypique.

Ma journée a été de la bouette ? Pas de stress, il y a un épisode de (insérez ici le nom de votre série préférée) qui m’attend ce soir. Moi, c’est OD mon petit bonheur.

La mode est présentement aux séries complexes, touffues et extra courtes. Mais ce qui attrape les cœurs à long terme, ce sont encore et toujours les téléromans. Nos telenovelas bien à nous. Et il s’en fabrique de très bonnes.

Dans Une autre histoire, Anémone/Manon (Marina Orsini) a enfin rencontré les trois enfants qu’elle a eus avec Ron (Vincent Graton) dans sa première vie. Le mélange des deux familles provoque déjà des flammèches.

J’aime les magouilles qui entourent le personnage du méchant Valaire Petterson (Steve Banner). Sa fille s’appelle Mona (Marie-Évelyne Baribeau), ce qui est un hommage à peine voilé à Manon, sa mère biologique, je présume. J’aime que la très rigide Patricia (Marie Turgeon) montre enfin son côté sombre en organisant les livres comptables de Valaire. Je m’ennuie de la secte de Patricia. Où se cachent ses fidèles, hein ?

Tout ce qui entoure l’avocat visqueux Steeve (Francis Ducharme), alias le conjoint violent, est super intrigant. Le dentiste Sébastien (Benoît McGinnis) fonce directement dans son piège.

C’est tout aussi chargé dans 5e Rang, où le bourru Charles (François Papineau) est hanté par des « flash-back » du jour où il a abattu son père. À l’époque, Marie-Luce (Maude Guérin) et le garagiste Paul (Luc Senay) ont assisté au meurtre déguisé en accident de chasse et ont juré de ne jamais rien dire à la police. On sent Charles vaciller, sur le point de craquer.

J’espère que l’arrivée d’Agostina, dite Tina (Brigitte Poupart), un personnage super payant, fera débloquer l’interminable enquête sur la mort de Guy Bérubé (Bobby Beshro), l’ex-mari de Marie-Luce. Parce que là, c’est le brouillard le plus opaque. On ne sait plus où cette intrigue se dirige.

On aurait le goût de dire à la formidable Gladys (Julie Roussel) : lâche donc le tueur en série des années 80, cibole, et concentre tes efforts sur le squelette de Guy, le pauvre Guy, qui a été jeté aux cochons.

Me semble que c’est aussi évident que les techniques de maquillage d’une autre époque de la belle Francine (Muriel Dutil), non ?