Il s’en est fallu de peu pour que je raye 5e Rang des adresses fréquentables de mon GPS télévisuel.

Les écornifleux Sam et Joe (Roger La Rue et Michel Laperrière) sortis des années 50, le tiraillage à propos des plans de drainage d’un terrain de la ferme ou le niaisage pour le déménagement de la copine de Julie (Marie-Ève Milot) au Québec : même la tisane magique au curcuma de la série Épidémie n’aurait pas anéanti le virus de l’ennui que distillaient ces bouts d’intrigue.

Mais depuis quelques semaines déjà, 5e Rang a repris du poil de la bête, peut-être celle qui a tué Guy Bérubé (Bobby Beshro) dans le parc à cochons, qui sait.

Les auteurs Sylvie Lussier et Pierre Poirier ont recentré l’histoire de leur téléroman radio-canadien sur ce qui captive le plus : les affaires policières. Et ça marche. Qui s’ennuie des sœurs Marie-Christine (Julie Beauchemin), Marie-Paule (Ève Duranceau) et Marie-Jeanne (Catherine Renaud), qui ne servent presque à rien dans le scénario ?

Au diable l’agriculture bio, vive les interros. La semaine dernière, nous avons eu droit à une séquence de type Silence des agneaux où le tueur en série caressait ses objets-trophées, comme à la belle époque de Mémoires vives.

En même temps, l’aspect plus léger du téléroman n’a pas été évacué, notamment grâce à la formidable Gladys (Julie Roussel), la femme la plus perspicace et la plus attachante de Valmont.

Au garage, les scènes comiques entre le bourru Paul (Luc Senay) et le nigaud Jean-Michel (Frédéric Millaire-Zouvi) allègent joliment l’atmosphère plus sombre des derniers épisodes. En parallèle, Gladys, Paul et Jean-Michel trempent également dans des trucs glauques, ce qui leur donne encore plus de relief.

L’enquête sur l’assassinat de la prostituée Laura Kaminski (Léa Girard-Nadeau) a été écrite comme un chapitre de District 31, avec une kyrielle de détails accrocheurs. Du bon matériel à jouer pour Julie Du Page, qui incarne la sergente-détective Sophie Duhamel.

Il reste un paquet de mystères à éclaircir dans 5e Rang : qui a empoisonné Vince (Francisco Randez) au fentanyl ? Qui a tué Carole, la maman de Réginald ? Le flic Nicolas (Frédéric Pierre) survivra-t-il à la balle qui l’a atteint au thorax ? Qu’est-ce qui a provoqué l’accident de Réginald ? Et qui, seigneur, a voulu se débarrasser de Guy au premier épisode ?

Le policier Fred (Maxim Gaudette) et sa collègue Sophie n’auront vraisemblablement pas le temps de dîner au Carré Vert avec Mireille (Geneviève Brouillette).

La finale des Pays d’en haut, maintenant. Pour ceux qui l’ont ratée lundi soir, l’alerte au divulgâcheur siffle ici comme le train du Nord auquel a tant rêvé le curé Labelle (Antoine Bertrand).

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Le chemin de fer à la gare de Sainte-Adèle a été inauguré dans Les Pays d’en haut.

Alors, un exode a frappé Sainte-Adèle, lui faisant perdre quasiment autant de citoyens que la maudite variole. Délima (Julie Le Breton) a levé les voiles pour le Red Light. Angélique (Madeleine Péloquin) a sauté dans le train pour Montréal, où elle entamera sa formation d’avocate.

Alexis (Maxime Le Flaguais) et sa douce Artémise (Mylène St-Sauveur) ont mis le cap sur le lac Témiscamingue, en plein bois. Madame Curé (Josée Beaulieu) est morte. Arthur Buies (Paul Doucet) préparait son déménagement à Saint-Jérôme. Rajoutez à tous ces départs la fuite de Donatienne (Kim Despatis) et Pâquerette (Romane Denis) à Lowell et il ne reste plus un seul chrétien pour assister aux messes du curé Caron (David La Haye).

En plus, la dernière image de la cinquième saison des Pays d’en haut montrait Séraphin (Vincent Leclerc) à l’agonie après avoir été atteint d’un coup de feu à la poitrine. Qui donc verrons-nous dans la prochaine saison, prévue à l’hiver 2021 ?

L’action reprendra peu de temps après l’incident de la gare, m’explique la productrice des Pays d’en haut, Sophie Deschênes, de chez Sovimage. « Il y a un évènement dramatique qui va bouleverser Sainte-Adèle, qui va vraiment brasser la cage », ajoute-t-elle.

De nouveaux personnages se joindront à la distribution (on ne sait pas encore lesquels) et des anciens reviendront aussi. Le talentueux Yan England reprendra son rôle de réalisateur pour ces six nouveaux épisodes.

Ah oui, trois lecteurs Columbo ont relevé une erreur qui a échappé au pourtant très rigoureux et ultraperfectionniste scénariste Gilles Desjardins. Le train qui entre en gare à Sainte-Adèle est un convoi du CN, alors que c’est le Canadian Pacific (Montreal & Occidental) qui a atteint Sainte-Adèle à la fin du XIXe siècle.

Pour détecter l’erreur, il faut stopper l’image et décoder le sigle « Canadian National » obstrué par le notaire Le Potiron (Jacques Allard). Ça passe super vite, mais nos lecteurs ont l’œil vif !