Notre panel a souligné six évènements, émissions ou personnalités qui ont marqué la dernière décennie au petit écran.

Le « téléroman nouveau genre »

Au cours des 10 dernières années, nous avons vu l’arrivée du « téléroman nouveau genre » comme le nomme Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « Alors que plusieurs avaient prophétisé la “mort” du téléroman, le succès d’Unité 9 (de 2012 à 2019) a ainsi prouvé l’attachement durable des Québécois pour les longs récits télévisuels », dit-elle. Aussi produit par Fabienne Larouche, District 31 a été souligné par nos experts. « Qu’une quotidienne arrive à scotcher un million et demi de téléspectateurs à 19 h, en ces temps troubles pour la télé conventionnelle, est un évènement », souligne Thérèse Parisien, chroniqueuse culturelle au 98,5 FM et à C’est juste de la TV.

Succès par le rire

PHOTO BERTRAND CALMEAU, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Les beaux malaises, avec Martin Matte et Julie Le Breton

Pour faire ses choix, l’animatrice Christiane Charette a misé sur des émissions « rassembleuses et efficaces ». C’est le cas des Beaux malaises de Martin Matte, diffusée de 2014 à 2017. Une série qui aurait pu se retrouver facilement dans la grille horaire de Radio-Canada, mais qui a plutôt été présentée à TVA. L’animatrice salue d’ailleurs « l’audace » de TVA et parle d’un « très beau mariage » entre la chaîne et ses créateurs. Environ 2 millions de personnes regardaient cette comédie, maintenant offerte sur Netflix dans 190 pays. Christiane Charette souligne aussi « l’originalité et l’excellence » de la comédie Like-moi ! de Marc Brunet, qui met en scène une génération qu’on voyait moins au petit écran. L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision ajoute d’ailleurs que « la gang de SNL Québec » a aussi brillé dans plusieurs émissions, dont Like-moi !.

L’influence de Louis Morissette

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Louis Morissette et KOTV, sa société de production, ont connu un succès remarquable au cours de la décennie.

Pour l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision, « l’ascension de KOTV » est un des faits marquants de la décennie. La société de production de Louis Morissette a été fondée en 2011 et a pris rapidement de l’expansion. Pour Thérèse Parisien, le producteur, humoriste et acteur est « la » personnalité télé de la décennie. « Avec ses complices Alain Chicoine et Louis-Philippe Drolet, il a fait progresser son entreprise à vitesse grand V pour offrir des contenus sur toutes les plateformes ». C’est KOTV qui produit une grande partie des productions de Véro. tv, ainsi que les émissions mettant en vedette Véronique Cloutier. Louis Morissette est aussi derrière Plan B, La maison bleue, Les Simone et les Bye Bye de 2010 à 2014.

L’effet 19-2

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Benz Antoine et Claude Legault dans 19-2

Pour « l’ensemble de l’œuvre », Ian Quenneville, directeur du programme télévision à l’Institut national de l’image et du son (INIS), a nommé la série  19-2, réalisée par Podz et mettant en vedette Réal Bossé et Claude Legault, comme un des évènements phares de la dernière décennie. « C’est une série signature qui a été marquante pour le paysage de la télévision québécoise. » Sophie Beauparlant, professeure au programme Art et technologie des médias au cégep de Jonquière, est du même avis et souligne que « malgré des budgets nettement en deçà de ceux des productions américaines », les téléséries ont exploré des « univers jamais vus sur nos écrans ». Elle nomme aussi Série noire et Plan B.

Éric Salvail à V

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Avant les allégations d’inconduites sexuelles, Éric Salvail était un incontournable à la chaîne V.

Avant les allégations d’inconduites sexuelles, Éric Salvail était un incontournable à la chaîne V. En 2013, il en devient la tête d’affiche et y anime  En mode Salvail, Les recettes pompettes et Ce soir tout est permis, pour lesquels il est récompensé aux prix Artis. Pour Christiane Charette, il faut remonter au Grand blond avec un show sournois et au Poing J pour retrouver un talk-show « aussi fort » que celui de l’animateur et producteur. Grâce à Occupation double, Julie Snyder continue d’attirer les téléspectateurs à V, dont les jeunes. Il reste à voir si elle réussira aussi à faire sa marque avec son nouveau talk-show.

L’arrivée des plateformes numériques

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Série noire est l’une des rares séries québécoises qui s’est retrouvée sur Netflix.

Avec son implantation au Canada en 2010, Netflix a bouleversé les pratiques d’écoute télévisuelle. Rappelons que la plateforme Tou.tv a vu le jour la même année. Depuis, le nombre de plateformes ne cesse d’augmenter et inquiète l’industrie qui voit une partie des téléspectateurs délaisser les productions locales pour des productions internationales, surtout américaines. « Bien que la production télévisuelle québécoise de la dernière décennie ait été riche et ponctuée de plusieurs succès populaires et critiques, il est manifeste qu’elle s’est aussi vécue sous le signe de la précarité et de l’incertitude », dit Stéfany Boisvert.

Nos spécialistes

Christiane Charette, animatrice et productrice
Thérèse Parisien, chroniqueuse culturelle au 98,5 FM et à C’est juste de la TV à ARTV
Patrice Lachance, directrice générale à l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision
Ian Quenneville, directeur du programme télévision à l’INIS
Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias de l’UQAM
Sophie Beauparlant, professeure au programme Art et technologie des médias au cégep de Jonquière