L'acteur américain Kevin Spacey, accusé d'agression sexuelle par plusieurs hommes, a mis une vidéo en ligne lundi sur YouTube, où il emprunte le ton et les mimiques de son ancien personnage de House of Cards pour se prononcer sur les accusations auxquelles il fait face depuis la vague #moiaussi.

La vidéo de trois minutes est intitulée Let Me Be Frank, jeu sur le mot «Frank», qui se traduit par «franc», mais qui est aussi le prénom de son personnage de président criminel et glaçant dans la série, Frank Underwood (Permettez-moi d'être franc ou Permettez-moi d'être Frank).

Kevin Spacey publie cette courte vidéo alors qu'un procureur vient d'annoncer qu'il ferait face à une première inculpation, dès janvier 2019, pour une des allégations qui pèsent sur lui. Le procureur de l'île de Nantucket, au Massachusetts, enquêtait depuis novembre 2017 sur une possible agression contre un adolescent.

Les événements auraient eu lieu en juillet 2016, près de Boston. La mère de l'adolescent, la journaliste Heather Unruh, a récemment révélé avoir porté plainte contre l'acteur.

Selon le bureau du procureur Michael O'Keefe, l'ex-vedette de la série House of Cards sera formellement inculpée le 7 janvier d'«attentat à la pudeur» et de «coups», après la validation d'une plainte au pénal contre lui le 20 décembre par un juge local.

«Vous voulez mon retour»

En reprenant la même élocution que l'homme politique cynique prêt à tout pour défaire ses adversaires qu'il a incarné durant cinq saisons, Kevin Spacey évoque dans sa vidéo les actions et manigances du personnage tout en insinuations, au point qu'il semble évoquer les accusations contre lui-même dans la réalité.

Il s'adresse directement au téléspectateur, comme dans un épisode de House of Cards, en employant également les mêmes mimiques que son personnage : « Je sais ce que vous voulez. Vous voulez mon retour.»

«Bien sûr, certains ont tout cru et attendaient en retenant leur souffle que je passe aux aveux, ajoute-t-il. Ils meurent d'envie de m'entendre admettre que tout ce qui a été dit est vrai et que j'ai eu ce que je méritais. Ce serait facile si tout était si simple. Mais vous et moi savons que rien n'est jamais si simple, ni en politique ni dans la vie.»

Filmé dans une cuisine, vêtu d'un tablier imprimé de pères Noël, Kevin Spacey laisse entendre qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on dit sur lui.

«Si je n'ai pas payé pour les choses dont nous savons tous deux que je les ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n'ai pas faites», lance-t-il notamment en s'adressant à la caméra, comme pour nier les accusations qui pèsent sur lui et insinuer qu'il compte se battre en cour. Il ne dit cependant jamais mot pour mot qu'il fait référence aux accusations qui le visent.

Il ajoute finalement, de façon sibylline, que ses admirateurs rêvant de le voir revenir à l'écran sauront bientôt «toute la vérité».

Rappelons que l'acteur de 59 ans fait aussi l'objet de plaintes au civil.

Première sortie publique depuis un an

Contactés par l'AFP, des représentants de Kevin Spacey n'ont pas réagi dans l'immédiat. Netflix s'est refusé à tout commentaire.

Netflix s'était empressé de congédier l'acteur de House of Cards lorsque les premières allégations d'inconduite sexuelle ont fait surface. Dans la dernière saison de la série, sortie en novembre, son personnage a disparu : il est mort dans son sommeil.

«Maintenant que j'y pense, vous ne m'avez en réalité pas vu mourir», dit d'ailleurs Spacey dans sa vidéo, avant de conclure énigmatiquement après une légère pause : «Les conclusions peuvent être si trompeuses. Je vous manque?»

L'ex-vedette de House of Cards a publié la vidéo sur son compte Twitter. C'est la première fois qu'il s'exprime en public depuis l'automne 2017. Il avait alors publié un court message écrit, à la suite des accusations d'agression sexuelle portées contre lui par l'acteur Anthony Rapp. Il y avait annoncé son homosexualité, ce qui lui a valu d'être accusé d'utiliser son orientation sexuelle pour expliquer ses gestes.

- Avec l'Agence France-Presse