Omelette, pâtes aux légumes et pain aux bananes. Nullement diététique, ce menu concocté par les 7 doigts de la main a pour mérite de se cuisiner le jour même du spectacle, sous les yeux des spectateurs.

Bienvenue aux fourneaux de Cuisine et Confessions, pièce circassienne mijotée depuis 2014 aux quatre coins du monde et servie à point au CNA, les 7 et 8 juillet. L'un de ses acrobates, le Québécois Émile Pinault, nous met l'eau à la bouche...

« Le spectacle stimule tous les sens », promet-il. On y mange, on y hume les légumes grillés en direct sur scène - « en Italie et en Espagne, ça sentait particulièrement bon », on reste bouche bée devant les acrobaties ; Cuisine et Confessions n'est pas le nouveau restaurant du CNA, mais bien l'un des spectacles les plus populaires de la compagnie de cirque Les 7 doigts de la main. L'appel des papilles gustatives ?

Comme la madeleine de Proust, les concepteurs Shana Carroll et Sébastien Soldevila se sont inspirés de la mémoire « profondément ancrée dans l'inconscient, que seuls certains goûts et odeurs particuliers peuvent faire renaître ». Autour des marmites, les neuf interprètes partagent leur vision de la cuisine puisque la pièce a été créée à partir de leurs témoignages personnels. Chacun a contribué au décor en apportant un accessoire de sa propre cuisine - « une machine à café, parce que je suis un caféinomane », complète l'artiste en s'assurant ainsi du meilleur café quotidien...  

« Dans ma famille, on ne communiquait pas beaucoup, les repas nous permettaient de mieux échanger », raconte Émile Pinault. Entre deux plats, il offrira des numéros de voltige et de main à main. Et même si ces gestes répétés l'ont été des centaines de fois, le risque zéro de cafouillage n'existe pas. « Il y a toujours des erreurs, des incidents qui font partie du cirque puisque l'on prend beaucoup de risques, dit-il. Les imperfections donnent de l'humanité au spectacle. » Pour pimenter la représentation, la durée des numéros est calculée en fonction des temps de cuisson ! Les recettes conçues spécifiquement pour le spectacle par un chef montréalais tiennent compte des origines diverses des interprètes (russes, suédoises, argentines, américaines...).

Un acrobate globe-trotter      

Formé à l'École nationale de cirque de Montréal, Émile Pinault a rejoint les 7 doigts de la main dans la semaine suivant la fin de ses études. « J'aimais l'idée que la création se fasse en petit groupe, que les interprètes soient souvent sur scène, résume-t-il. Nous convoquons diverses disciplines, dont la danse et le jeu théâtral; c'est stimulant. » 

Membre de l'équipe conceptrice du spectacle, il a goûté à la vie de tournées internationales pendant deux ans avant de s'établir à Toulouse, où il réside actuellement.

« Je voulais voir comment le cirque fonctionne en France, explique-t-il. Il existe plus de possibilités pour la création et les résidences artistiques, mais il est plus difficile d'y trouver du travail dans une compagnie existante. » Mieux éclairé sur la réalité circassienne française, l'acrobate québécois espère intégrer une troupe tchèque très prochainement. De fait, l'art du grand écart se cultive aussi au-delà des frontières.

Pour y aller

Quand : 7 juillet (19 h) et 8 juillet (14 h, 19 h)

Où : CNA

Renseignements : Billetterie du CNA, 613-947-7000 ; Ticketmaster.ca, 1-888-991-2787