Dans le cadre du 10e festival Temps d'images, le réalisateur belge Jaco Van Dormael est de retour à l'Usine C. Après le beau succès de Kiss & Cry, il propose cette fois Cold Blood, un nouveau spectacle multidisciplinaire conçu avec sa femme, la chorégraphe Michèle-Anne De Mey. La Presse a joint le metteur en scène en Belgique.

L'un des spectacles les plus attendus de cette édition de Temps d'images est sans contredit Cold Blood, un «nanoballet» conçu par le réalisateur Jaco Van Dormael (Toto le héros, Le huitième jour) et la chorégraphe Michèle-Anne De Mey. Après son inoubliable Kiss & Cry, le couple propose une autre création collective qu'il qualifie de «polymorphe», entre danse, cinéma, musique, théâtre et bricolages.

Conté du bout des doigts, Cold Blood suggère des univers poétiques oscillant entre rêve et réalité. Pour ce faire, le metteur en scène a emprunté un chemin différent de celui qui a mené à son opus précédent.

«Après avoir joué Kiss & Cry 260 fois dans neuf langues à travers le monde, on a réalisé tout ce qu'on n'avait pas pu faire, avec les décors, les jeux de miroirs, le rapport à la caméra. On a oublié les minipersonnages au profit des mains et des corps.» 

Ce spectacle est donc plus chorégraphié, avec trois danseurs sur scène en plus des deux manipulateurs d'objets.

Le thème de l'oeuvre est aussi différent, plus proche de la séance d'hypnose collective que de l'histoire classique.

«Alors que Kiss & Cry parlait du premier jour de l'amour et de la vie, Cold Blood pose plutôt une question sur le sens de l'existence.»

«Quelle est la toute dernière image qu'il nous reste au moment où l'on meurt? On réalise que le plus important, c'est souvent un geste, un détail, plutôt qu'un événement marquant. Comme le souvenir du satin de la peau sur la nuque d'une femme qu'on a aimée...»

Le contraire du cinéma

Interrogé sur la différence entre son travail au cinéma et ses créations pour la scène, le réalisateur du Tout Nouveau Testament affirme que c'est un processus inversé.

«À l'opposé du cinéma, on commence à tourner sans scénario, sans rien. On avance en posant des questions, en faisant des essais, des improvisations. Le texte arrive à la toute fin. La recherche est ancrée dans la démarche artistique. Qui plus est, ça prend trois mois pour créer une pièce, et trois ans pour produire un film.»

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À l'Usine C du 18 au 21 février.

Temps d'images

Les organisateurs de ce festival niché au coeur de l'hiver qualifient Temps d'images de «vitrine qui fusionne les arts vivants et les arts numériques». La 10e édition, en cours, s'interroge «sur l'état du monde à travers des propositions exigeantes de corps en mouvements, de projections décalées et de performances exploratoires». Le festival met donc de l'avant des créateurs issus de la scène contemporaine en Belgique, en France, aux États-Unis, au Japon et au Canada. Tous des créateurs qui partagent le désir de bousculer notre rapport à la représentation et de célébrer le métissage des disciplines artistiques.