Eman El-Husseini représentera le Québec dans un concours jeudi à Toronto, mais le projet de Charte des valeurs québécoises assombrit sa fierté...

L'humoriste montréalaise Eman El-Husseini représentera le Québec au 4e concours pancanadien d'humoristes SiriusXM Next Top Comic, jeudi à Toronto. Un tournant dans sa carrière. Mais Eman qui se dit «une enfant de la loi 101» (elle a étudié en français avec les enfants de Pauline Marois) a un goût amer depuis l'émergence du débat sur le projet de Charte des valeurs québécoises. Elle est née au Koweït il y a 33 ans, de parents palestiniens qui ont immigré au bord du Saint-Laurent quand elle avait 10 ans. Les deux langues de sa jeunesse sont l'arabe et le français. Elle est humoriste depuis sept ans et se produit en anglais aux États-Unis, au Canada et au Moyen-Orient, car elle se sent plus à l'aise en anglais pour faire rire.

Après avoir participé deux fois au festival Just for Laughs, elle vient d'être choisie parmi une dizaine de concurrents pour représenter le Québec au concours SiriusXM, où huit humoristes anglophones essaieront, jeudi soir, de remporter la bourse de 15 000$ et une place sur la scène du prochain festival Just for Laughs de Toronto. Eman El-Husseini se sent bien au Québec. Elle préfère vivre ici plutôt qu'aux États- Unis, trop «racially charged», dit-elle.

«Jusqu'à maintenant, en tout cas, dit-elle. Moi, j'ai adoré la loi 101, même si j'ai été forcée d'aller à l'école francophone. Si cela avait été le choix de mes parents, je n'aurais jamais appris le français. Et je ne serais pas capable de le parler aujourd'hui. J'ai adoré aller à l'école francophone. Pour exister, la langue française est très importante pour moi. Comme immigrante et comme Québécoise. J'encourage d'ailleurs les anglos à parler français.»

Eman El-Husseini a fréquenté la même école secondaire, à Dollard-des-Ormeaux, que les enfants de la première ministre Pauline Marois. «C'est une femme que je respecte depuis longtemps, dit-elle. J'étais contente pour elle quand elle a gagné les élections, mais là... [La Charte], ça commence à être exagéré. Je ne peux pas croire qu'elle encourage quelque chose comme ça. C'est bizarre, parce que même son fils m'avait dit qu'ils avaient déménagé à l'époque dans le West Island pour que ses enfants puissent parler l'anglais. Alors je ne comprends pas sa guerre contre les autres langues et les ethnies.»

La mère d' Eman El-Husseini est une musulmane pratiquante, mais elle n'est pas voilée, dit l'humoriste. Eman a aussi été pratiquante. Mais plus maintenant. Elle n'a jamais porté le voile. Elle raconte que son père s'est fait un devoir de faire visiter toutes les régions du Québec à sa famille. Et que durant ces voyages, ils n'ont jamais eu de mauvaises expériences avec des Québécois. «Mes parents ne parlant pas le français et nous tous, c'est tellement évident physiquement qu'on n'est pas d'origine québécoise ! Eh bien, on a toujours rencontré des gens en région qui leur parlaient en anglais et qui nous souhaitaient la bienvenue.»

Incompréhension

L'humoriste dit ne pas comprendre les raisons du gouvernement péquiste avec ce projet de charte. «Quelque chose de... raciste », dit-elle, gênée d'utiliser ce mot. «Ça me fait mal, car j'ai toujours appuyé la vision de Pauline Marois, dit-elle. C'est comme si je n'étais pas importante pour ses plans d'avenir pour le Québec.Alors qu'ici, tout le monde s'entend bien avec tout le monde. J'adore habiter ici. C'est vraiment my home