Comme Fabrice Luchini, Gad Elmaleh ou Franck Dubosc, Jamel Debbouze a de la tendresse pour Montréal. C'est ici que l'humoriste parisien d'origine marocaine a fait ses premiers pas. Alors qu'il revient au Québec présenter Tout sur Jamel au Théâtre St-Denis le 16 avril, il évoque à La Presse son amour du métier.

«Je me fais un plaisir de venir vous voir.» Au téléphone, on sent un Jamel Debbouze ravi à l'idée d'aller à la rencontre de ses fans francophones en Amérique du Nord, notamment à Montréal et Québec.

La dernière fois qu'il s'est produit au bord du Saint-Laurent, c'était en 2007, dans le cadre de Juste pour rire, avec son Jamel Comedy Club. C'est à Montréal, d'ailleurs, qu'il a amorcé sa carrière à la Coupe du monde d'improvisation en 1992. Il avait 17 ans et faisait de l'impro depuis deux ans. Avec l'équipe des Neauphlards, la France était arrivée en troisième position, derrière la Belgique et le Québec, vainqueur.

«L'expression théâtrale, j'ai appris ça chez vous, dit-il. Je m'en souviens très bien et, chaque fois que je suis revenu au Québec, j'ai eu beaucoup de plaisir. Vous êtes un sacré peuple!»

Il a voulu jouer Tout sur Jamel à Boston, à San Francisco, à Los Angeles et au Québec, car il était «un peu nostalgique» après la dernière du spectacle, le 20 décembre, au Zénith de Paris.

«Ça me permet d'aller voir les Français qui vivent aux États-Unis, dit-il. Ils sont très mal traités, j'y vais un peu en mission humanitaire! L'ambiance est terne là-bas. Je leur apporte à boire et à manger!»

«Un bout de moi»

Contrairement au spectacle de 2007, Jamel Debbouze sera seul sur scène le 16 avril pour 90 minutes d'anecdotes sur sa vie.

«Je viens livrer un bout de moi, dit-il. Comme mes mentors et les gens qui m'ont fait aimer ce métier, Eddie Murphy et George Carlin notamment, je raconte ma vie et j'essaie de toucher les gens. Sur la place Jemaa el-Fna, à Marrakech, il y a des conteurs depuis longtemps. C'est transmissible! J'aime raconter des histoires. Généralement, les gens sont heureux en sortant de mon spectacle.»

Le bonheur, c'est ce que Jamel Debbouze essaie de communiquer avec son Comedy Club. «Je suis très fier de ma petite salle, dit-il. On fait briller la scène émergente comme Radio Nova l'avait fait pour moi, avec des gens proches de la rue.»

Jamel Debbouze a donné leur chance à bien des humoristes de toutes origines, notamment Claudia Tagbo, Kheiron ou Shirley Souagnon, qu'on a vus à Juste pour rire. «On espère, dans nos rêves les plus fous, qu'on contribue à changer les mentalités. Le combat est rude, mais on se bat tous les jours contre la condescendance naturelle et le racisme ordinaire. Notre rôle est de faire connaître la France, de faire en sorte que la télé et le cinéma acceptent tous les physiques, toutes les différences et en fassent une vraie force pour qu'enfin on fasse partie de l'album de photos national!»

Un film en 3D

Jamel Debbouze monte actuellement un film d'animation en 3D, Pourquoi j'ai (pas) mangé mon père, qui sortira en 2014. «Au départ, je devais faire une voix, puis un dialogue, puis le scénario et, en fait, je suis devenu le réalisateur. C'est un film conçu avec le même procédé que pour Avatar. Il est tiré du livre de Roy Lewis, The Evolution Man. J'incarne Édouard, un simien qui invente la bipédie. C'est pas mal!»

Sinon, il n'a pas de projet d'écriture. «Je suis en jachère, dit-il. Ça me permet de butiner sur le prochain festival de Marrakech.» Du 5 au 9 juin, il ira en effet organiser la troisième présentation du festival Marrakech du rire, qu'il a créé.

«Tous les comiques français veulent venir y jouer, car le cadre est idéal. C'est une réunion de copains. Cette année, on aura Jean Dujardin et Rachid Badouri, je crois, qui va revenir. Mon frère est en pourparlers avec QuébéComm pour faire venir d'autres humoristes québécois. On tisse des liens au Québec. Évidemment, on est friands de tout ce que vous faites et on fait confiance aux professionnels sur place.»

Qu'il fasse de l'animation, de la télé, du cinéma ou de la scène, Jamel Debbouze (qui a perdu l'usage de son bras droit dans un accident à l'âge de 14 ans) dit ressentir le même bonheur.

«L'important, c'est la vie, dit-il. Tu sais, comme un enfant qui passe d'un jouet à un autre, je ne me lasse pas des choses quand elles sont bien faites. Comme le Jamel Comedy Club, dont je ne me lasserai jamais, car c'est vivant et en mouvement perpétuel. Je le fais beaucoup pour me faire plaisir, mais, bizarrement, l'égoïsme peut être très généreux! Je touche du bois, du fer, du plastique et de la boue, toutes sortes de matières, pour être sûr que je suis vivant, car je suis très heureux et j'essaie que ce soit contagieux.»

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Jamel Debbouze se produira au Théâtre St-Denis le 16 avril, à guichets fermés.