Les lieux de diffusion ont adapté leur formule d’abonnement, offrant la possibilité à leur clientèle de s’abonner à quelques-uns seulement des spectacles offerts durant la saison – et non la totalité.

Ce que font de plus en plus de gens en s’abonnant partiellement à un ou plusieurs lieux. On peut donc s’abonner à deux, trois ou quatre spectacles, par exemple, selon son budget, mais si vous ne pouvez pas vous présenter ledit soir de la représentation, il est encore difficile dans plusieurs lieux de faire un changement de date. Ce qui fait que plusieurs se demandent : mis à part le léger rabais que l’on obtient en faisant l’achat de plusieurs spectacles, quel est l’avantage d’être abonné ?

Pour pallier la baisse d’abonnements et le comportement changeant des spectateurs, Normand Verdon propose aux directions de théâtre de s’adapter à cette clientèle : « Je travaille dans un domaine atypique. Je ne connais jamais mes horaires plus d’un mois à l’avance. Alors, imaginez un an… Suis-je le seul qui ne peut bloquer des dates à l’avance ? […] Pourquoi ne pas réserver un lot de sièges (disons 10 ou 20 %) qu’on mettrait en vente 24 ou 48 heures avant l’évènement ? Et c’est sans compter les milliers de touristes qui pourraient ainsi mettre la main sur de bons billets de dernière minute. Autre suggestion : pourquoi, le jour même des spectacles, ne pas offrir les billets invendus avec de bonnes réductions ? Comme cela se fait à New York depuis toujours. »

La réaction de deux directeurs de théâtre

Comme le mentionnait Catherine Vidal, le Quat’Sous a commencé à vendre ses billets invendus une heure avant ses représentations, mais le petit théâtre de l’avenue des Pins (enfin rénovée !), comprend la réaction des lecteurs. « Un abonnement est un contrat entre un théâtre et un spectateur, qui accepte de prendre le risque artistique avec nous, donc il faut donner un sens à tout ça. Il faut assouplir nos politiques de changements de date, mais en même temps, il faut se demander : jusqu’à quand ils peuvent changer de date, parce qu’il faut les vendre, nos billets… »

Claude Poissant croit que même s’il y a beaucoup plus de gens qui achètent leurs billets à la dernière minute, il y en a encore qui recherchent ce lien intime avec un théâtre. « L’étude des comportements du public est un vrai défi en ce moment, dit-il. On est dans une nouvelle ère, donc il faut s’adapter, et il n’y a pas une recette gagnante. Il faut aussi faire attention, prévient-il, une salle à moitié pleine n’est pas un échec. C’est sûr que ça peut être un objectif de remplir la salle, mais ce n’est pas notre mission première. On propose d’abord et avant tout un espace de création et de réflexion. »