Permettre à l'auditeur d'écouter sa musique quand et où il le souhaite quel que soit le support est le nouvel eldorado de la filière musicale, qui rêve de «nuages» et multiplie les partenariats à cet effet avec l'industrie des télécoms, sans être encore sûre des retombées économiques.

Entre chaînes-hifi, ordinateurs, radios d'auto, baladeurs numériques, téléphones intelligents, consoles de jeu, lecteurs DVD, tablettes numériques... les moyens d'écouter de la musique se sont multipliés au cours des dernières décennies.

Selon les chiffres de la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI), 79% des gens écoutent de la musique dans leur salon, 76% dans leur voiture, 46% sur leur ordinateur, 39% sur leur baladeur et 20% sur leur téléphone portable.

Problème : les moyens de faire le lien entre ses différents supports sont encore peu nombreux. S'il veut pouvoir écouter sa musique ailleurs que sur son ordinateur, l'amateur des Beatles ou de Lady Gaga doit encore transférer manuellement les morceaux sur sa chaîne-hifi ou son baladeur numérique.

La «cloud music» (littéralement «musique dans un nuage») permet de stocker la musique sur un serveur internet et de l'écouter en streaming quel que soit le support. L'utilisation est double.

Certaines sociétés proposent aux particuliers d'y stocker leur bibliothèque musicale. Des acteurs de l'industrie musicale s'allient à des opérateurs télécoms ou des équipementiers pour proposer l'accès à de très larges catalogues via des abonnements.

Au Midem, la grand-messe annuelle de l'industrie musicale qui se tient jusqu'à mercredi à Cannes, le géant japonais Sony a annoncé le lancement d'un service de ce type en France, Allemagne, Espagne et Italie. Déjà disponible au Royaume-Uni et aux États-Unis, il permet d'avoir accès à des radios personnalisables sur toute une gamme de prosuits Sony, grâce à un abonnement.

En France, le service de streaming Deezer s'est associé avec Orange. Principal intérêt : l'abonné peut accéder au site et aux listes de lecture qu'il y a créé depuis son téléphone portable et hors connexion internet.

Alors que jusque là l'offre payante de Deezer avait eu du mal à décoller, le service a séduit 500 000 clients en moins de six mois, bien au delà de l'objectif de 200 000 initialement fixé.

Aux États-Unis, le site de streaming Pandora s'est, lui, allié avec les constructeurs automobiles Mercedes-Benz et Ford pour que son service soit intégré dans leurs nouveaux modèles.

Et des géants comme Apple et Google sont encore à la ligne de départ.

«Les services de +cloud music+ sont aussi à la mode parce qu'on se rend compte que les gens veulent désormais avoir accès à la musique davantage que la posséder», a expliqué au Midem Harry Maloney, Pdg de Catch Media, qui s'est allié avec le réseau de distribution de téléphones portables Carphone Warehouse.

Pour le secteur, la question est de savoir si ces services vont générer de nouveaux revenus, alors que les modèles économiques de l'ère numérique sont encore vacillants.

Certains observateurs y voient même un nouveau danger pour l'industrie du disque, la «cloud music» permettant aussi bien de stocker du matériel légal qu'illégal.

À Cannes, l'Américain mSpot, qui propose aux particuliers ce type de stockage, a ainsi reconnu n'essayer que depuis très récemment de passer des accords avec les majors du disque.