Au-delà des formes dérivées de la chanson, l'écoute passionnée de la musique implique aujourd'hui un très vaste corpus: musique classique, musique contemporaine, opéra, musiques électroacoustique ou électronique, jazz, et plus encore. Survol de l'actualité dans ces domaines.

Romantique: Brahms en quatre temps... et quatre films

L'OSM plonge cette semaine dans l'univers romantique de Johannes Brahms (1833-1897), considéré comme un des plus grands de la musique allemande, toutes époques confondues. La présentation de trois programmes successifs sera accompagnée de projections de films afin d'en étoffer la dimension immersive.

Symphonie no 1, «la 10e de Beethoven»

À l'époque de sa création au terme d'une longue gestation (de 1862 à 1876), le chef d'orchestre Hans von Bülow avait qualifié la première des quatre symphonies de Brahms de « 10e symphonie de Beethoven », on le dit encore aujourd'hui. Avec raison d'ailleurs, l'esthétique de Beethoven avait marqué les débuts de l'oeuvre brahmsienne, ce que nous nous proposons d'absorber à la Maison symphonique; cette exécution de la Symphonie no 1 en do mineur, op. 68 se fera sous la direction de Kent Nagano. Dans le même programme, la soliste allemande Veronica Erbele, 30 ans, jouera le Concerto pour violon no 5 en la majeur, K. 219, de Mozart. Qui plus est, on assistera à une création du compositeur montréalais Blair Thomson, Sur les ailes du pas de deux pour clarinette basse et orchestre, avec en prime la projection du film Pas de deux de feu du cinéaste canadien Norman McLaren, pionnier du cinéma d'animation, géant de l'Office national du film.

À la Maison symphonique, jeudi, 20 h.

Symphonie no 2, pastorale d'un autre type

Contrairement à la précédente, Brahms composa rapidement sa Symphonie no 2 en ré majeur, op. 73, particulièrement au cours de l'été 1877 dans les Alpes autrichiennes, soit à Pörtschach am Wörthersee. Elle fut créée le 30 décembre 1877 par le Philharmonique de Vienne, sous la direction de Hans Richter. Gare aux comparaisons faciles : les ambiances pastorales de cette symphonie se démarquent clairement de celles de la Symphonie no 6 de Beethoven (Pastorale), car des passages mélancoliques ou carrément tristes lui confèrent une singularité propre. Au même programme, maestro Nagano a prévu l'exécution d'une oeuvre de Richard Strauss influencée par Brahms, soit Burlesque pour piano et orchestre TrV 145. Le soliste invité sera le Viennois Rudolf Buchbinder, 72 ans, profondément lié à cette esthétique. La pièce Iris du compositeur Jordan Pal sera accompagnée par la projection du film Vogue la rivière du jeune cinéaste Mathias Arroyo-Bégin, présenté en collaboration avec l'École de cinéma Mel Hoppenheim de l'Université Concordia.

À la Maison symphonique, vendredi, 19 h.

Symphonie no 3, lyrique, héroïque, plus encore

Lyrique, héroïque, la Symphonie no 3 en fa majeur op. 90, de Brahms, fut composée en 1883 à Wiesbaden et fut créée en décembre de la même année, à Vienne, par l'Orchestre Philharmonique sous la direction de Hans Richter - qui l'avait qualifiée d'héroïque à la manière de la 3e symphonie de Beethoven. Le grand air du troisième mouvement a d'ailleurs inspiré des chansons à succès: Baby Alone in Babylone de Serge Gainsbourg, Love of my Life de Carlos Santana, Quand tu dors près de moi popularisée par Yves Montand, Take my Love par Frank Sinatra. Dans un deuxième programme cette semaine avec l'OSM et Nagano, Veronika Eberle interprétera le Concerto pour violon composé en 1879 pour le virtuose Joseph Joachim par le Tchèque Antonin Dvořák. Projeté avec l'exécution de la pièce Hunger composée par la Canadienne Zosha Di Castri, La faim (1973), de Peter Foldès, autre classique de l'Office national du film, présenté en collaboration avec cette institution.

À la Maison symphonique, samedi, 20 h.

Symphonie no 4, la grande synthèse

À peine un an après la 3e, la Symphonie no 4 en mi mineur, op. 98, la dernière, fut composée en 1884-1885 à Mürzzuschlag, dans les Alpes. Sous la direction de Brahms lui-même, l'oeuvre fut créée le 25 octobre 1885 à Meiningen par la Meininger Hofkapelle. Son désir de créer un langage musical singulier n'excluait pas le respect de règles classiques dans le langage symphonique. C'est pourquoi cet équilibre atteint fait de cette quatrième symphonie sa mieux équilibrée et sa plus substantielle. On y observe un langage innovant (pour l'époque) dans l'orchestration et une instrumentation particulière, notamment dans l'usage des cors naturels. Dans ce même programme sous la direction de Kent Nagano, le pianiste Rudolf Buchbinder jouera le Concerto pour piano no 4 en sol majeur, op. 58, de Beethoven. On assistera en outre à une création mondiale du compositeur Régis Campo, l'interprétation de Battements de coeur sera assortie de la projection du film Nails (1973), du cinéaste Phillip Borsos (Office national du film).

À la Maison symphonique, dimanche, 14 h 30.

Opéra contemporain: Place à l'opéra d'horreur!

Dirigé par le jeune maestro Nicolas Ellis, l'Orchestre de l'Agora présente cette fois The Turn of the Screw (Le tour d'écrou) du grand compositeur anglais Benjamin Britten (1913-1976), en collaboration avec l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal. À la suite du succès public et critique du concert-cabaret Da Ponte bien culotté l'an dernier, on mise cette fois sur l'opéra d'horreur, dans une mise en scène de Maxime Genois. En voici la trame dramatique : dans l'Angleterre puritaine du XIXsiècle, une gouvernante doit affronter les esprits de deux revenants, anciens domestiques du domaine de Bly où elle a la charge de deux enfants harcelés par ces esprits malfaisants. Brrrrr! Ainsi donc, l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal, l'Orchestre de l'Agora et Maxime Genois suggèrent une immersion dans cette oeuvre affolante inspirée d'une nouvelle fantastique de l'écrivain américano-britannique Henry James, parue en 1898 et adaptée pour l'opéra par Britten en 1954.

À l'espace Nomad Nation (129, rue Van Horne), jeudi, vendredi et samedi, 20 h.

Photo fournie par l'Orchestre de l'Agora

Le chef d'orchestre Nicolas Ellis

Romantique: Da Costa à l'opéra

Reconnu internationalement, le violoniste québécois Alexandre Da Costa compte transmettre sa passion pour le répertoire d'opéras romantiques, avec le concert de l'Orchestre de chambre McGill sous la direction de Boris Brott. Ainsi, le soliste virtuose reprendra des extraits d'oeuvres incontournables: Sextuor à cordes de l'opéra Capriccio, de Richard Strauss; Kuda, kuda, air de Lensky dans l'opéra Eugàne Onégin, de P.I. Tchaïkovski; Parsifal Paraphrase de Richard Wagner; Der Rosenkavalier Walzer, de Richard Strauss; Intermezzo sinfonico de l'opéra Cavalleria Rusticana, de Pietro Mascagni; Siegmund's Liebeslied de l'opéra Die Walküre, de Richard Wagner/Friedrich von Wickede; Siegfried Paraphrase, de Richard Wagner ; Stradivari all'opera - Chaconne en sol mineur, de Tomaso Antonio Vitali.

À la salle Bourgie, samedi, 19 h 30.

Photo fournie par l'Orchestre de chambre McGill

Le violoniste Alexandre Da Costa

Orchestre symphonique de Laval: Bruny Surin... classique!

Dans la lignée de ses hommages rendus aux Grands Lavallois, l'Orchestre symphonique de Laval (OSL) honore cette fois Bruny Surin. Avec l'OSL sous la direction du maestro Alain Trudel, le fameux sprinter se propose de jouer lui-même au piano un arrangement de Für Elise de Beethoven... rien de moins! Par ailleurs, les spectateurs assisteront à l'exécution d'une «curieuse partie de hockey» sur la5e Symphonie de Beethoven, de P.D.Q Bach. Cette oeuvre est assortie d'une performance théâtrale; les comédiens Daniel Brière et Jacques L'Heureux y prendront part, sans compter Bruny Surin. Le programme de cette soirée est aussi composé des oeuvres suivantes: Danses polovtsiennes de l'opéra Le prince Igor, d'Alexandre Borodine, Olympic Fanfare and Theme de John Williams (un choix justifié avec surprise à l'appui, vu la présence d'un authentique olympien), sans compter la Symphonie no 2 en do mineur (Petite Russie) de Piotr Ilitch Tchaïkovski.

À la salle André-Mathieu, mercredi 13 février, 19 h 30.

Photo fournie par l'OSL

Le sprinter Bruny Surin

Classique, romantique, moderne: Yefim Bronfman en récital intime

Pour son premier récital à la salle Bourgie, le pianiste de réputation internationale Yefim Bronfman, 60 ans, offrira un programme diversifié: de Robert Schumann, il jouera Humoresque en si bémol majeur, op. 20; de Claude Debussy, il fera la Suite bergamasque; de Franz Schubert, il interprétera la Sonate no 19 en do mineur, D. 958. Né à Tachkent, en Ouzbékistan, Yefim Bronfman a émigré avec sa famille en Israël en 1973, où il a étudié auprès du pianiste Arie Vardi, directeur de la Rubin Academy of Music de l'Université de Tel-Aviv. Il a terminé sa formation aux États-Unis dans les meilleures écoles: Juilliard School (New York), Marlboro School of Music (Philadelphie), Curtis Institute of Music (Philadelphie). Citoyen américain depuis 1989, il parcourt le monde en tant que pianiste de concert. À Montréal ces dernières années, on l'a entendu en 2015 avec la violoniste Anne-Sophie Mutter et la violoncelliste Lynn Harrell dans un programme peu mémorable, ainsi qu'en récital en 2017.

À la salle Bourgie, dimanche, 14 h.

Photo fournie par Arte Musica

Le pianiste Yefim Bronfman