Au-delà des formes dérivées de la chanson, l'écoute passionnée de la musique implique aujourd'hui un très vaste corpus: musique classique, musique contemporaine, opéra, musiques électroacoustique ou électronique, jazz, et plus encore. Survol de l'actualité dans ces domaines.

Contemporain: Nouvel hommage collectif à Gilles Tremblay

À la suite d'un premier hommage rendu en janvier 2018 à feu Gilles Tremblay, l'Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), l'Ensemble Paramirabo et le Conservatoire de musique de Montréal unissent une deuxième fois leurs forces afin d'interpréter la musique du compositeur et pédagogue québécois, pilier de la musique contemporaine disparu en 2017. Participeront également à ce programme le quintette à vent Choros, Magnitude6, sans compter les solistes Vincent Ranallo (baryton) et Louise Bessette (piano). Le public fera alors face à une quinzaine de musiciens dirigés par Véronique Lacroix. Sur un texte de Bernard Lévy, on interprétera À quelle heure commence le temps? pour célébrer le 20e anniversaire de sa création. Les oeuvres Le sifflement des vents porteurs de l'amour, Le signe du lion et Triojubilus sont aussi inscrites à ce programme consacré à Gilles Tremblay. Ce concert sera précédé d'une table ronde sur le legs du compositeur. La veille, les oeuvres vocales de Tremblay seront analysées au Centre de musique canadienne dans le cadre d'une conférence de Vincent Ranallo.

À la Salle de concert du Conservatoire de Montréal, vendredi, à 19 h 30, Table ronde préconcert, 18 h 30. Conférence de Vincent Ranallo autour de la musique vocale de Tremblay, à l'Espace Kenderji CMC, jeudi, à 19 h 30.

Opéra, jazz contemporain: Opéra boxe

Composé par le trompettiste  de jazz et leader d'orchestre afro-américain Terence Blanchard, écrit par le librettiste Michael Cristofer, mis en scène par James Robinson, l'opéra Champion se fonde sur une histoire vraie. En 1961, le boxeur Emile Griffith, champion mi-moyen, accède à la célébrité lorsqu'il met hors de combat Benny «The Kid» Paret, ensuite plongé dans un coma et mort quelques jours plus tard. Pour le champion, la mort accidentelle de son adversaire ouvertement homophobe a été beaucoup mieux acceptée que sa bisexualité, honnie à l'époque de l'après-guerre. Voilà un excellent sujet pour un opéra atypique où se rencontrent jazz et musique écrite. Ainsi, le vieil Emile Griffith est incarné par la basse américaine Arthur Woodley, le jeune Emile Griffith par le baryton-basse Aubrey Allicock, Benny «The Kid» Paret par le ténor Victor Ryan Robertson. Le chef américain George Manahan dirigera alors l'Orchestre symphonique de Montréal. Trevor Payne, du Montreal Jubilation Gospel Choir, a aussi mis la main à la pâte dans cette production de l'Opéra de Montréal.

À la salle Wilfrid-Pelletier, les 26, 29, 31 janvier et 2 février - en langue anglaise avec surtitres français et anglais.

Baroque, classique: Les Violons du Roy accueillent Nicolas Altstaedt

Autour des oeuvres de Carl Philip Emanuel (CPE) Bach, le violoncelliste franco-allemand Nicolas Altstaedt et le maestro Jonathan Cohen ont établi une grande complicité, ce qui les a menés sur moult scènes du monde et aussi en studio - en témoigne un album sorti en 2016 chez Hyperion. On comprendra que le directeur musical des Violons du Roy invite avec raison son collègue et ami violoncelliste pour ce programme baroque et classique: de CPE Bach, on aura droit au Concerto pour violoncelle en la majeur, Wq. 172 ; de Joseph Haydn, on pourra entendre et apprécier le Concerto pour violoncelle no 1 en do majeur, Hob. VIIb: 1, suivi de la Symphonie no 47 en sol majeur, Hob. I: 47 Le palindrome. L'exécution de ce programme sera suivie d'un échange avec les artistes.

À la salle Bourgie, le vendredi 1er février, 19 h 30 ; à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm, Québec, jeudi 31 janvier, 14 h et 20 h.

Baroque: Bach à l'honneur chez l'Ensemble Caprice

Pour célébrer son 30e anniversaire, l'Ensemble Caprice donne un grand coup en ce mois de janvier, s'attaquant d'abord à la Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach: construite sur une série d'arias et de choeurs de diverses cantates composées durant les 15 dernières années de son existence, cette oeuvre synthèse est considérée comme la somme et le sommet de son oeuvre vocale, tant pour sa diversité stylistique que pour la variété de ses procédés d'écriture et pour sa perfection technique. Sous la direction de Matthias Maute, l'Ensemble Caprice mettra en valeur les solistes Monika Mauch, soprano, Adriadne Lih, soprano, Maude Brunet, mezzo-soprano, Philippe Gagné, ténor, Mazerolle Dion, baryton. Le lendemain, le même ensemble et les mêmes solistes donneront le cinquième concert de la cinquième année de l'intégrale des cantates de Bach présentée par Arte Musica. Au programme: Alles nur nach Gottes Willen, BWV 72, Bekennen will ich seinen Namen, BWV 200 (fragment), Erwünschtes Freudenlicht, BWV 184, Gott, man lobet dich in der Stille, BWV 120.

La Messe en si mineur est présentée à la salle Bourgie, samedi, à 19 h 30 ; le lendemain dimanche, les Cantates y seront présentées à 14 h.

Jazz contemporain: Les couleurs de Marc Copland au Dièse Onze

Certes l'un des plus grands coloristes du jazz contemporain, le pianiste américain Marc Copland a déjà travaillé en tandem avec le brillantissime contrebassiste Gary Peacock, aujourd'hui octogénaire. Interprète, compositeur et improvisateur, Peacock a largement contribué à l'expansion du jeu de la contrebasse depuis les années 50, notamment aux côtés de Bill Evans, Paul Bley et Keith Jarrett. C'est précisément pourquoi Marc Copland a intégré à son répertoire personnel plusieurs compositions du contrebassiste et les a enregistrées dans le contexte d'un superbe album de piano solo sous étiquette Illusions, carrément intitulé Gary. Force est d'en prévoir les évocations devant public, sans compter les oeuvres récemment enregistrées pour l'album Better by Far sous étiquette Inner Voice Jazz - avec le trompettiste Ralph Alessi, le contrebassiste Drew Gress et le batteur Joey Baron. Pour sa prochaine escale montréalaise, Marc Copland sera accompagné d'excellents musiciens locaux avec qui il a tissé des liens au cours des dernières années: le contrebassiste Adrian Vedady et le batteur Jim Doxas.

Au Dièse Onze, samedi, à 22 h et 23 h 30.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le flûtiste et chef d'orchestre Matthias Maute

Une idée sinon vraie...: Une conversation entre corps et musique

Construite autour d'une oeuvre composée par la Montréalaise Ana Sokolović, cette performance multidisciplinaire réunit le Quatuor Bozzini et le chorégraphe et danseur Marc Boivin. Une idée sinon vraie... propose une conversation entre le corps et la musique, aussi «entre l'univers de la commedia dell'arte et la contemporanéité de l'humain», qui plus est «un voyage au coeur des sources de l'identité, de la collaboration, du mouvement et de la musique, de la mise en espace scénique d'un propos». De la partition musicale et à travers un seul corps en mouvement, on pourra percevoir la sensibilité de personnages emblématiques de la commedia dell'arte. Du coup, on a l'occasion de se questionner sur les mystères et la liberté de l'être. Ce programme se veut un peu saltimbanque, on peut imaginer une troupe débarquant sur une place publique. Enfin...

Au Gesù, jeudi et vendredi, à 20 h.

Moderne, impressionniste: Le Quatuor Debussy fait escale à Montréal

Le Quatuor Debussy a près de trois décennies d'existence, accumule les prix nationaux et parcourt le monde depuis le début des années 90 afin d'y «rendre hommage à l'élégance et au raffinement de la musique française du XXe siècle naissant». Cet ensemble lyonnais est constitué des violonistes Christophe Collette et Marc Vieillefon, de l'altiste Vincent Deprecq et du violoncelliste Cédric Conchon. Au programme du concert montréalais: Mon âme est triste jusqu'à la mort, Molto adagio, sempre cantante doloroso, pour quatuor à cordes, de Guillaume Lekeu (1870-1894); Quatuor à cordes en sol mineur, op. 10, de Claude Debussy (1862-1918); Quatuor à cordes en do dièse mineur, de Germaine Tailleferre (1892-1983); Quatuor à cordes en fa majeur, op. 35, de Maurice Ravel (1875-1937).

À la salle Bourgie, le mercredi 30 janvier, à 19 h 30.

Photo Michael Slobodian, fournie par le Quatuor Bozzini

Le Quatuor Bozzini