La plus importante maison d'opéra d'Ottawa vient de baisser son rideau de scène pour la dernière fois. Dans un communiqué publié hier par son conseil d'administration, l'Opéra Lyra a annoncé la fin immédiate de ses activités. «Le défi auquel nous faisons face est que nos revenus ne sont pas suffisants pour couvrir nos coûts», écrit le président du C.A.

Les quatre prochaines productions de la saison, dont les opéras Fidelio de Beethoven et L'isola disabitata (L'île déserte) de Haydn, programmés le printemps prochain, ont été annulées. Demain, neuf employés de la compagnie, dont son directeur général John Peter Jeffries, perdront leur emploi.

L'Opéra Lyra, qui en était à sa 31e saison, venait de présenter Le barbier de Séville, de Rossini, au Centre national des Arts. Selon John Peter Jeffries, visiblement sous le choc, malgré une importante campagne promotionnelle et une production de qualité, l'Opéra Lyra n'a vendu que 50 % des billets du Barbier.

«C'était une magnifique production, brillamment mise en scène par Dennis Garnhum, qui a eu beaucoup de succès à Vancouver et Edmonton, a insisté M. Jeffries. Honnêtement, on s'attendait à vendre plus de 80 % de nos billets. C'est ce qu'on a réussi à faire avec quatre de nos six derniers spectacles!»

Mais selon le conseil d'administration, les quatre sources de revenus de l'Opéra Lyra - la vente de billets, les subventions, les dons privés et les commandites - sont constamment en baisse. «Les revenus de chacune de ces sources ont été inférieurs aux prévisions, produisant un déficit de caisse non viable.»

«La baisse générale de la fréquentation des salles à Ottawa-Gatineau touche tous les arts de la scène, notent les membres du C.A. L'opéra est un genre musical onéreux et d'autres compagnies en Amérique du Nord ont également connu des difficultés financières, notamment à San Diego, New York et Hamilton [en Ontario].»

«Il faut mettre les choses en perspective, Nous n'avons jamais eu de résultat aussi décevant.»

«Il y a deux ans, on a ouvert notre saison avec Carmen et on a vendu tous nos billets! La saison dernière a été un peu plus difficile, mais on n'a jamais pensé qu'il s'agissait d'une tendance.»

Selon M. Jeffries, le conseil d'administration présidé par Victor Rabinovitch - le frère de Robert, qui a été président de la Société Radio-Canada - a l'intention de se réunir au cours de la prochaine semaine pour tenter de trouver un nouveau modèle d'affaires «afin de produire des opéras à un coût moins élevé».

John Peter Jeffries, qui en était à sa quatrième année à la direction de l'Opéra Lyra, a avoué ne pas savoir exactement ce qu'il fera maintenant. Croit-il que le conseil d'administration trouvera une solution? «S'il y a une solution possible, je suis sûr qu'ils la trouveront», a-t-il simplement dit, indiquant ne pas savoir s'il ferait partie de cette solution.

La direction du Centre national des arts d'Ottawa (CNA), qui diffuse les productions de l'Opéra Lyra depuis plus de 20 ans, a publié en fin de journée un communiqué dans lequel elle dit regretter l'annonce de l'Opéra Lyra. «Nous savons toute l'ardeur qu'ont mise la direction et le conseil d'administration à maintenir la compagnie sur les rails. C'est un jour extrêmement triste pour les arts de la scène à Ottawa», a écrit Rosemary Thomson.

Les détenteurs de billets des productions de l'Opéra Lyra peuvent bien entendu se faire rembourser ou échanger leurs billets contre ceux d'autres spectacles présentés au CNA.