Un quart de siècle jour pour jour après l'événement tragique de Polytechnique, la faculté de musique de l'Université de Montréal rend hommage aux victimes avec le concert En souvenir d'elles. Un événement à grand déploiement où 180 choristes et 60 musiciens seront réunis sur scène pour interpréter Un Requiem allemand de Brahms.

Jean-François Rivest, directeur musical de l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM), a mis sur pied un programme qu'il souhaite consolateur.

«Quand on commémore quelque chose d'aussi effrayant, il faut éviter de tomber dans le pathos, dit-il. Un quart de siècle plus tard, on a besoin de consolation. Le Requiem de Mozart aurait pu être à propos, mais c'est trop dramatique, plus violent. Ça parle d'enfer. Celui de Brahms est davantage une source de réconfort intangible et spirituel.»

«Je pense que nous, les artistes, avons un devoir de faire en sorte que les gens n'oublient pas», ajoute-t-il.

Révolté

Quand la tuerie de Polytechnique est survenue, en 1989, le chef n'était pas encore en poste à l'UdeM, mais il se souvient clairement de ses impressions.

«Je suis un enfant de la première génération qui s'est complètement libérée de la religion. Nous étions tous des hippies en mode peace and love et on s'imaginait qu'on avait réglé les problèmes du monde. J'étais tellement révolté qu'une telle chose ait pu arriver chez nous que je n'y croyais pas.»

Pour l'occasion, le chef a invité le Choeur de l'UdeM, l'Atelier d'opéra de l'UdeM, le McGill Universitu Chorus et les Schulich School Singers à se joindre à l'OUM. Deux solistes sont invités: le baryton John Fanning et la soprano Pascale Beaudin, elle-même diplômée de l'Université de Montréal, où elle a terminé ses études en chant en 2004.

Parler aux âmes des victimes

Dans ce programme, Jean-François Rivest voulait aussi glorifier la féminité. Il a choisi l'Air en écho de l'Oratorio de Noël de Bach. Dans la version originale, le soliste dialogue avec son âme. Pour ce concert, le dialogue aura lieu entre Pascale Beaudin et 14 solistes représentant les 14 victimes de la tuerie.

«Quand la tuerie de Polytechnique est arrivée, je n'avais que 10 ans, dit la soprano. Je ne comprenais pas clairement les implications de ce qui s'était passé, mais, pour moi, Polytechnique était comme une image noire, une ombre menaçante. Quand je suis arrivée à l'Université, je ressentais un pincement au coeur chaque fois que je passais à côté.»

En tant que femme, elle trouve important de participer à cette commémoration.

«Non seulement c'est une belle initiative, mais le choix du répertoire est très approprié. On fait cela dans la douceur. Un requiem n'a pas besoin d'être lugubre. Je ne dirai pas que Brahms est léger, mais cette oeuvre est porteuse d'espoir.»

Le concert sera diffusé en direct sur le site ICIMusique.ca et animé par Françoise Davoine.

__________________________________________________________________________

À la salle Claude-Champagne, le 6 décembre, 19h30.