Soirée de découverte, mercredi soir à l'OSM, qui nous a permis d'entendre deux grands musiciens en devenir. Yolanda Bruno, dernière gagnante du Concours OSM-Standard Life, et Edward Gardner, nouveau chef invité que l'on espère réentendre, se rencontraient pour un concert captivant.

Passons sur l'ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner, qui n'avait pas vraiment sa place dans ce programme.

En première partie, le Concerto pour violon no 2 de Bartók a permis à la violoniste canadienne Yolanda Bruno de s'imposer, malgré une sonorité un peu mince, et bien qu'on souhaiterait davantage de fougue et de caractère de sa part.

La musicienne a choisi une approche plus cérébrale que sensuelle, option tout à fait défendable dans le contexte de cette oeuvre d'une complexité inouïe. Cette vision ne peut pas plaire à tous, mais au moins, elle est cohérente. Par contre, elle ne souligne pas suffisamment le côté dansant et folklorique des mélodies.

Dosée d'épisodes lyriques d'une sombre mélancolie, une beauté âpre, expressionniste et même violente par moments se dégage de ce concerto.

Il s'agit là d'une oeuvre redoutable, où le violon «parle», chuchote, ricane et gémit plus souvent qu'il ne chante. Pour traduire la richesse de cette palette expressive, un soliste doit allier virtuosité, intelligence du texte, pensée musicale forte et endurance. En somme, il doit avoir quelque chose à dire et les moyens techniques de le dire. Autant de qualités que Yolanda Bruno possède.

Jamais elle ne perdra l'attention de l'auditeur au milieu des phrases alambiquées de Bartók. On en oublie quasiment l'orchestre, brillamment dirigé par Edward Gardner.

Dans la Symphonie no 1 de Tchaïkovski, dite Rêves d'hiver, le jeune chef britannique insuffle un vent de jeunesse à l'OSM. Il semble capable d'en tirer des sonorités nouvelles. Des trois oeuvres entendues, il fait ressortir une vivacité, une brillance et un dynamisme plutôt que leurs aspects solennels et majestueux.

Voilà un chef qui a beaucoup d'idées et sait mettre en relief une foule de détails inattendus. Cela se fait un peu au détriment de la continuité du discours, alors qu'on a parfois l'impression d'assister à une succession d'idées inscrites dans le moment présent et détachées d'une vision d'ensemble.

Malgré ces petites réserves, souhaitons qu'Edward Gardner revienne à l'OSM, car c'est un chef moderne et imaginatif qui se démarque par une volonté évidente d'innover musicalement.