Stephanie Blythe avoue qu'elle a pris son temps avant de répondre à l'appel. Mais une fois qu'elle a décidé de l'entendre, les choses sont pratiquement tombées en place d'elles-mêmes. À 21 ans, elle choisit de devenir chanteuse d'opéra. Trois ans plus tard, elle fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York (Met). Un vrai tour de montagnes russes!

À vrai dire, elle chante depuis son plus jeune âge - dans sa famille, dit-elle, tout le monde fait de la musique. Ça a commencé dans sa chambre, avec sa brosse à cheveux devant son miroir. À l'école secondaire, elle s'enflamme pour les planches, se passionne pour le théâtre musical et joue dans des comédies comme Once Upon a Mattress (une adaptation du conte d'Andersen La princesse et le petit pois), et décroche le premier rôle dans Camelot et dans Hello Dolly. Au collège, elle travaille la flûte et le chant, et songe sérieusement à l'enseignement.

Grâce à Puccini

Son premier opéra, elle le voit à 16 ans. C'est La bohème. C'est donc Puccini qui a semé la graine ce soir-là.

Stephanie Blythe a eu la chance de recevoir ce qu'elle appelle une slow education. «J'ai fréquenté l'université à Potsdam, là-haut, au nord de l'État de New York, pendant six ans. J'y étais à l'abri. J'ai eu la chance de me développer lentement, à mon propre rythme. C'était exactement ce dont j'avais besoin.»

Tellement à l'abri, et si loin des grands centres qu'elle n'aura vu que trois opéras avant d'amorcer sa propre carrière de chanteuse lyrique.

Sa route, jusque-là une longue découverte, atteint un jour son tournant. Stephanie Blythe s'en souvient parfaitement. «J'avais 21 ans quand j'ai pris conscience que j'avais l'option de devenir chanteuse d'opéra. À partir du moment où j'ai décidé de suivre cette carrière, j'ai pris les choses très sérieusement. J'ai commencé à étudier avec mon actuel professeur de chant, Patricia Misslin, et cela a tout changé.»

C'est l'ampleur du défi, croit la mezzo-soprano, qui l'a attirée vers l'opéra. «J'aimais l'idée de chanter un rôle dans une langue que vous ne parlez pas, accompagnée selon le cas par un immense orchestre, dans de magnifiques décors et costumes, dans une très grande palette de styles. C'était si grandiose, que je voulais en faire partie.»

Stephanie Blythe a été préparée à faire rapidement carrière. Elle n'a pas perdu de temps. Trois ans après sa sortie de l'université, elle remplace Marilyn Horne au Met et chante Mrs. Quickly dans Falstaff. C'est dans Giulio Cesare, à la fin des années 90 que son interprétation de Cornelia fait sensation et qu'elle connaît la célébrité.

Inclassable

On dit de l'invitée des Violons du Roy qu'elle est inclassable, que sa voix se prête aussi bien à la finesse des drames du XVIIIe siècle qu'à la profondeur des tragédies romantiques, en passant par le bel canto, l'opérette et tutti quanti. «Je ne suis pas une chanteuse rossinienne, mais une chanteuse qui chante du Rossini», se plaît-elle à répéter.

Avec les Violons du Roy, la mezzo a choisi de chanter trois airs du Giulio Cesare de Handel. Le programme comprend également une rareté, la cantate Arianna a Naxos de Haydn. «C'est un tableau dans la vie d'Ariane, un moment crucial de sa vie, alors qu'elle découvre que Thésée l'a quittée. Haydn en a fait une oeuvre magnifique, explique Stephanie Blythe. Sa musique explore toute la gamme des sentiments qui s'emparent d'un être qu'on vient d'abandonner.» Jeudi, à Québec, elle l'interprétera pour la première fois de sa carrière avec un orchestre.

Avec ce concert présenté au Palais Montcalm s'amorce une grande tournée qui conduira les protégés de Bernard Labadie à Montréal, samedi, et dans plusieurs villes des États-Unis par la suite. À noter, également au programme, la Suite pour orchestre en do majeur de Telemann et la Suite pour orchestre n° 4 en ré majeur de Bach.

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Stephanie Blythe chante avec les Violons du Roy jeudi, à 20 h, au Palais Montcalm, à Québec, et samedi, à 19 h 30, à la Maison symphonique, à Montréal.