Le réalisateur autrichien Michael Haneke a déclaré mercredi que les opéras de Mozart «condamnaient à l'échec» les metteurs en scène, avant la première samedi du Cosi fan Tutte qu'il dirige au Teatro Real, l'opéra de Madrid.

«Avec Mozart, nous sommes condamnés à l'échec, la question restant de savoir jusqu'à quel point», a déclaré Michael Haneke au cours d'une conférence de presse à Madrid, où il travaille depuis janvier à la mise en scène de l'oeuvre de son célèbre compatriote.

Cosi fan Tutte marque la seconde et sans doute dernière expérience avec l'opéra de ce cinéaste de renom, après le montage couronné de succès du Don Giovanni de Mozart à Paris.

«Ce sera en principe la dernière que je vais monter», a affirmé Michael Haneke, précisant qu'il désirait «recommencer à écrire des scénarios, retourner à ma profession, au cinéma».

À l'heure de choisir quelle oeuvre d'opéra monter, le cinéaste a reconnu mercredi que «l'émotion et la poésie» jouaient un rôle, mais que le plus important pour lui était de «penser que je peux bien le faire».

«Après Don Giovanni, j'ai reçu environ 15 offres pour diriger des opéras mais je les ai toutes rejetées car je ne pensais pas être la personne la mieux placée pour le faire», a expliqué Michael Haneke.

Avec Cosi fan Tutte, le cinéaste de 69 ans s'attèle à l'un des opéras les plus difficiles du génie de Salzbourg.

«Il fut écrit alors que Mozart traversait un moment de dépression, à une époque très difficile de sa vie», a expliqué le directeur artistique du Teatro Real, le Belge Gérard Mortier.

«C'est le Mozart le plus profond, le plus difficile, avec des arias d'une complexité extraordinaire», a ajouté Gérard Mortier.

Pour Michael Haneke, à l'heure de monter un opéra il est important de «tenir compte de l'époque dans laquelle nous vivons et l'époque où l'oeuvre a été écrite, comme si l'on mêlait notre époque avec celle de Mozart».

«Vouloir reproduire la réalité historique pure est une illusion», a ajouté le cinéaste. «Nous ne savons pas exactement comment était l'opéra à la fin du XVIIIe siècle. Nous n'avons que des images des derniers 70 ou 80 ans: c'est un devoir de transposer l'oeuvre au présent.»