L'affiche annonce «Orchestre du Festival de Budapest», sans préciser en quoi consiste exactement ledit Festival. Chose certaine, cet orchestre est déjà associé à un autre festival, rien de moins que celui de Lanaudière, où il faisait ses débuts en Amérique, un soir de juillet 1994, sous la direction du chef qui l'avait fondé et le dirige encore, Ivan Fischer.

Autre chose certaine, l'orchestre hongrois de 100 musiciens qu'on vient d'entendre dans la spectaculaire acoustique de la Maison symphonique, deux jours après New York, est supérieur à celui qu'on écoutait à l'Amphithéâtre de Joliette il y a près de 20 ans.

Ce concert très long - près de deux heures et demie, entracte compris - avait attiré une salle comble dont il faut, à la fois, admirer l'écoute parfaitement silencieuse et regretter les applaudissements qui surgirent automatiquement entre tous les mouvements des trois oeuvres au programme. Il y en eut donc une bonne dizaine de trop! Bien sûr, l'OSM, qui présentait l'orchestre hongrois, continue d'amener un nouveau public au concert... pour le meilleur et pour le pire.

La deuxième Symphonie de Rachmaninov, dont les 58 minutes monopolisaient l'après-entracte, est le plus beau souvenir que laisse cette visite. Ivan Fischer dirige de mémoire cette oeuvre qu'il affectionne, de toute évidence, autant qu'il en connaît tous les détails. Il construit les grands crescendos avec passion et fait éclater tout l'orchestre avec la plus extraordinaire puissance ou le fait chanter amoureusement. Comme certains grands chefs du passé spécialisés dans cette musique, il se permet ici et là quelques libertés tout à fait acceptables. Ainsi, au mouvement lent, le deuxième thème, confié à la clarinette et marqué «a tempo», se déroule sur un «ad lib.» qu'autorise l'indication additionnelle de Rachmaninov, «espressivo e cantabile». On peut regretter l'omission de la reprise au premier mouvement et quelques coupures à la fin (suivant la tradition). Peu importe, en vérité: tel quel, ce Rachmaninov fut pleinement convaincant.

Plus inégale, la première moitié du concert. Un petit groupe de jazz se produit à l'avant-scène, pendant qu'entrent les musiciens, suivis du chef. C'est le signal du premier numéro: quatre extraits d'une suite légère de Chostakovitch aux origines fort obscures et n'apportant rien à sa renommée. Autre choix curieux, la prétentieuse et vide Serenade de Leonard Bernstein. Il faut reconnaître cependant l'extraordinaire maestria de la violoniste Liza Ferschtman, qui remplace la soliste annoncée et ajoute en rappel, avec le même brio, un mouvement de la Sonate pour violon seul de Bartok.

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ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST. Chef d'orchestre: Ivan Fischer. Soliste: Liza Ferschtman, violoniste. Mardi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Présentation: OSM.

Programme:

Suite pour orchestre de variété: quatre extraits - Chostakovitch

Serenade pour violon et orchestre (1954) - Bernstein

Symphonie no 2, en mi mineur, op. 27 (1907) - Rachmaninov