Jean-François Rivest et l'Orchestre de l'Université de Montréal, sa création, ont connu une autre magnifique ouverture de saison samedi soir dans une salle Claude-Champagne presque remplie.

Fasciné par les grands espaces, Rivest avait centré le programme sur cette musique de Sibelius évocatrice de la nature nordique et de ses mystères, plus précisément sur les deux dernières oeuvres pour grand orchestre du compositeur national de la Finlande : la septième Symphonie et, la précédant, le poème symphonique Tapiola.

On a beaucoup parlé au micro avant le concert - ce qui explique que celui-ci ait duré près de trois heures. Mais personne n'a mentionné que le 8 décembre, date de ce concert, est aussi celle de la naissance de Sibelius... en 1865, il y a donc 147 ans.

La septième Symphonie et Tapiola datent de la même période : 1924 et 1926 respectivement. Bien qu'il vécut jusqu'en 1957, Sibelius ne composa à peu près rien après ces deux oeuvres, qui nous laissent sur une sorte de froide interrogation.

Rivest dirigea la septième Symphonie de Sibelius à l'OUM en 1997 et l'enregistra l'année suivante avec l'Orchestre symphonique de Laval. Cette fois encore, il fait participer l'auditeur à tous ces événements qui se déroulent en même temps et pousse le jeune orchestre à ses limites.

Mais Tapiola reste la surprise de la soirée : oeuvre très peu connue, brutale et dissonante, d'après une légende des forêts nordiques, et certainement l'une des partitions les plus modernes de l'auteur de la Valse triste.    

Ici encore, grandiose réponse de l'orchestre à son infatigable chef. Dans les deux oeuvres, c'est la même qualité chez les bois, très sollicités, les cuivres et les timbales, et les cordes très souvent en divisi.

Deux gagnants du Concours de concerto de l'OUM étaient les solistes du concert. Florian Puddu, natif de France, élève de Maneli Pirzadeh, a traversé le Concerto no 2 de Chopin avec un jeu très délié, une belle sonorité et, déjà, une intéressante personnalité.

L'OUM et ses sept contrebasses ont tiré le maximum de la mince orchestration de Chopin.

Pour sa part, Julie Hereish, violoncelliste, élève de Carole Sirois, a rendu la partie centrale et paisible du Concerto de Schumann avec une certaine émotion, mais les séquences rapides l'ont trouvée au milieu de problèmes techniques assez sérieux.

Et il faudra qu'elle cesse de taper du pied en jouant : on l'entendait à la dernière rangée du balcon.

ORCHESTRE DE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Jean-François Rivest. Solistes : Florian Puddu, pianiste, et Julie Hereish, violoncelliste. Samedi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme :

Concerto pour piano et orchestre no 2, en fa mineur, op. 21 (1829) - Chopin

Tapiola, poème symphonique, op. 112 (1926) - Sibelius

Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, op. 129 (1850) - Schumann

Symphonie no 7, en do majeur, op. 105 (1924) - Sibelius